par nicolas.breton

Insolite - FC Nantes : le numéro que vous demandez...

C’est dans l’erreur qu’on apprend le plus, fait-on souvent remarquer.

En ce qui concerne les footballeurs, cette réalité peut parfois se vérifier à travers... le numéro de téléphone ! Comment ça ? Tout simplement lorsque celle ou celui qui a récupéré le “06” d’un joueur reçoit des appels inattendus, destinés à l’ancien titulaire de la ligne. “But! Nantes” a donné la parole à toutes ces “erreurs de numéros”.

Ah, désolé, mais vous faites erreur, ce n’est plus son numéro !” Voilà la réponse que l’on entend parfois lorsque l’on essaie de joindre par téléphone un joueur de football. C’est ainsi. Quand certains gardent presque à vie les mêmes coordonnées, l’homme de ballon, lui, est un consommateur invétéré de numéros de portable, et il en change presque aussi souvent qu’il change de chemise. Ou plutôt de maillot. Pas facile, par conséquent, de mettre à jour son répertoire. “C’est sympathique, comme ça on fait connaissance !” Si, jusqu’à présent, on articulait toujours un petit désolé aussi sincère que déçu de n’avoir pu contacter la bonne personne, cette fois, on a décidé de retenir plus longtemps ces fameuses “erreurs de numéro”, d’écouter ces anonymes qui, le temps d’un appel, se retrouvent plongés dans un univers pour le moins kafkaïen.

Comme Catherine, une Dijonnaise de 50 ans. Elle a hérité du “06” d’un certain... Mario Yepes. C’était il y a “trois ans au moins” , raconte celle qui n’y “connaî(t) rien en foot” . Au fil des mois, elle a quand même compris que son illustre prédécesseur de téléphone avait chaussé les crampons dans la capitale. “J’aimerais bien le connaître ce monsieur, j’ai juste appris que c’était quelqu’un du PSG.”

Trois lettres qui suffisent, visiblement, à multiplier les sonneries. “De nombreuses personnalités essaient de le contacter ! Des joueurs, des journalistes, des gens du pays... Il n’est pas Colombien par hasard ? J’avais des gens qui me parlaient espagnol. C’est sympathique, comme ça on fait connaissance ! Bon, je n’ai jamais été convié à quoi que ce soit non plus...” Parfois, certains interlocuteurs peuvent, involontairement bien sûr, lâcher des petits secrets de vestiaires. Ainsi Catherine savait quand Yepes fréquentait l’infirmerie. “A un moment, il a eu un petit bobo à la cheville, du coup, je recevais plein de messages de soutien !” Et que dire de Kévin qui a, lui, récupéré le numéro de Mickaël Landreau ? “J’ai reçu des textos d’entraîneurs qui faisaient des propositions à plusieurs centaines de milliers d’euros” , se souvient, hilare, ce Marseillais de 28 ans. Dommage que ni l’un ni l’autre n’ait retenu les noms de leurs mystérieux appelants. “Je ne saurai vous dire de qui il s’agissait, je ne m’en souviens plus, coupe Catherine, douchant notre enthousiasme. J’avais quand même dressé une liste avec les numéros que j’ai donnée à mon fils, qui est fan de foot. Ça fait un moment maintenant, et je ne sais pas ce qu’il en a fait !”

Abdoun, l’homme qu’on n’appelle pas...

Elle non plus ne sait pas qui l’appelle “plusieurs fois par semaine” . Mais elle commence à connaître celui avec qui on la confond, en l’occurrence Sylvain Armand. Et de Pau, où elle vit, Marie-Hélène s’en amuse également (“Ça ne me dérange pas du tout” ) et, du coup, vient aux nouvelles. “Vous savez où il est cette année ? Il est à Rennes, non ? A cause de cela, je l’ai toujours suivi de loin” , rigole cette quinquagénaire dans un accent chantant du sud-ouest. A

La Tour-du-Pin, Faustine, elle, sait parfaitement où se trouve son double téléphonique. “Il est à Tahiti en ce moment” , annonce cette Iséroise, sans hésitation. Pas de doute, on est bien tombé sur celle qui, depuis un an et demi, est devenue Vahirua version GSM. “Je suis bien renseignée parce que j’ai un mari footeux ”, avoue-t-elle. Est-ce parce que monsieur veille, justement, qu’elle s’empresse d’ajouter n’avoir “pas envie de rencontrer” l’ex-chouchou de la Beaujoire ? En tout cas, avec “deux ou trois appels” seulement, on n’est pas vraiment au stade du harcèlement. Et puis, Faustine le reconnaît, elle trouve tout cela assez “marrant” .

Kachoute, qui vit à Vallauris, reste assez indifférente. Au bout du fil, c’est Ronny Rodelin qu’on réclame. “C’est de puis deux ou trois ans comme ça, mais ce n’est pas très grave, c’est une ou deux fois par mois” , comptabilise cette Azuréenne de 26 ans qui évoque l’ancien titulaire (de la ligne) par son seul prénom. “Je pense que c’est la famille de Ronny qui appelle” , croit-elle savoir. Que lui veut-on ? “Pas grand-chose... On demande aussi parfois Alexia” , précise-t-elle sans détailler. Sinon il y a les messages “pour souhaiter bon match”. Du classique. C’est là qu’elle a compris qu’elle avait à faire à “un sportif” .

Et si ces erreurs de numéros n’étaient pas, aussi, un bon baromètre pour mesurer la popularité des joueurs ? Derrière un Landreau célèbre, nombreux sont ceux qui passent totalement inaperçus. “Vous êtes le premier à m’appeler en me demandant ce nom-là, et je ne sais pas qui c’est” , nous a poliment répondu ce jeune homme qu’on a malencontreusement appelé... Djamel Abdoun !

Charles GUYARD, à Nantes

Podcast Men's Up Life
 

Pour résumer

But! Nantes a rencontré ces particuliers qui ont hérité de l'ancienne ligne téléphonique d'un joueur du FCN...

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