par Alexandre Corboz

OM : le bilan cauchemardesque de Labrune

Vincent Labrune devait quitter ses fonctions de président de l’OM ce lundi.

“L’histoire jugera mon bilan”, a-t-il lancé un jour. “But!” s’en est chargé. 

Cinq ans. La durée d’un mandat de président de la République. Vincent Labrune vient de boucler un quinquennat. Sauf que diriger l’OM, à Marseille, c’est à peu de choses près comme si l’ex-attaché de presse était resté trente ans au pouvoir ! Les années comptent double voire triple à l’OM. Et au moment de faire le bilan, le constat est sans appel : il est catastrophique sur tous les points. Alors que Margarita Louis-Dreyfus négocie la vente du club, Labrune va quitter ses fonctions avant le début de la saison afin de favoriser la transition vers un nouvel actionnaire. Au moment de se retourner sur ses cinq années, on retiendra bien plus de négatif que de positif.

Gestion économique dramatique

Nommé en juin 2011 en remplacement de Jean-Claude Dassier qu’il avait lui-même promu deux ans plus tôt lorsqu’il était président du conseil de surveillance, Vincent Labrune avait pour mission principale de remettre de l’ordre dans les comptes. Il était le représentant direct de Margarita Louis-Dreyfus, qui souhaitait que l’OM vive en s’autofinançant. Deux ans après la mort de son mari, l’actionnaire principale ne voulait plus sortir un euro pour le club. La première année fut celle de la rigueur. VL a réussi une opération dégraissage quitte à brader certains éléments. Au terme de la première saison, le départ de Didier Deschamps lui permet de poursuivre sa remise à niveau. En 2013, l’OM affiche des comptes dans le vert.

C’est le moment que choisit Labrune pour se lancer dans une grande opération mercato. Le fameux “projet Dortmund”. Gonflé par la qualification en Ligue des champions, il achète pour plus de 40 M€ ! Un an après, la 6e place l’oblige à demander un coup de pouce à l’actionnaire pour financer l’arrivée de Marcelo Bielsa. L’échec dans la conquête du podium plonge l’OM dans le trou. Plus de 25 M€ de déficit et MLD ferme les vannes. En 2016, le gouffre s’élève à plus de 40 M€ ! Comme les saisons précédentes, Labrune laisse partir les joueurs en fin de contrat, vend au prix fort tous les éléments à valeur marchande, épure la masse salariale et déplume l’effectif. En cinq ans, la gestion de Labrune aura creusé les déficits de façon abyssale. Un échec face à la mission qui lui fut confiée…

Un bilan sportif lamentable

Si encore les problèmes économiques avaient permis des investissements traduits sur le plan sportif, Vincent Labrune aurait des circonstances atténuantes. Sauf que sa gestion financière n’est pas sauvée par les résultats de l’OM. En 2011, lorsqu’il devient président, le club est directement qualifié pour la Ligue des champions (2e de L1) et vient de remporter la Coupe de la Ligue pour la deuxième fois d’affilée. En cinq ans, le parcours de l’OM est indigne de son standing : 10e, 2e, 6e, 4e et 13e. Une Coupe de la Ligue et un quart de finale de Ligue des champions en 2012 pour sa première saison avec Didier Deschamps à la tête de l’équipe.

Sportivement, il avait réussi un joli coup en misant sur Elie Baup après “DD”. La venue de Marcelo Bielsa a été son chef d’œuvre. L’Argentin est devenu une idole et son équipe jouait un football spectaculaire. Hélas, Labrune en a payé le prix puisque le départ de l’Argentin a provoqué le chaos. En cinq ans de présidence, Labrune n’est pas parvenu à installer son fameux “cercle vertueux”. Celui qu’il jurait pouvoir atteindre. Il consistait à créer des ressources grâces au nouveau stade Vélodrome et aux transferts juteux de jeunes talents pour bâtir une équipe ambitieuse. Il a eu faux sur toute la ligne. En L1, l’OM n’est pas un concurrent crédible au PSG. Les Coupes nationales voient des échecs répétés et, sur la scène continentale, même l’Europa League semble trop grande pour l’OM qui a marqué l’histoire du foot français avec un zéro pointé lors de son passage en C1 en 2013.

Une popularité en chute libre

Quand il débarque à l’OM, Vincent Labrune a l’image de l’homme qui coupe des têtes. Le très populaire Pape Diouf, contraint de partir à la mort de Robert Louis-Dreyfus, ne l’a pas épargné. Jean-Claude Dassier non plus. Pour les supporters, VL est celui qui tire les ficelles en coulisses. Une fois dans la lumière, il s’est attaché à faire grimper sa popularité. Il y est presque parvenu en brossant les groupes de supporters dans le sens du poil. Mais ses échecs répétés sur le plan sportif, le départ de Deschamps et surtout celui de Marcelo Bielsa ont fini de le jeter dans la fosse aux lions. Des déclarations maladroites l’ont achevé. En fin de saison dernière, la contestation a gonflé chez les supporters. Sur les réseaux sociaux, où les hashtag #labrunedemission #Labruneamenti et #Yapargent flambent, le président de l’OM est insulté à longueur de tweets. Sa famille a été menacée et placée sous protection. Au stade Vélodrome, les banderoles fleurissent et les chants hostiles se multiplient. Même dans les rues de Marseille, on réclame son départ ! Labrune est détesté et a perdu ses rares défenseurs. Il a même épuisé son crédit auprès de Margarita Louis-Dreyfus et de son entourage. Epuisé, Labrune, qui a vu son nom apparaître dans la rubrique faits divers, vit une situation intenable qui l’a condamné.

L.R

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Vincent Labrune devait quitter ses fonctions de président de l’OM ce lundi. “L’histoire jugera mon bilan”, a-t-il lancé un jour. “But!” s’en est chargé. 

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