par julien.demets

FC Nantes : la semaine où tout a basculé

Un maigre point empoché, une gifle reçue, un coach parti et aucun sentiment de révolte pour finir.

C’est le bilan des Canaris après les réceptions de Lille (0-0) et de Lyon (0-6) jusqu’au déplacement à Guingamp (0-2). Récit d’une nouvelle crise.

Cela a commencé le samedi 26 novembre, sur le parvis du stade de la Beaujoire. Deux heures avant le triste match face à Lille (0-0), plusieurs dizaine de supporters attendent le bus du FC Nantes derrière les barrières métalliques installées pour l’occasion. Le rituel, apprécié du public, veut en effet que le véhicule stationne à l’extérieur pour offrir un bain de foule aux joueurs et au staff qui en descendent avant d’aller aux vestiaires chausser les crampons. Sauf que ce jour-là, le bus en question bifurque et s’engouffre directement dans les coulisses du stade. Personne, au club, n’a alors pensé à prévenir les spectateurs, qui patientent dans le froid…

Cette entorse au programme a visiblement été décidée sur le tard par la direction, chahutée lors de la précédente rencontre à domicile face à Toulouse, le 5 novembre (1-1). Une soirée terminée dans la confusion alors qu’une soixantaine d’individus avait forcé la sécurité pour tenter d’investir la loge présidentielle à quelques minutes du coup de sifflet final… Trois semaines après, le souvenir de cet épisode est encore dans toutes les têtes. Du coup, pour tenter d’évacuer la tension, le FCN veut jouer carte sur table. Une heure et demie avant le coup d’envoi face au LOSC, un dirigeant, micro à la main, s’adresse à une centaine de supporters installés en tribunes. La plupart fait office de stadiers bénévoles, notamment en Erdre.

Dans un petit discours de cinq minutes, on tente de les rassurer, leur demandant de garder leur sang-froid dans ce contexte délicat. Sauf qu’un bruit court déjà : celui de nouveaux débordements qui se sont produits l’après-midi même en centre-ville, du côté de Saupin où évolue l’équipe réserve. Là, c’est une poignée de supporters nantais qui s’est introduite dans l’enceinte sans passer par la case billetterie et la police a dû intervenir…

0-6, mutisme et canular

Pour autant, la soirée se passe dans le calme. Pour répondre à l’interdiction de banderoles et d’animation en Loire décrétée par le FCN suite aux incidents du 5 novembre, les supporters de ce virage habituellement animé observent une “grève” d’une dizaine de minutes. Autant dire que le début du match se déroule dans un silence de cathédrale. Sur le terrain, deux équipes s’affrontent la peur au ventre. Lille, avant-dernier de la L1 qui vient de virer son entraîneur, Frédéric Antonetti, a besoin de se rassurer. Nantes, qui sort d’une défaite encourageante au Parc des Princes (0-2) une semaine plus tôt, veut reconquérir son stade. C’est peine perdue.

Après une rencontre indigeste, les deux formations se quittent sur un piètre 0-0 et tout le monde repart mi-anesthésié par cette parodie de football… Quatre jours après, c’est l’Olympique Lyonnais qui se présente à Louis-Fonteneau. Près de 19.000 paires d’yeux assistent au plus humiliant revers de l’histoire des Canaris à la Beaujoire : 0-6 ! Et pour ajouter une dimension tragi-comique à la situation, un plaisantin contacte RMC dans la foulée en se faisant passer pour Kita. La radio se laisse piéger dans ce canular savamment orchestré et le faux président annonce en direct son retrait de la Maison Jaune ! C’est la seule “voix” qui se fera entendre après la rencontre et même le lendemain où le huit clos est imposé à la Jonelière. Caché derrière les larges bâches entourant le centre d’entraînement installées cet été pour décourager les curieux, le FC Nantes se mure dans le silence. Drôle d’ambiance, faite de spéculation, de rumeurs en tout genre.

Kita accuse Girard de l'avoir "lâché"

Girard limogé ? Impossible, puisque Kita l’a conforté dans son poste au début du mois. “Vous pouvez l’exclure !”, avait répondu le patron de la Maison Jaune en réponse à une question sur ce scénario largement déjà vu ici portant sur un changement d’entraîneur à la trêve. La suite ? René Girard (et son staff) s’en va mais non, il ne s’agit pas d’un renvoi. La version du président ? “J’ai fait confiance à quelqu’un qui me dit au bout de quatre mois : 'Je ne veux plus.' Il faut dire les choses comme elles sont : il m’a lâché”, déplore Kita dans les colonnes de Ouest-France.

Et maintenant ? Dans l'attente que Sergio Conceiçao prenne ses fonctions dimanche et soit présenté aux joueurs, le FCN s’en remet à Philippe Mao, jusqu’alors entraîneur de l’équipe réserve, promu technicien des pros pour le déplacement à Guingamp où Nantes continue de plonger. Piteuse défaite 0-2 au Roudourou et une avant-dernière place au classement, à un petit point seulement de la lanterne rouge, Lorient. Après 16 journées, et avant d'affronter Caen ce soir dans un vrai match de la peur, voilà les Canaris au même rang qu’il y a dix ans tout juste, saison de leur toute première relégation en L2 précédant l’arrivée de Waldemar Kita aux commandes de l’institution.

Charles GUYARD

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Pour résumer

Un maigre point empoché, une gifle reçue, un coach parti et aucun sentiment de révolte pour finir. C’est le bilan des Canaris après cette semaine de crise.

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