ASSE - Exclu But! Hervé Revelli : « Si je peux aider les Verts... »
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par Laurent HESS
CONFIDENCES

ASSE - Exclu But! Hervé Revelli : « Si je peux aider les Verts... »

Meilleur buteur de l'histoire de l'ASSE (274 buts), Hervé Revelli (76 ans), qui réside entre Saint-Etienne et Lyon où son fils gère un bar-restaurant, « Le P'tit Vert », est toujours aussi passionné de foot et amoureux des Verts. A qui il se verrait bien offrir ses conseils. Extrait de son entretien accordé à But Saint-Etienne...

Zapping But! Football Club ASSE : vous attendez quoi messieurs les dirigeants ?

But Saint-Etienne : Hervé, quelle place occupe le foot dans votre vie actuelle ?

Hervé REVELLI : Une grande place. C'est ma passion. Je regarde beaucoup de matches. Ceux des Verts, je n'en rate aucun. Je me suis abonné pour les suivre. Et je vais régulièrement au stade, je suis invité permanent. L'an dernier, j'ai vu tous les matches. Ça piquait les yeux mais j'étais là !

Vous étiez là lors du barrage contre Auxerre ?

Bien sûr. J'en garde une profonde tristesse : la descente, la violence au coup de sifflet final... Cela m'a fait mal, comme à tous les supporters des Verts. Voir le club si bas... Mais à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Il y a eu tellement d'erreurs de faites.

Vous en voulez aux dirigeants ?

Je comprends la colère des supporters, mais je ne leur en veux pas, non. A l'un des deux oui, je lui en veux de ne même plus venir au stade depuis des années. C'est une honte. Mais Roland Romeyer, je le connais depuis longtemps. Je sais l'amour qu'il a pour ce club, et je n'oublie pas qu'il a contribué à le sauver à un moment donné. Il ne fait pas tout bien, évidemment, mais l'erreur est humaine et lui au moins a le mérite d'être là, de mouiller le maillot. On le critique mais il est toujours là, toujours debout. Là, il vient de reprendre les rênes et cela fait du bien. Il aurait dû le faire plus tôt, je le lui avais dit. On remonte la pente. On a fait un bon Mercato, contrairement aux deux précédents qui ont été catastrophiques, et on en recueille les fruits.
 

L'équipe n'a que 2 points d'avance sur la zone rouge à dix journées de la fin. Etes-vous inquiet pour son maintien ?

Honnêtement non. Je l'ai été mais je ne le suis plus. Je pense qu'on finira en milieu de tableau. Roland a eu très peur et que c'est ce qui l'a incité à renforcer l'équipe. Il a fait ce qu'il fallait. Maintenant, il faut qu'il prépare l'avenir. Il faut qu'il s'entoure de gens compétents. C'est là, c'est maintenant. Il ne faut plus perdre de temps. Il y a une vraie réflexion à avoir.

Plusieurs anciens Verts sont montés au créneau pour demander aux actionnaires de s'en aller, votre frère Patrick notamment. Les rejoignez-vous ?

Je préfère essayer d'apporter des solutions. C'est plus constructif. Et puis cette vente, je n'y ai jamais cru. Roland aime trop le club. L'autre, c'est différent. Ce serait bien qu'il vende puisqu'il n'y met plus les pieds.

« Ce club, il faut le revoir de A à Z. Il faut le restructurer. Il faut lui donner un autre élan, une autre image aussi. J'espère que Roland sera assez intelligent pour réagir dans le bon sens. »

Vos solutions, ce serait quoi ?

Ce club doit reverdir, c'est une évidence. Après, pour qu'il retrouve des couleurs, il y a énormément de choses à faire, à revoir. Il faut des gens compétents, à tous les étages. Cela passe d'abord par là. Il n'y a pas de secret.

Vous seriez prêt à vous investir ?

