par julien.perez

RC Lens : la stratégie de Kombouaré en 8 points-clés

Antoine Kombouaré n’est pas du genre à se plaindre et encore moins à chercher des poux dans la tête de ses voisins.

En revanche, l’entraîneur du RC Lens est lucide sur l’état de ses jeunes troupes. En huit points, le Kanak balaye tout simplement devant sa porte… 

1. Pourquoi avoir concédé une défaite à Nîmes ?

« On s’est fait gifler, tout simplement. Une belle gifle dans la gueule, ça peut faire du bien par moments. Mais c’est embêtant que ce soit dans le sprint final. On était venus avec de bonnes intentions. Je pense que pendant une heure, cela a été intéressant. Le but que l’on encaisse en première mi-temps est un peu contre le cours du jeu. Mais on s’est bien repris en seconde période et on égalise logiquement. Puis il y a eu un relâchement et ce penalty qui a nous fait mal. Je tiens surtout à féliciter cette équipe de Nîmes qui a montré du cœur, beaucoup de générosité. Ils ont aussi montré de la qualité et ils ont joué sur ce qu’ils savent faire : ils ont gagné de bons ballons et nous nous en avons perdus qui nous ont coûté cher… »

2. Y a-t-il des conséquences à craindre après cette défaite ?

« Maintenant, l’important est de rester calme. On vient de réaliser un parcours fantastique. On ne va pas non plus balayer tout ce qui a été fait. Les garçons ont fait beaucoup d’efforts pour en arriver là. Certes, on a senti qu’après le deuxième but, on avait commencé à déjouer. Mais c’est bien que l’on ait pu réduire le score. Maintenant, il faut surtout travailler pour retrouver une équipe avec un esprit de révolte ! »

3. N’avez-vous pas peur de coincer durant ce sprint final ?

« On a lancé le sprint à sept journées de la fin car on n’était pas bien. On peut même dire qu’on a fait un mois de mars catastrophique. Et comme l’écart au classement était important, on a dû le lancer un peu plus tôt. Oui, c’est le risque de coincer avant la ligne d’arrivée. Mais on n’avait pas le choix. Si à dix journées de la fin, on n’avait eu que trois points de retard, on aurait été tranquilles, on aurait pu gérer. On aurait même eu un petit joker. Mais quand, à un moment donné, vous vous retrouvez à sept-huit points, il faut taper du poing sur la table et dire : “Maintenant, il faut engranger des victoires et donc des points”. Et, au moins, on n’aura pas de regret. Si, à cinq journées de la fin, on s’était retrouvé à huit points du podium, c’était déjà fini… »

4. Le discours aux joueurs est-il de s’arracher jusqu’au bout ?

« Non, je leur dit juste de s’arracher sur le match qui arrive. Ça ne sert à rien de faire des suppositions sur la 38e journée car si l’écart est fait… C’est maintenant qu’il faut s’arracher. Quitte à ce qu’on y laisse de l’énergie - mais peu importe - et même si on doit y laisser des joueurs en cours de route. Alors c’est vrai, il va falloir un groupe suffisamment fort pour pallier aux absences. Mais on n’a plus le choix. »

5. La victoire à Niort tirée par les cheveux ne reflète-t-elle pas vos limites ?

« Ça prouve que dans la difficulté, on ne lâche pas. On se bagarre. Et surtout, on essaye de ne pas prendre de but. C’est ça l’idée ! Car on sait qu’en foot, le plus dur, c’est de marquer. Après, on ne doit pas s’occuper de nos adversaires. On doit surtout gagner nos matches. C’est ce que j’ai expliqué aux joueurs. Le danger serait de commencer à regarder les confrontations entre nos concurrents directs. Et puis se dire : “Tiens, telle équipe se déplace ou telle autre équipe joue à domicile mais elle va avoir un match difficile”… Non, non, il ne faut surtout pas faire ça ! On doit juste se concentrer sur notre travail. Alors oui, c’est vrai, à Niort, on a gagné mais ça a été tiré par les cheveux. On a été bousculés. On a même parfois été en grandes difficultés. Et on s’est juste contenté de marquer à dix minutes de la fin. Mais comme on chasse les équipes devant depuis pas mal de temps, on n’a pas d’autres choix que de se concentrer sur le match suivant et essayer de le gagner. Notre objectif est juste d’écraser nos adversaires 1-0, point ! Même si, bien sûr, on doit parallèlement s’améliorer dans plein de secteurs de jeu. »

