LOSC : énorme coup dur avant l’OM ! 

Ayyoub Bouaddi (LOSC)
Bastien Aubert
2 décembre 2025

Coup de tonnerre pour les supporters du LOSC et de la Ligue Europa : le choc Young Boys Berne – Lille, prévu le 11 décembre, ne sera  pas visible à la télévision en France. Explications d’un imbroglio inédit.

Un sponsor maillot interdit en France bloque la diffusion

La cause de cet écran noir n’est ni un désaccord sur les droits télé ni une grève technique. C’est bien plus inhabituel : le sponsor maillot du club suisse, Plus500, est officiellement interdit de publicité sur le territoire français. Cette société d’investissement figure sur la liste noire de l’Autorité des marchés financiers (AMF) depuis 2016 : certaines offres jugées trop risquées sont expressément prohibées par le Code de la consommation.

Or, la législation française va jusqu’à interdire toute diffusion d’une compétition sportive sur laquelle s’affiche une telle marque. Résultat : impossible, légalement, de retransmettre en France un match où Young Boys Bern porte ce maillot, peu importe l’engouement ou le stade de la compétition. Le même scénario s’appliquera pour le duel entre Berne et Lyonprévu en janvier.

Canal+ et l’UEFA à l’arrêt, aucun accord possible

Face à la loi, Canal+ et l’UEFA ont tenté d’user de toutes les cartouches : discussions prolongées avec les autorités françaises, échange avec le club suisse en vue d’un éventuel maillot neutre, scénarios de floutage du sponsor pour la diffusion française… Rien n’a abouti. Techniquement, la censure publicitaire « en direct » n’est pas opérable à ce jour. Juridiquement, la DGCCRF a confirmé l’absence de dérogation possible.

Pour Canal+, hors de question de prendre le moindre risque, l’amende prescrite grimpant officiellement jusqu’à 100 000 euros par infraction constatée. Quant à l’UEFA, qui considère ses contrats audiovisuels comme indépendants des règles nationales, l’organisation n’a pu que constater l’impasse. Les négociations auront donc surtout permis de gagner un peu de temps… sans parvenir à offrir une solution.

Quels risques pour Canal+, les clubs et les fans ?

L’affaire est inédite car elle concerne précisément deux représentants hexagonaux, en pleine phase décisive de leur parcours européen. Le courts-circuite ainsi Lille dès le 11 décembre, puis Lyon le 22 janvier. Conséquence immédiate : les supporters français seront privés des images, quelle que soit leur offre d’abonnement ou leur fidélité à leur club.

Pour Canal+, la pression est claire. S’exposer à une sanction n’aurait aucun sens économique ou déontologique. Mais c’est sur le terrain sportif et émotionnel que le coup est le plus rude : une « double peine » pour le football français, déjà privé de certains matchs européens lors de précédentes saisons, mais jamais quand un club français était concerné. Ce contexte est aussi propice à une hausse du piratage, les solutions de streaming illégal fleurissant inévitablement lors de telles frustrations collectives.

Au-delà de l’actualité brûlante autour de Lille, cet imbroglio juridique pose la question du rapport entre législations nationales et compétitions européennes, une problématique qui pourrait rapidement s’inviter dans d’autres débats – comme on a pu l’observer récemment avec la gestion des entraîneurs de Ligue 1 confrontés à des attentes et réglementations variées.

Vers une solution ou un écran noir ?

L’idée d’un retrait temporaire du sponsor, unique option pour débloquer la situation, a été examinée. Mais le club suisse n’a jusqu’ici manifesté aucun signe d’ouverture. Dès lors, sauf improbable revirement, l’écran noir prévaudra le 11 décembre et sans doute le 22 janvier pour Lyon.

Le couperet juridique montre aussi les limites du champ d’action d’une chaîne comme Canal+ face à des lois nationales aussi strictes. Cette séquence ouvre forcément le débat sur le pouvoir réel des diffuseurs et la capacité du football à s’adapter à la diversité des législations nationales, alors même que la compétition vise une audience paneuropéenne.

En attendant, de nombreux supporters risquent de se tourner vers des solutions officieuses pour suivre leur équipe. Un paradoxe, car la protection voulue par la loi risque d’avoir l’effet inverse : beaucoup, déçus, iront chercher le direct sur une plateforme étrangère. Pour prolonger la réflexion sur les conséquences de situations d’urgence ou d’impasse, vous pouvez aussi consulter cet article récent sur la gestion de crise au sein des clubs.

Un simple logo sur une tunique et c’est toute une passion qui se retrouve privée de son rendez-vous. Le football français n’avait pas connu pareille double peine depuis bien longtemps.

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