par julien.perez

RC Lens : ce que mijote vraiment Daniel Percheron

Très critique à l’égard de la gestion de l’équipe Martel depuis deux ans, Daniel Percheron a franchi un palier supplémentaire début octobre.

But! Lens a décortiqué les prises de positions d’un homme très influent.

1. Pourquoi être allé à la DNCG en mai ?

Daniel Percheron au micro de France Bleu Nord : “Quant à la DNCG aux côtés de Gervais Martel, vous avez le devoir d’être là s’il vous le demande parce que l’âme du Bassin Minier est à Bollaert. Et si vous abandonnez le Racing Club de Lens, vous abandonnez le Bassin Minier et il ne mérite pas ça”.

L’analyse de “But! Lens” : Daniel Percheron n’a jamais caché être un fan inconditionnel du Racing Club de Lens. Mais surtout, l’homme fort de la région depuis quinze ans - il préside le conseil régional depuis le 13 avril 2001 - a souvent pesé de tout son poids politique pour défendre l’ex-Bassin Minier, dont il est originaire. Depuis longtemps, son cheval de bataille a été que le stade Bollaert et le Louvre-Lens forment un point névralgique pour le développement économique local. Or l’avenir du stade Bollaert-Delelis passe bien évidemment par celui du RCL !

2. Quelles promesses a-t-il fait devant la DNCG ?

Daniel Percheron au micro de France Bleu Nord : “Le secret s’il y avait secret, c’est d’être aux côtés de Gervais Martel. Et de montrer qu’un homme politique, un responsable politique, partage le combat de la survie. Et puis je me suis engagé à ce qu’avant le 31 octobre, nous revenions à un plan de gouvernance du Racing Club de Lens qui serait simplifié et qui serait généralement accepté. C’était ça aussi le débat avec la DNCG”.

L’analyse de “But! Lens” : Ce jour-là, Daniel Percheron a clairement décidé de se mêler des affaires internes du Racing Club de Lens. Entre soutien inconditionnel et interventionnisme, il a allégrement franchi le pas. On peut tout de même s’étonner qu’un responsable politique de cette envergure mette ouvertement son nez et même prenne des engagements au nom d’une société privée. Il aurait aussi confirmé devant la DNCG qu’il suspendait des échéances de paiement du club envers la région, histoire d’alléger le bilan prévisionnel du RCL et de faciliter son engagement en Ligue 2. En fait, il ne s’agirait que de délais de remboursement de TVA.

3. Comment justifie-t-il cet interventionnisme ?

Daniel Percheron au micro de France Bleu Nord : “Mais bien sûr que nous prenons des risques raisonnables au niveau de l’engagement des collectivités locales ou au niveau de l’engagement personnel ! Mais quand même…  Quand vous voyez après Lens-Sochaux, que nous gagnons péniblement, qui n’était pas un grand match, ce public qui reste un quart d’heure pour célébrer la victoire de ses couleurs, vous dites : “On est au-delà du club et du sport”. On est dans un phénomène sportif, culturel, sociologique, que nous avons le devoir de prendre en compte, nous les élus, sans tomber dans l’excès, sans tomber dans la démesure ».

L’analyse de “But! Lens” : Daniel Percheron place le RCL dans le bien commun. Cette sacralisation du club, en quelque sorte, lui permet de dire définitivement que le RCL doit être l’affaire des politiques et donc la sienne. De plus, ayant pesé de tout son poids dans le dossier de rénovation du stade Bollaert-Delelis qui a couté la coquette somme de 70 M€ (HT), il imagine mal le RCL s’écrouler et laisser à la charge des collectivités une telle enceinte inoccupée. Cela pourrait sérieusement entacher la fin de sa carrière politique sur le plan régional, lui qui ne se représentera pas aux élections régionales les 6 et 13 décembre prochains mais restera sénateur. En fait, Daniel Percheron légitime aussi ses interventions par le fait que c’est Martel qui lui a demandé de venir à la DNCG. Et puis, il aurait eu vent des inquiétudes de Didier Roudet (directeur général du RCL), qui se serait confié à son directeur de cabinet. Enfin, Jocelyn Blanchard, directeur sportif du RCL, l’aurait directement interpellé à Boulogne-sur-Mer, lors d’un match amical, pour lui confier ses doutes concernant le club.

4. Le Racing, une utilité publique ?

Daniel Percheron au micro de France Bleu Nord : “Le stade de Bordeaux a été rénové pour l’Euro. Les Girondins payent 3,8 M€ de loyer par an. Le stade de Lens a été refait pour 70 M€ et le RCL paye 400.000€ de loyer par an. Ça veut dire que nous sommes vraiment au cœur de ce que j’appellerais le bien commun. Le Racing Club de Lens est un bien commun. Et si Gervais a ce rayonnement et cette popularité, c’est parce qu’il incarne le bien commun. Nous voulons que le club se porte bien et que la joie des supporters soit tous les quinze jours au rendez-vous et non pas l’inquiétude”.

L’analyse de “But! Lens” : Comment justifier auprès des contribuables le traitement de faveur dont bénéficie le RC Lens ? A titre d’exemple, on pourrait aussi citer le stade Pierre-Mauroy pour lequel le LOSC s’acquitte de plus de 4 M€ annuels (4,7 M€ et bientôt 5,2 M€ à partir de la 6e année) ! En quelque sorte, la pilule passerait mieux si le club était déclaré d’utilité publique… d’où l’idée par exemple d’une coopérative !

5. A-t-il des vues sur la présidence du RCL ?

Daniel Percheron au micro de France Bleu Nord : “Vous savez ce que disait le général De Gaulle ? Ce n’est pas à 67 ans que l’on commence une carrière de dictateur. On peut transposer au football. On ne devient pas M. Aulas à 73 ans. Je suis passionné par le Racing et je ferai tout pour le club des mineurs, pour le club du Bassin Minier”.

L’analyse de “But! Lens” : Daniel Percheron est bien trop habile pour déclarer ouvertement briguer la présidence du RCL. De plus, il est peu probable qu’il vise cet objectif. En revanche, il semble évident que sa sortie particulièrement offensive - une sorte de défiance publique de la gestion Martel - laisse entrevoir son envie d’influer beaucoup plus sur les destinées du club. Par exemple, il pourrait s’imaginer super consultant auprès d’une nouvelle direction.

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Pour résumer

Très critique à l’égard de Gervais Martel, Daniel Percheron a franchi un palier supplémentaire en octobre. But! Lens a décortiqué ses prises de positions.

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