par Alexandre Corboz

OL, OM – L'oeil de Denis Balbir : « Aulas – Eyraud, une bataille de cour de récréation »

Chaque lundi, Denis Balbir décrypte l'actualité de la Ligue 1.

Forcément, il nous pouvait pas passer à côté du clash Olympique entre Jacques-Henri Eyraud et Jean-Michel Aulas.

« Le clash entre Jean-Michel Aulas et Jacques-Henri Eyraud était inévitable. Il y a trois bonnes raisons qui expliquent les tensions entre Marseille et Lyon : le sportif, la finale de la Ligue Europa et donc la Commission de discipline. Sportivement, les deux équipes sont au coude à coude pour la course à la Ligue des Champions, avec tous les enjeux sportifs et financiers qu'il y a derrière. En plus, Marseille est à 90 minutes d'une finale qui se jouera à Lyon alors que l'OL a été éliminé prématurément de la compétition. Ce match exacerbe les tensions. Du côté des supporters lyonnais, beaucoup préfèreraient voir Salzbourg au Groupama Stadium plutôt que l'OM. Cela reflète un climat général dont la goutte d'eau a été la décision de la Commission de discipline de sanctionner Adil Rami et Anthony Lopes de trois matches de suspension chacun.

A Marseille, on polémique sur le fait que Lopes a pris la même sanction qu'un joueur qui n'a frappé personne dans les échauffourés. Je mettrais un petit bémol en rappelant quand même que Rami a quand même fait une faute largement répréhensible sur le terrain. Après qu'Anthony Lopes soit encore une fois mêlé à une altercation, c'est un cas qui doit être statué à part. Mais pour moi, cette histoire de suspension est un faux prétexte et je pense que Lyon est plus pénalisé de l'absence de Lopes que l'OM ne l'est pour Rami.

«  Jacques-Henri Eyraud a su mêler à son coup de gueule beaucoup d'humour, de dérision et de cynisme »

De ces trois gros chapitres, on en arrive à la passe d'armes médiatique entre les deux présidents. Même si c'est un grand dirigeant et qu'il a fait beaucoup pour le football français, Jean-Michel Aulas est réputé pour son manque de retenu. Notamment sur Twitter. Je comprend que cela puisse énerver. Pour Jacques-Henri Eyraud, que j'ai un peu côtoyé à Orange lorsque j'y étais et qu'il en était l'un des dirigeants, sa réaction ne colle pas tellement avec sa façon d'être depuis qu'il est président. Entre Jean-Michel Aulas et les dirigeants de l'OM, il y a toujours eu des accrochages. Je me souviens de Pape Diouf, qui, en tant qu'ancien homme de presse, avait ses mots et son vocabulaire pour parler à JMA. C'était quelqu'un de très diplomate. Avec Vincent Labrune, cela avait déjà été musclé. Sans doute moins que cette fois-ci même si Jacques-Henri Eyraud a su mêler à son coup de gueule beaucoup d'humour, de dérision et de cynisme. Il est dommage de constater que deux grands dirigeants du football français se livrent à ce genre de bataille de cour de récréation. Maintenant, cela arrive aussi à l'étranger. En France, il nous arrive aussi de rigoler de voir les Anglais, les Espagnols ou les Italiens – Berlusconi et d'autres – se disputer... Cela fait partie du folklore.

« La sortie de Mourad Boudjellal ? Complètement ridicule »

Un petit mot sur la sortie de Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon, qui s'est mêlé au débat en annonçant vouloir « tout casser dans le stade de Lyon ». Je ne sais pas pourquoi il a mis les pieds dans le plat. C'est complètement ridicule. Il y a d'autres manières de motiver les joueurs et les supporters. Du côté des supporters marseillais, quand ils parlent de « tout casser » à Lyon, c'est casser la baraque en mettant le feu dans les tribunes. Maintenant, je redoute quand même que la rencontre soit classée match à très haut risque et pas seulement à cause des fans de l'OM. Rappelons quand même que des supporters lyonnais ont attaqué des policiers de la Bac contre le CSKA, qu'il y a eu des incidents contre Besiktas, que contre l'Ajax Amsterdam c'était chaud... A chaque fois, aux abords du stade, il se passe des trucs. J'espère que les fans lyonnais sauront rester à leur place et que les Marseillais ne viendront pas, s'ils sont en finale, pour régler des comptes mais bel et bien pour faire la fête derrière leur équipe. Il faut vraiment que tout le monde se calme. A la place des instances de l'UEFA, je convoquerais les dirigeants de l'OM et de l'OL ainsi que les responsabilités différents groupes de supporters pour leur rappeler les risques qu'ils encourent en cas de débordement. »

Recueilli par Alexandre CORBOZ

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