par La rédaction

OL – EXCLU Lacazette : «Le Futsal, ce n’est pas réservé aux jeunes des quartiers»

Passionné de ballon sous toutes ses formes, Alexandre Lacazette a choisi de soutenir le club de futsal du Lyon Footzik où évolue et entraîne son frère Benoît, 27 ans, ex-joueur de CFA à Chasselay-MDA.

Entretien croisé sur une discipline en pleine évolution.

But ! Lyon : Alexandre, à partir de quand t’es-tu mis à suivre le futsal ?

Alexandre Lacazette : J’ai vraiment commencé à m’y intéresser quand Benoit s’y est mis il y a deux ou trois ans. J’ai appris à découvrir le futsal et que ça me plait. C’est une discipline où il y a besoin d’être très technique dans de petits espaces, où on marque beaucoup de buts et on touche beaucoup le ballon. Ce qui est plaisant, c’est qu’on est toujours concerné par les actions.

As-tu déjà parlé de cette passion pour le futsal avec des joueurs de Ligue 1 ?

A.L : Avec Michel Bastos, un peu. Nous nous entendions bien. Je sais aussi que Licha en a fait tout petit. Eder aussi. J’ai pu remarquer que tous les joueurs latinos ont un peu connu ça dans leur enfance alors que nous, c’est peu le cas.

As-tu déjà tenté de convertir certains de tes coéquipiers au futsal en les emmenant voir un match ?

A.L : A vrai dire, c’est difficile d’avoir un emploi du temps qui le permet. On n’a pas souvent joué le vendredi et le Footzik joue généralement le samedi à 16h, quand on prépare nos matchs ou qu’on est en déplacement. A l’OL, on est pas mal de jeunes donc on connait déjà un peu le futsal. Pour les plus anciens, je ne sais pas si le sujet les intéresse vraiment…

Une question pour Benoit désormais : qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le futsal ?

Benoit Lacazette : Ce qu’on retrouve dans le foot à cinq et qu’on ne retrouve pas dans le foot à onze, c’est d’être constamment concerné par l’action. Que ce soit les phases offensives ou défensives. On a un poids plus important au sein de l’équipe. En foot à onze, on peut passer jusqu’à dix bonnes minutes sans toucher le ballon, à se consacrer uniquement au placement… Dans un premier temps, je m’y suis mis pour l’aspect ludique. Puis j’ai appris qu’il y avait un championnat structuré, des projets, de l’ambition et c’est ça qui m’a fait franchir le pas.

A partir de quand as-tu fait la bascule ?

B.L : En 2008, j’ai fait mes premiers pas avec une double licence foot traditionnel – futsal. A partir de 2010, la fédération a interdit les doubles licences pour les clubs d’un niveau national. En 2009, j’ai fait le choix de rester en CFA parce qu’on venait de monter avec Chasselay-MDA. Je voulais vivre l’expérience de la montée mais en 2011, j’ai choisi le futsal.

C’est un choix définitif ?

B.L : Non ! Je me laisse la possibilité de renforcer une équipe à niveau régional à onze tout en restant à un niveau national en futsal. Parce que je considère qu’il ne faut pas séparer les disciplines. Le futsal est un complément pour les gars du foot à onze. Les Nenê ou Bastos ont commencé par là étant jeune et je pense que, quand je reviendrais sur l’herbe, j’aurais une autre palette à offrir. Dans le foot à onze, j’étais latéral. Je montais souvent. Parfois trop selon mes entraîneurs. Je pense qu’à mon retour je pourrais apporter un plus technique grâce au futsal.

Benoit Lacazette : « Le futsal peut être un complément pour les gars du foot à onze »

Alexandre, que t’aurais apporté le futsal si tu y avais joué plus jeune ?

A.L : Dans mon enfance, j’ai souvent joué sur les city stade. C’est quand même assez proche. Peut-être que si j’avais eu plus tôt une approche du futsal, je serais plus technique qu’aujourd’hui. Mais le fait de jouer en bas de la maison, à cinq contre cinq, ça m’a déjà beaucoup aidé.

Comment reconnait-on un joueur de futsal parmi les joueurs de foot traditionnel ?

A.L : A sa vitesse d’exécution. S’il arrive à bien attaquer et à bien défendre et à sa vision du jeu qui doit plus rapide que la moyenne.

B.L : Les joueurs qui ont eu une initiation au futsal n’ont pas de craintes à jouer dans les pieds, dans des petits espaces. Et c’est justement ce qui favorise le jeu et les déplacements. En France, un joueur qui n’a pas de connaissances de futsal a plus de difficulté à donner le ballon à un joueur pris au marquage. Le futsal peut apporter une nouvelle fluidité dans le jeu.

Comment expliquez-vous qu’il n’y a assez peu de joueurs français de Ligue 1 issus du futsal ?

