par nicolas.breton

PSG - EXCLU Jérôme Alonzo dissèque la rivalité Trapp - Sirigu

Titulaire depuis quatre ans au PSG, Salvatore Sirigu a dû laisser sa place à Kevin Trapp en début de saison.

La concurrence entre les deux portiers attise des rumeurs de tensions que Jérôme Alonzo, ancien gardien parisien et désormais consultant sur France Télévisions, réfute avec expertise et humour.

But! : Jérôme, quelles sont vos impressions au sujet de Kevin Trapp après ses trois premiers mois dans la capitale ?Jérôme Alonzo : Il a manqué son match contre Bordeaux, c'est vrai. Mais des erreurs, on en commet tous. Cela me paraît réducteur de juger un gardien sur cinq minutes d'un match. Le reste a été très propre. Il a montré, selon moi, que c'était un bon gardien. L'avenir dira s'il est meilleur que Sirigu.

Avez-vous compris, sur le coup, la décision des dirigeants parisiens de recruter un nouveau portier ?Sirigu est triple champion de France, doublure de Gigi Buffon en équipe d'Italie, il a un CV. Alors que Trapp, lui, n'est pas international et n'a jamais disputé la Ligue des champions. Je ne suis pas dirigeant du PSG, j'imagine que le club a mûrement réfléchi sa décision. Mais c'est vrai que c'est un pari qui pouvait se révéler risqué si Trapp ne s'adaptait pas à un nouveau pays, une nouvelle langue... Mais bon, il parle français au bout de trois semaines !

Trapp a été recruté pour son jeu au pied. Pour un gardien, c'est plutôt paradoxal. S'agit-il d'un effet de mode ou d'une réelle évolution du poste ?Mon jeu au pied était très moyen, donc je l'aurais sans doute mal pris (rires). Plus sérieusement, on ne peut pas nier un effet Manuel Neuer à l'échelle mondial. Tout le monde veut son Neuer bis. Dans mes souvenirs, c'est la première fois dans l'histoire du championnat de France qu'un gardien est recruté sur la foi de son jeu au pied. Cela tient à la volonté quasi-obsessionnelle de Laurent Blanc de repartir de derrière. Intrinsèquement, je ne suis pas convaincu que Trapp ait deux Sirigu dans chaque main, mais les recruteurs parisiens ont sans doute estimé qu'il deviendrait plus complet.

"Ce n'est pas Trapp qui a décidé de venir faire ch... Sirigu. Si celui-ci en veut à quelqu'un, c'est aux dirigeants."

Vous avez été en concurrence, au PSG, avec Lionel Letizi. Quelles sont les relations entre deux portiers rivaux et peuvent-elles nuire à l'équilibre du vestiaire ?Avec Lionel, ce n'est pas pareil, nous étions des copains d'enfance à l'OGC Nice. Mais quand on ne connaît pas l'autre, la concurrence peut être plus vicieuse. C'est un poste à part. Le titulaire joue les 38 matches. On ne retrouve pas cela chez les joueurs de champ avec les suspensions et les blessures. Salvatore a sans doute été touché dans son orgueil, c'est normal. Mais je suis convaincu qu'il n'y a pas d'animosité avec Trapp, pas plus qu'avec Douchez. Ce sont trois bons mecs intelligents et de ce que j'entends, Salvatore travaille de façon très pro à l'entraînement. De toute façon, il n'a pas de raison d'en vouloir à Trapp. Le PSG a fait un choix, ce n'est pas Trapp qui a décidé de venir faire ch... Sirigu. Si celui-ci en veut à quelqu'un, c'est aux dirigeants.

Concrètement, quand Trapp fait une bourde contre Bordeaux, quelles pensées traversent l'esprit de Sirigu ?À l'instant où Trapp commet son erreur, les caméras font un gros plan sur Sirigu. Je suis très client des chaînes qui diffusent les matches mais j'ai trouvé ça gênant pour Sirigu. C'est comme si on attendait qu'il se marre ! Imaginez qu'il boive un coup à ce moment-là ou qu'il ait le malheur de ne pas faire la gueule, cela va donner lieu à des centaines d'interprétations ! Alors que Salvatore est l'un des mecs les mieux élevés. Il ne va pas s'esclaffer. À notre époque, les caméras ne filmaient pas tout. Heureusement parce que je m’empiffrais de Mars sur le banc. C'est plus fort que moi, je crève la dalle à neuf heures ! Après, que Sirigu se dise qu'une porte s'ouvre, c'est humain. Mais je ne connais aucun gardien au monde qui va sauter de joie, ou un avant-centre qui va se réjouir quand un coéquipier rate un penalty.

"Douchez ? Certains ont peut-être l'image d'un joueur qui reste pour le pognon. C'est faux."

Trapp blessé, Sirigu devrait retrouver sa place de titulaire pour quelques rencontres. Peut-il la conserver ?Sirigu va avoir l'occasion de se montrer, mais je ne pense pas que trois ou quatre bons matches changeront l'ordre établi.

À un an de l'Euro, Sirigu n'aurait-il pas dû partir ? Qu'auriez-vous fait à sa place ?Je n'ai jamais été le début d'un international pouvant disputer une grande compétition, il m'est donc difficile de répondre. Mais en me mettant à sa place vingt secondes et en pensant à l'Euro, si une porte de sortie convenable se présente au mercato, peut-être que je change de club pour faire mes 40 matches en Espagne ou en Italie.

Un mot sur Nicolas Douchez, qui se retrouve troisième gardien après avoir remporté deux trophées la saison passée...Comme je le connais, j'ai pu un peu parler avec lui. Certains ont peut-être l'image d'un joueur qui reste pour le pognon. C'est faux. Il apprécie le groupe et je pense pouvoir dire qu'il y est apprécié et toujours aussi important. Nico est très attaché au PSG et il se dit peut-être que faire partie d'une des cinq ou six meilleures équipes d'Europe, même comme doublure, c'est mieux que d'être titulaire dans une formation de milieu de tableau de L1. Son attachement au club pourrait le conduire à disputer zéro match cette saison. J'ai de l'empathie pour lui. Ce n'est pas facile de regarder ses partenaires prendre l'avion, de rater les mises au vert, de faire le décrassage avec les remplaçants. Et l'argent n'a rien à voir avec ça.

Propos recueillis par Julien Demets

Podcast Men's Up Life
 

Pour résumer

Jérôme Alonzo, ancien gardien parisien, ne croit pas en l'existence de fortes tensions entre Kevin Trapp et Salvatore Sirigu, concurrents cette saison.

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