6. Parmi vos différentes montées en L1, quelle est la valeur de ce groupe ? 

« C’est difficile de comparer. En tout cas, c’est l’équipe avec laquelle ce sera le plus compliqué. N’ayons pas peur des mots, c’est l’équipe qui a le moins de talent. Où il y a le moins de cadres. Je me souviens de toutes mes équipes, il y avait des joueurs avec beaucoup d’expérience, des anciens sur lesquels on pouvait s’appuyer. Souvenez-vous : il y a deux ans, il y avait les Kantari, Le Moigne, Yahia. Là, c’est une équipe beaucoup plus jeune. Mais c’est comme ça…  Cela dit, c’est un groupe qui a de la qualité mais surtout du tempérament, beaucoup de caractère. Et ça, j’aime bien. On a souvent gagné en fin de rencontre. On a même parfois été bousculés mais on a toujours été solides malgré les soucis qu’on a connus. Ce sont des jeunes qui aiment bien bosser beaucoup, qui travaillent bien. Donc cela rejaillit sur les performances. C’est bien. Après, on a aussi des difficultés car on n’a pas le buteur qui pourrait nous faciliter les matches. En résumé, c’est la saison la plus difficile à vivre de ma carrière. »

7. Pourquoi ne marquez-vous jamais sur les coups de pied arrêtés ?

« On a pourtant le plus grand joueur de Ligue 2 (ndlr : Abdoul Ba) mais s’il va sur les corners et qu’il prend zéro ballon, ça ne sert pas à grand-chose. De temps en temps aussi, le frappeur n’est pas très efficace. Mais après, il y a également celui qui est dans la surface de réparation. Or si tu n’as pas envie d’aller gagner le duel ou de faire la course pour aller gagner le ballon, ça devient compliqué ! J’en parle d’autant plus facilement que j’adorais ça. Pourtant, on fait des vidéos. Mais en match, ils sont souvent arrêtés sur ce genre d’actions. Certes, ils sont pris au marquage mais je ne vois pas non plus la volonté de se démarquer. Donc si on n’a pas le tempérament, on monte, certes, mais c’est juste pour la photo. Après, si on ne marque pas sur coups de pied arrêtés mais qu’on marque dans le jeu, c’est bien aussi… »

8. Pourquoi les jeunes peuvent-ils désormais s’exprimer devant les médias ?

« Maintenant, ils sont prêts ! Oui, ils peuvent s’exprimer. Ils ont beaucoup observé et ils ont beaucoup appris. Et je pense que ça leur a rendu service. Croyez-moi, se taire, c’est toujours mieux que de dire des conneries. En fait, j’attends toujours le bon moment. Car les jeunes, encore plus qu’à notre époque, subissent d’énormes pressions. Avec les médias et les réseaux sociaux, ils sont incités à faire des conneries, à dire des bêtises. Mon rôle d’entraîneur et surtout d’éducateur, c’est de leur faire prendre conscience que le plus important pour eux est le terrain, de les protéger. Et puis le moment venu, quand ils sont prêts, ce sont des hommes, des professionnels aguerris, même s’ils ont encore beaucoup à apprendre de la vie. Et ils feront sûrement encore des conneries. Mais aujourd’hui, c’est le bon moment. Après, je ne vais pas leur dire avant les conférences de presse ce qu’ils ont à dire. Pendant les trois ans où on a travaillé ensemble, ils ont pu observer, entendre et surtout apprendre. C’est ce que je pense en tout cas. Aujourd’hui, ils sont prêts à affronter cette difficile carrière qui leur tend les bras. Mais ils ne savent pas encore que ça va être très compliqué. »

Notre correspondant à Lens, Benoît Dequevauviller

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Antoine Kombouaré n’est pas du genre à se plaindre mais il est lucide sur l’état de ses troupes. En 8 points, le coach du RC Lens balaye devant sa porte…

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