par Alexandre Corboz

FC Nantes – L'analyse de Charles Guyard : « Vahid Halilhodzic joue déjà la montre »

Avant de se rendre à Amiens ce soir,  Vahid Halilhodzic a profité de la séduisante victoire décrochée face à Toulouse (4-0) il y a une semaine pour parler « jeu à la Nantaise » et citer quelques grands noms de l’histoire du club.

Son message ? Pour revivre des instants magiques, il faut du temps.

Il n’a déposé son sac que depuis trois semaines mais il a l’impression que cela fait « trois années ». Revenu au FC Nantes à l’égard duquel il ne cesse d’affirmer avoir « une dette », Vahid Halilhodzic n’a pas retrouvé la Jonelière dans le même état qu’il l’avait quittée crampons aux pieds, trois décennies plus tôt. Les arbres ont pris de la hauteur, bien sûr, mais le club, lui, a connu une croissance au ralenti, voire même une décroissance, quand d’autres fanions ont profité d’une poussée plus flamboyante. La faute, sans doute, à un problème d’adaptation au football d’aujourd’hui.

Incapable de changer de fréquence pour sortir de cette ambiance « radio nostalgie », comme l’avait un jour regretté son ex directeur général Pascal Praud, le FCN aurait donc stagné, parfois même plongé, faute d’avoir su vivre au rythme de l’époque. Le présentateur TV avait alors ciblé tous ces anciens qui continuaient de graviter autour de l’institution, l’empêchant de s’affranchir de son glorieux passé. Mais les faits sont quand même têtus puisque parmi la douzaine de techniciens épuisés depuis l’arrivée de Waldemar Kita aux commandes en 2007, le seul qui avait réussi à poser les bases d’une apparente stabilité était précisément un ex de la boutique, en l’occurrence Michel Der Zakarian. Tous les autres ont depuis échoué pour diverses raisons, l’impatience du patron étant la principale…

La notion de "temps", valeur relative au FCN

Vahid Halilhodzic, lui, n’ambitionne pas autre chose que de s’inscrire dans la durée, mais le Bosnien le sait sans doute mieux que tout le monde ici, la renommée du fanion a toujours été une question de « temps ». Le « jeu à la nantaise », formule magique qu’il a ressuscitée cette semaine dans une petite allusion avec le sourire, il faut donc « du temps » pour le mettre en place. Ces grands anciens comme Amisse, Rio, Baronchelli, Desailly ou Deschamps, tous cités ce jeudi en exemple ? Là aussi, c’est « le temps » qui avait permis à ces générations dorées d’éclore pour faire grandir le club. Lui-même en avait d’ailleurs eu bien besoin de ce « temps », lorsqu’il avait tardé, à son arrivée en Loire-Atlantique en 1981, à faire vibrer Saupin pour transformer les critiques en louanges.

Mais l’a-t-on encore, ce « temps » ? Pas sûr, à écouter le coach pour qui la mesure phare de Martine Aubry ne serait pas l’idée du siècle. « J’ai découvert les 35 heures ici, et en deux ou trois jours, on les déjà dépassées, déplore-t-il. On doit respecter cela car c’est la loi, mais il faut les doubler ! » Traduction ? Vahid fait le job, que chacun fasse le sien ! Dans les vestiaires, les joueurs, eux, en bavent déjà mais savourent la méthode. « On a la même intensité à l’entraînement que celle qu’on a eue au dernier match (face à Toulouse), assure Diego Carlos. Il travaille la défense, le milieu, les attaquants, il insiste sur tous les postes, j’aime ça. C’est important d’avoir un coach ayant joué au foot, il comprend la mentalité des joueurs, il peut nous aider beaucoup. » En écho, Abdoulaye Touré loue aussi la touche Halilhodzic : « Il est plus exigent dans le travail, il demande un jeu de passe en une ou deux touches de balle, il faut du mouvement, de la verticalité, on travaille tous les jours à l’entraînement, ça va porter ses fruits ».

Il y a quelques années, voilà ce qu’on appelait le jeu à la Nantaise. Et pour ça, il faut du temps. Beaucoup.

Charles GUYARD, à Nantes.

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Pour résumer

Vahid Halilhodzic a profité de la séduisante victoire décrochée face à Toulouse (4-0) il y a une semaine pour parler « jeu à la Nantaise ».

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