par julien.demets

FC Nantes : Amine Harit, un diamant à polir

Champion d’Europe avec les U19 tricolores l’été dernier, le milieu offensif des Canaris a rapidement épaté par sa faculté à transpercer les défenses adverses.

Problème, il a aussi vite agacé par sa propension à trop conserver le cuir. Le troisième joueur de champ le plus sollicité par René Girard cette saison est-il vraiment un crack ?

La scène n’est pas passée inaperçue. Le 5 novembre dernier, Nantes est mené par Toulouse à la Beaujoire. En deuxième période, après plusieurs pertes de balle, Diego Carlos s’en prend verbalement à Amine Harit. L’échange est bref mais intense. Le Brésilien reproche à l’international tricolore U20 de préférer trop souvent le dribble quand le jeu exige la passe. Celui qui confiait récemment devoir “simplifier” son jeu, ne semble pas pressé de passer à l’action. Alors qu’il comptabilise douze titularisations en treize journées (il était suspendu à Paris), le natif de Pontoise conserve la confiance de son entraîneur, malgré des performances pas toujours linéaires.

Alors pourquoi René Girard (avant son éviction) tenait-il tant à lui ? Parce que c’est un crack. Un diamant brut qu’il faut polir afin qu’il puisse illuminer la Beaujoire de toute sa splendeur. Il n’a que dix-neuf ans mais fait déjà lever les foules. Techniquement, il est au-dessus de la moyenne. Et ça, les émissaires des clubs prestigieux qui sont venus le superviser n’ont pas manqué de le rapporter. Sa science du jeu lui permet d’anticiper les déplacements de ses partenaires. Le déficit physique dont il souffre parfois face à des adversaires plus costauds est atténué par la qualité de sa protection du balle. Ronaldinho est son idole. Et lorsqu’on le voit “casser” les lignes avec autant de facilité, on n’a pas de mal à croire qu’il passait des heures les yeux rivés sur Youtube à contempler l’ancien Parisien martyriser les défenses de Ligue 1.

Parfois Amine irrite…

Les habitués de la Beaujoire, même désabusés par son individualisme sur certaines actions, ne peuvent s’empêcher de le reconnaître : dans l’effectif actuel du FC Nantes, il est indispensable. Plus que sa tendance à ne pas libérer le ballon plus vite, son comportement additionné à son statut de titulaire agacent certains de ses coéquipiers. Il est dépeint comme un garçon doué mais qui n’en fait qu’à sa tête. Un enfant gâté qui aurait vu sa confiance en soi enfler en même temps que sa notoriété. Désormais, il est le nantais dont on parle. Invité en octobre sur le plateau de la chaîne L’Equipe, il n’avait alors pas jugé nécessaire d’avertir le club sur la globalité de la démarche, ce qui a été moyennement apprécié en interne.

Disposant d’un profil atypique au sein d’un effectif composé majoritairement de milieux relayeurs, plus à l’aise dans la passe plutôt que dans l’élimination, Harit sait ce qu’il vaut. Au sein du club, il a été choyé depuis son arrivé en 2012. Conscient de ce qu’il pouvait apporter sur le terrain mais aussi rapporter en dehors, le milieu offensif a eu “certains passe-droits”, d’après l’un de ses anciens coéquipiers en équipes de jeunes. On pardonne plus facilement à un joueur performant sur le terrain, c’est bien connu…

Sa trajectoire est singulière. Surclassé en U19 alors qu’il n’avait que dix-sept ans, le surdoué a quasiment sauté la case CFA (moins de dix matches) pour s’imposer dans le onze nantais. Celui qui a signé un contrat avec l’équipementier Adidas alors qu’il n’avait pas quatorze ans doit prouver plus vite que les autres. Pour son ex-entraîneur, “il fait une superbe saison”. Cependant, il peut progresser dans bien des domaines. La finition, par exemple. Les statistiques ne trompent pas : l’intéressé n’est pas décisif. Alors qu’il a frappé au but à cinquante-quatre reprises depuis le début de la saison, il n’a cadré… qu’un seul tir en Ligue 1 ! Dans ces conditions, le successeur de René Girard doit-il laisser tomber la carotte pour user du bâton ? La question se pose car lorsque les mêmes griefs se répètent match après match et qu’il n’y a pas de sanction sportive, le joueur peut ressentir une forme d’impunité. Et ce n’est bon ni pour le numéro 14 du FC Nantes, qui ne s’améliore pas, ni pour le groupe à qui on envoie un mauvais signal.

Charles GUYARD

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Troisième joueur de champ le plus sollicité par René Girard cette saison au FC Nantes, Amine Harit est-il vraiment un crack ?

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