Mon OM à moi - Anvers, le road trip ultime

Qui partage ses souvenirs avant la finale de mercredi.

“J'ai reçu avant-hier mercredi l'accréditation de l'UEFA pour la finale de l'Europa League. J'aurais carrément préféré acheter une place en virage mais c'est le rêve de dizaines de milliers de supporters et je crois que ceux qui détiennent le précieux sésame ne le lâcheront pas. Va donc pour la tribune de presse. Et va donc aussi pour la question qui hérisse le poil de n'importe quel amoureux de ballon rond : “Tu vas vraiment faire tant de route pour un match ?”. L'ignare pousse généralement le vice en lâchant un “Mais tu n'es même pas sûr qu'ils vont gagner !” encore plus énervant. Évidemment qu'on n'attend pas d'être certain de voir son équipe s'imposer pour aller au stade sinon on n'y mettrait jamais les pieds ! En plus, face à l'Atlético, soyons sérieux, l'OM a une infime chance de gagner. J'estime à 95% la probabilité de quitter l'Aulas Stadium dégoûté après le 0-3 (je m'en vais toujours au troisième but encaissé - oui, j'aurais loupé le meilleur d'OM-Montpellier 1998-99, et alors ?). Mais c'est pas grave. L'important, c'est d'y être. Et surtout, le plus beau dans les déplacements, ce ne sont pas les matches, ou rarement, mais quasiment toujours l'avant et l'après, ce que j'appelle le road trip.

L'essence même du match de foot

Des road trips, j'en ai fait des fameux mais rien ne remplace celui du 15 septembre 2005. Ce jour-là, rien n'incitait à aller au stade en dehors de l'amour de l'OM. C'était loin (plus de 4h en voiture), il avait plu, l'adversaire était faible (le Beerschot Anvers), le stade dégueulasse. Je ne saurais donner le nom que de cinq ou six joueurs de l'OM ce soir-là, le score (0-0) et une description pointue de madame Vedran Runje, qui avait accompagné son mari voir son ancien club. Mais quelle journée ! J'avais fait le trajet avec deux collègues de But!, François David (qui travaille désormais en Espagne) et Ignazio Genuardi (chef de mercato365). Le départ était prévu à 13h mais François étant fâché avec la ponctualité, nous n'avions décollé qu'à 14h30. Nous n'étions arrivés au stade qu'au moment du coup d'envoi, dans une belle ambiance, avec les Flamands qui chantaient “Marseille, c'est du caca”.

Quatre verres de Jupiler chacun, zéro occasion et des yeux écarquillés sur madame Runje plus tard, le match était terminé. Direction le centre-ville, non sans avoir acheté un sandwich à ce qui semblait être du rat mort sur le chemin. Et là, découverte d'Anvers la nuit, avec des bars ouverts jusque très tard, de la bière à deux euros la pinte et une boîte où circulait une substance qui fait rire quand on la fume. Nous n'avions pas besoin de ça pour nous sentir bien mais vu qu'elle était là… Nous sommes repartis d'Anvers le lendemain à 6h, défiant toutes les consignes de sécurité du code de la route. Tellement lucides que nous avons mis dix minutes à comprendre pourquoi l'embout de la pompe à essence sur l'aire d'autoroute ne rentrait pas dans la voiture (nous étions du côté des poids lourds) ! C'est sûr, c'était totalement inconscient. Mais quel souvenir ! Anvers 2005, c'est l'essence même du match de foot, qui n'est finalement qu'un prétexte pour s'amuser avec des potes avant et après.

 

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Donc oui, mercredi prochain, je vais me faire 380 km à l'aller et autant au retour pour certainement assister à une défaite. Mais c'est pas grave. L'OM, ça ne se manque pas. L'OM en finale de Coupe d'Europe encore moins. L'OM en finale de Coupe d'Europe chez Jean-Michel Aulas encore encore moins. Dans six mois, quand j'y repenserai, la fatigue occasionnée par le trajet et l'éventuelle défaite auront été supplantées par la joie d'avoir assisté à un grand moment, par les rires et les verres partagés avec des potes. Le plaisir du road trip prend le pas sur tout le reste.”

R.N.