par julien.demets

FC Nantes - EXCLU : "6 ou 7 joueurs du centre suivis par des grands clubs"

Après une décennie de vaches maigres, le centre de formation du FC Nantes reprend du poil de la bête.

Entretien avec Mathieu Bideau, chargé d'y amener de nouveaux talents.

Matthieu Bideau attaque sa huitième saison au FC Nantes en qualité de responsable du recrutement du centre de formation. Celui qui était pensionnaire de La Jonelière lorsqu’il était jeune nous explique le travail qui est le sien au quotidien. Il nous aide à comprendre le fonctionnement de la cellule de recrutement des jeunes et nous parle des échecs mais aussi des talents qui vont émerger cette saison.

But! Nantes : Matthieu, le recrutement des jeunes au FC Nantes repose-t-il sur vos épaules ?Matthieu BIDEAU : Un responsable du recrutement qui dit “je”, c’est une personne qui n’a pas les pieds sur terre. J’ai neuf recruteurs à mes côtés. S’ils sont performants, je le suis également, s’ils sont moyens je suis moyen.

Comment procédez-vous pour le recrutement ?Samuel Fenillat (ndlr : responsable du centre de formation du FC Nantes) et moi avons pour but de bien évaluer les talents de la région Pays de la Loire. C’est à dire que l’on souhaite travailler du mieux possible avec les “locaux”. L’objectif est clair : faire entrer un maximum de joueurs issus de la région dans chaque catégorie de jeunes. Cependant, il n’y a pas dix-huit très bons éléments chaque année dans la région donc, selon les générations, le nombre de joueurs recrutés dans la région sera plus ou moins important.

Combien seront-ils cette année ?Cette année, il y en a douze sur dix-huit qu’on est allé chercher dans la région. Ensuite, le travail que l’on a avec les autres recruteurs consiste à dénicher les six autres afin de compléter l’effectif. Ceux-là, on va les chercher un peu partout, notamment en Ile-de-France.

“N’Koudou est un cas d’école. Quand on forme un joueur, nous, formateurs, mais aussi le staff et la direction, aimons qu’il reste au club et qu’il puisse rendre ce qu’il lui a donné.”

Dans quelles régions travaillent vos recruteurs en France ?En plus de la région Ile-de-France, nous sommes présents en Bretagne, en Rhône-Alpes, dans la région Centre et au Pays Basque.

Waldemar Kita investit beaucoup dans le centre de formation, il aimerait un retour sur investissement assez rapide. Quels jeunes vont émerger cette année ?Je peux citer Alexis Alégué, Teddy Bouriaud et Amine Harrit qui intègrera le groupe professionnel dès son retour du championnat d’Europe (ndlr : auquel participent également Enock Kwateng et Quentin Braat). Pour moi, ils ont le potentiel pour évoluer en Ligue 1. Mais ça ne suffit pas. C’est leur capacité à se mettre au diapason et à répéter les efforts qui leur permettra ou pas de voir leurs noms figurer sur les feuilles de match cette saison.

Dans le groupe professionnel actuel, quels joueurs avez-vous recruté ?Si on prend l’équipe qui a démarré en match amical face au FC Le Mont (ndlr : L2 suisse), il y avait Najib Gandi, Alexis Alégué, Yacine Bammou. Tous ces garçons, on les a fait venir.

“Alexis Alégué, Teddy Bouriaud et Amine Harrit ont le potentiel pour évoluer en L1. Mais ça ne suffit pas. C’est leur capacité à se mettre au diapason et à répéter les efforts qui leur permettra ou pas de voir leurs noms figurer sur les feuilles de match cette saison.”

Le pire pour vous n’est-il pas de voir un talent que vous avez formé quitter le club après quelques matches avec le groupe professionnel, à l’image de George Kévin N’Koudou ?C’est vrai, au club, on est tous conscient qu’il faut progresser là dessus. On a eu une génération sacrifiée, celle des Sofiane Hanni, Vincent Sasso, Loïc Nego, Lionel Carole. Ce sont des joueurs qui nous ont quittés trop tôt après quelques matches en Ligue 2. N’Koudou est un cas d’école. Quand on forme un joueur, nous, formateurs, mais aussi le staff et la direction, aimons qu’il reste au club et qu’il puisse rendre ce qu’il lui a donné.

Mais ce n’est pas évident avec les sollicitations des clubs…Effectivement, on n’est pas dans le monde des bisounours. Il y a des clubs, des agents, des personnes qui ont des intérêts à ce que certaines opérations se fassent et on ne maîtrise pas tout malheureusement.

Vous avez reçu des offres pour des joueurs du centre de formation durant le mercato ?Aujourd’hui, on a six ou sept joueurs au centre de formation qui sont déjà suivis par des grands noms du football européen.

“On a six ou sept joueurs au centre de formation qui sont déjà suivis par des grands noms du football européen.”

A partir de quel âge sont-ils approché et quelles sont les sommes proposées par ces clubs ?Il faut partir du principe qu’un très grand club français comme Paris, Monaco ou Lyon est capable de mettre 250.000€ pour arracher un jeune de treize ans. Les clubs anglais ont eux atteint des sommes considérables. Certains proposent jusqu’à 1 M€…

Nantes a t-il les moyens de conserver ses meilleurs éléments dans ces conditions ?Les garçons qui partent dans ces clubs et qui font une grande carrière, on les compte sur les doigts d’une main. Quand vous leur expliquez que la majorité des joueurs partis très tôt se sont brûlé les ailes et qu’ils sont souvent prêtés dans les divisions inférieures dans lesquelles ils sont remplaçants, ils comprennent, s’ils sont bien entourés, que leur intérêt est de rester à Nantes. Ici, ils auront la possibilité d’évoluer en L1 à dix-neuf ou vingt ans. L’idée c’est de leur expliquer qu’une carrière, c’est un marathon et pas un sprint.

Propos recueillis par Fabrice NSABYUMUKIZA

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Pour résumer

Après une décennie de vaches maigres, le centre de formation nantais reprend du poil de la bête. Entretien avec Mathieu Bideau, l'un de ses responsables.

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