ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Vous avez gagné ? Oui 40 millions »
par Laurent HESS

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Vous avez gagné ? Oui 40 millions »

Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard évoque les récentes ventes de l'ASSE et le besoin, pour Ghislain Printant, de renforcer rapidement son équipe.

« Il y a longtemps que nous avons compris que le football est devenu un secteur d’activité économique comme un autre et que cela ne va pas s’arranger pour les poètes du sport. Le ballon rond roule vers le profit, il faut se faire une raison. Si pour beaucoup en France les bénéfices servent d’abord à équilibrer les comptes des clubs ou à réinvestir, on peut s’attendre à une autre tendance lorsque les fonds d’investissement se seront un peu mieux installés. Par définition, ils sont là pour faire gagner de l’argent à leurs actionnaires et même toujours un peu plus. Rien de bien nouveau sous le ciel bleu de la finance diront les Gilets jaunes, mais porter une tunique verte n’est pas une garantie.

« La liberté s'achète toujours »

Difficile d’échapper au système quand on veut jouer sur la même scène que les grands, ou au moins s’en approcher. En 2017, les clubs européens réunis au sein de l’indice Stoxx Europe football avaient déjà réalisé une plus grande performance que le CAC 40, rapportait BMF, l’automne dernier, et la tendance n’est pas à la baisse, en témoigne la flambée du montant des transferts. L’argent circule bien. Il y a quelques mois, à Monaco, Stéphane Guy qui allait commenter le match pour Canal, avait lancé à Bernard Caïazzo que tout le monde  voulait faire du trading joueurs mais que tous n’allaient pas gagner à ce jeu. Cette réflexion nous avait rappelé celle de Pierre Garonnaire recruteur précurseur de l’ASSE qui avec un sourire plein de malice nous avait dit un été « Tous les clubs pensent se renforcer en recrutant, mais il y en a forcément qui doivent s’affaiblir ». C’était d’une logique mathématique...

C’était une autre époque celle où on formait des joueurs pour jouer sur le terrain et pas au casino, celle où pointaient déjà toutefois les prémices de l’adaptation des clubs au contrat à temps qui a mis fin à ce que certains apparentaient à de l’esclavage. Le mot a été repris plus tard par Frédéric Piquionne que l’ASSE empêchait de rejoindre l’OL et si c’était maladroit (il a fait son mea culpa), c’est aussi la preuve que la liberté s’achète toujours, même si désormais chacun doit y trouver son compte. Joueurs, clubs et agents...

« On forme pour vendre »

On forme maintenant pour vendre et on achète de même pour faire progresser la valeur de ce capital dont la courbe de valeur épouse celles des pieds du footballeur. Georges Bereta peut en témoigner, lui qui avait dû prendre la direction de Marseille, Roger Rocher  a été le premier à  comprendre le système, avec Marcel Leclerc son homologue de l’OM. On ne tirera donc pas sur ses lointains successeurs, même si le rythme s’accélère au point de rendre  une composition d’équipe aussi floue que dans le basket où il n’est pas rare de voir un cinq changer de parquet quand s’active le mercato. On exagère à peine. La preuve? Sait-on, à dix jours de la reprise du championnat, qui jouera en vert à Dijon? Les matches de préparation sont normalement là pour fournir des enseignements mais entre blessures, absences internationales, départs effectifs ou espérés et arrivées non concrétisées, impossible de s’appuyer sur les rencontres disputées à Washington où à Middlesbrough. Aux États Unis, en l’absence de Perrin, Saliba et Kolodziejczak, il n’y avait qu’un titulaire de la saison dernière (sinon prochaine) en défense, un au milieu, M’Vila, puisque Cabella est parti et un autre en attaque, Hamouma, en attendant le retour de Khazri et un vrai renfort. « Il faut rapidement rentrer du monde » : le cri d’alarme poussé par Ghislain Printant après le nul décevant dimanche en Angleterre fait écho à ce que nous avons écrit ici même la semaine dernière.

Vous avez gagné? Oui 40 millions pourraient répondre des fans de l’ASSE aujourd’hui. Pour qu’ils avancent un score de match aussi flatteur, il faudra attendre un peu. Que l’argent soit réinvesti et bien, en évitant les erreurs de l’OM ou l'excès de gourmandise financière de l'AS Monaco. »

 

Didier BIGARD

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Pour résumer

Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard évoque les récentes ventes de l'ASSE et le besoin, pour Ghislain Printant, de renforcer son équipe.

Laurent HESS
Rédacteur
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