Bien sûr. Et Roland le sait très bien. Je vis ici et j'aime ce club. Ça me crève le cœur de le voir dans cet état là. Si je peux aider les Verts... Evidemment que je le ferais. J'ai mes idées, j'ai mes réseaux aussi, je connais beaucoup de monde dans le foot, comme dans la politique, et des chefs d'entreprise. Et je n'ai pas changé : j'ai toujours l'envie de me battre.

Quel rôle pourriez-vous occuper ?

Peu importe. Je ne revendique rien. Mais je pense que l'ASSE aurait beaucoup à gagner en s'inspirant de ce que font les grands clubs. A Barcelone, au Bayern, au Real, à l'Ajax, il y a toujours eu des anciens à la direction ou dans son entourage, pour conseiller les dirigeants. A Lyon, Bernard Lacombe a occupé un poste important pendant des années et il reste influent auprès de Jean-Michel Aulas. Je connais bien Bernard, on se voit assez régulièrement. Il n'a plus son bureau à l'OL mais il est toujours là. C'est l'homme de confiance. A Marseille, il y a Basile Boli, et Jean-Pierre Papin maintenant. A Nantes, c'est Antoine Kombouaré. Ces gens-là, c'est l'identité de leur club. Quand leur président s'apprête à faire une connerie, ils peuvent se permettre de lui dire « Non, ne fais pas ça ». A Saint-Etienne, qui peut faire ça ? Cette descente, on aurait pu l'éviter. Mais on a empilé les erreurs.

Quel regard portez-vous sur la formation et sur le recrutement ?

Le recrutement, il y a eu des erreurs qui ont coûté très cher. Diony, par exemple, je n'ai pas compris. J'avais d'ailleurs fait part de mes réserves à Roland, surtout que j'avais vu plusieurs matches de Dijon. Mais il n'y a pas eu que Diony, malheureusement. Le club doit revoir sa façon de recruter. J'ai vu qu'on avait pris des scouts... Mais ce que je vois, c'est qu'on recrute surtout par rapport aux conseils des agents. Et que leurs conseils s'avèrent rarement pertinents.

Et votre avis sur le centre de formation ?

Je suis plus mitigé. On a remporté la Gambardella il y a trois ou quatre ans. On a sorti de très bons jeunes comme Saliba et Fofana. Malheureusement, on les a vendus très jeunes. On forme pour vendre et non pas pour jouer. C'est une politique qu'il faut changer. En 1976, on était 7 jeunes du centre de formation à jouer la finale contre le Bayern Munich. Quand on était au centre, on rêvait d'intégrer l'équipe première, de porter ce maillot, de jouer à Geoffroy-Guichard. Quand on faisait des oppositions entre les jeunes et les joueurs de l'équipe première, il fallait mettre les protège-tibias. Les jeunes voulaient piquer la place, ils avaient faim. Ils ne venaient pas à Saint-Etienne pour être vendus à 20 ans mais pour gagner des titres.

Le club est très loin de gagner des titres aujourd'hui...

Bien sûr. Mais si on ne bouge pas, il va continuer de s'enliser. Quand je vois qu'aujourd'hui, la réserve est en milieu de tableau en N3, l'équivalent de la DH d'avant, alors que l'équipe est composée de nombreux joueurs qui ont des contrats pros... Mais comment voulez-vous que ces joueurs-là puissent aider l'équipe première, même en L2 ? Il y a 45 joueurs sous contrat professionnel à l'ASSE, vous vous rendez-compte ? 45 joueurs professionnels ! C'est juste aberrant. C'est incroyable d'en être arrivé là. Ce club, il faut le revoir de A à Z. Il faut le restructurer. Il faut lui donner un autre élan, une autre image aussi. J'espère que Roland sera assez intelligent pour réagir dans le bon sens.

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Pour résumer

Meilleur buteur de l'histoire de l'ASSE (274 buts), Hervé Revelli (76 ans), qui réside entre Saint-Etienne et Lyon où son fils gère un bar-restaurant, « Le P'tit Vert », est toujours aussi passionné de foot et amoureux des Verts. A qui il se verrait bien offrir ses conseils...

Laurent HESS
Rédacteur
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