A.L : Le plus dur quand on est issu du futsal, c’est de s’adapter aux dimensions du terrain. Jouer à onze ou à cinq, ça ne demande pas le même type d’efforts, ni le même type de course. Les coachs ne demandent pas la même chose et ce n’est pas facile à assimiler. Ce qu’un joueur de futsal doit apprendre en quelques mois, nous l’avons compris des années avant. C’est ça qui est difficile !

B.L : C’est vrai que la plus grosse difficulté intervient au niveau physique. Le terrain est plus petit et ça demande moins de course. C’est essentiellement de la courte distance et des changements de vitesse sur quelques mètres. Mais il y a aussi un problème d’ordre tactique. Dernièrement, il y a eu un article sur France Football qui démontrait que le championnat de Ligue 1 manquait de spectacle et de buts. En France, la culture est d’abord sécuritaire. On préfère jouer défensivement plutôt que de proposer un vrai spectacle. En Espagne, la mentalité est différente. Peu importe que tu sois premier ou dernier, on veut voir du jeu. En France, la mentalité qu’on tient à instaurer c’est d’abord la tactique et après seulement tu te fais plaisir techniquement.

Quelles difficultés rencontrez-vous aujourd’hui dans la promotion du futsal à Lyon ?

B.L : B.L : Pour moi, le principal problème c’est qu’il n’existe pas de championnat chez les petits. Il n’y a pas d’initiations au futsal, ni de formation pour les éducateurs… Partant de là, c’est difficile d’éduquer les jeunes. Aujourd’hui, ça se fait davantage à travers l’expérience personnelle qu’on peut avoir. J’essaie de la transmettre. En France, il y a beaucoup de manques mais le principal souci, c’est le rayonnement de l’équipe de France au niveau international et mondial.

A.L : En France, on a une mauvaise image du futsal. On pense que c’est réservé aux jeunes des quartiers. Ce n’est pas le cas ! C’est ce genre d’à priori qui fait que les investisseurs ont du mal à se lancer. Il faudrait que l’on juge cette discipline à sa juste valeur.

B.L : Le grand public connait peu la discipline par rapport à ce qui se fait en Espagne. Pour prendre l’exemple du FC Barcelone, ils ont un complexe sportif, un commentateur… C’est même diffusé sur la chaîne nationale. C’est un peu comme le basket ou le handball. En France, la discipline est encore trop amateure. Aujourd’hui, les médias commencent à s’y intéresser tout doucement. Mais quand il y a une grosse compétition comme l’Euro, aucune chaine n’en parle. En même temps, ça se joue souvent sans l’équipe de France donc on n’a pas vraiment de vitrine…

Aujourd’hui on a beaucoup de mal à démarcher les sponsors car beaucoup de gens confondent le Futsal et le Soccer five. Les gens pensent que c’est pareil ! On doit leur expliquer que c’est un championnat structuré, encadré… Avec l’effet Ligue 1, il y aura plus de retours, plus de médiatisation et plus de connaissance du grand public. Grâce à Alexandre et à l’OL, on connait mieux le club. Il y a plus de retours. De temps en temps, il vient supporter le club. Quand il peut avec son calendrier.

Alexandre Lacazette : « Le président Aulas m’a déjà parlé du futsal… »

A l’instar de ce qui se fait avec le football féminin. Peut-on imaginer que le Footzik devienne OL Futsal dans les années à venir ?

A.L : Vu que le président (ndlr : Jean-Michel Aulas) aime bien être le premier à faire de nouvelles choses, ça pourrait être bien qu’il s’y mette comme il l’a fait pour le foot féminin. Mais il ne faut pas brûler les étapes. Le Footzik doit d’abord assurer sa place en Division 1. Après, ça serait plus facile de lui proposer…

B.L : Tout à fait ! Mais c’est d’abord à nous de faire le travail préliminaire. Il faut d’abord consolider la place du Footzik à l’échelon nationale. A partir de là, on pourra l’aborder et lui proposer de mettre des billes sur le club. Mais c’est cette saison l’année charnière. Si on ne fait pas le boulot, Alex ne pourra pas nous aider.

A.L : A vrai dire, le président m’en a déjà parlé de lui-même. Comme il y avait eu un reportage d’OL Tv sur le Footzik lorsque nous avions atteint les demi-finales de Coupe de France l’an passé, il savait que mon frère était dans le projet et il s’était renseigné.

Alexandre, pourrais-tu faire quelques saisons de futsal après ta carrière dans le football traditionnel ?

A.L : Oui, je peux l’imaginer. Ça ne me dérangerait pas. Aujourd’hui, je ne peux pas le pratiquer même en loisirs du fait de mon contrat. Mais quand je vois mon frère jouer et les vidéos qu’il peut me montrer, ça donne envie. C’est un sport très esthétique.

Propos recueillis par Alexandre CORBOZ

Podcast Men's Up Life
 

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Passionné de ballon sous toutes ses formes, Alexandre Lacazette a choisi de soutenir le club de futsal du Lyon Footzik.

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