Qui partage ses souvenirs avant la finale de mercredi.
“Il fait très chaud en cet été 1990, que je passe chez mes grand-parents à côté d'Alicante. En dehors de la plage, il n'y a rien à faire si ce n'est regarder la télévision. Donc la Coupe du monde. J'ai alors 10 ans. Je joue au football depuis toujours car c'est une tradition familiale. Mais je ne me suis jamais intéressé aux professionnels. Jusqu'au Mondiale 90. Et là, c'est le coup de foudre. Mais sitôt la victoire de la RFA consommée, sitôt les larmes de Diego Maradona séchées, il me faut choisir un club. Selon moi, il existe trois façons de jurer allégeance à un club : suivre celui de sa ville, suivre la passion de son père ou aimer le meilleur de son temps. Moi, je suis de la région parisienne. En 1990 comme aujourd'hui, le PSG, c'est nul. Mon père a, comme tout le monde, aimé Saint-Etienne dans sa jeunesse mais a lâché l'affaire après la caisse noire. Va donc pour le grand club de l'époque.
Vélodrome-Parc des Princes, le contraste absolu
Dans
Onze Mondial, je découvre l'Olympique de Marseille, son maillot flashy, son président charismatique et ses stars. Surtout Chris Waddle dont, évidemment, j'ai tenté d'imiter la coupe de cheveux. Mais je vous rassure, j'ai brûlé tous les négatifs de cette triste expérience. Pour ma première saison de fan, je suis gâté : l'OM élimine le grand Milan, s'invite en finale de la C1, gagne le championnat… La petite flamme devient rapidement brasier. Je tanne mon père (paix à son âme) pour qu'il m'emmène au stade afin de voir mes idoles en vrai. Jusqu'alors, j'ai été invité plusieurs fois au Parc des Princes pour assister avec mon club, le COVA (paix à son âme bis), à des matches du PSG ou du Racing (paix à son âme ter). C'était souvent le soir, il faisait froid, les gradins étaient clairsemés, le spectacle chiant au possible… La déprime totale.
Mon dépucelage au Vélodrome a lieu le 24 août 1991. C'est le choc. Le stade est comble (39.400 spectateurs), il fait chaud, il y a une ambiance de dingue. En face, c'est le Nîmes Olympique. Le public vit le match avec une passion que je n'avais jamais rencontrée jusqu'alors. Et puis il y a des buts, six au total dont quatre pour l'OM (4-2). Même Didier Deschamps a réussi à marquer alors que ce n'était pas sa spécialité ! Ce match, comme toutes les grandes premières de la vie, je m'en souviens comme si c'était hier.
J'ai l'impression de ressentir encore cette sensation de plénitude, de joie partagée, cette douce folie s'emparant de chacun pour contester n'importe quelle décision de l'arbitre, siffler l'adversaire, encourage l'équipe, célébrer les buts marseillais. Ce jour-là, cette première fois, j'ai compris quel lien unique unissait l'OM à Marseille. Après ça, impossible de retrouver la grisaille du Parc avec son mélange de bobos en vadrouille dans les latérales et d'imbéciles radicaux dans les kops sans me dire “Ici, c'est pourri”. Et Marseille, c'est carrément le paradis !”
R.N.
Pour résumer
Journaliste à But! depuis 2001, Raphaël Nouet est avant tout un supporter raide dingue de l'OM.