Bernard David dans son bureau à l'Etrat en 2013.
Bernard David dans son bureau à l'Etrat en 2013.Credit Photo - Alexandre Corboz
par Alexandre Corboz
ITW FORMATION DAVID

ASSE – EXCLU : « L'ASSE a pris un virage vital sous Claude Puel »

Revenu directeur du centre de l'AJ Auxerre en 2021, Bernard David a passé cinq saisons à la tête de la formation stéphanoise (2012-17). Forcément, la « génération Puel » est aussi le fruit de son travail. Entretien.

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But ! Saint-Etienne : Bernard, vous avez quitté l'ASSE il y a quatre ans mais vous devez être heureux de voir que le club a pris un virage vers les jeunes depuis...

Bernard David : Vous savez, au niveau de la formation on mesure souvent la qualité d'un travail à quatre – cinq ans. Vous recrutez les jeunes à 14-15 ans et il faut savoir attendre 18-19-20 ans pour les voir apparaître en équipe première. Les plus précoces sortent à 17 ans mais la plupart, on ne les voit pas avant leur majorité. Lors de mon passage entre 2012 et 2017 et sous la houlette de Gérard Fernandez, on a recruté Saliba, Fofana, Nordin, Camara, Bamba, Rivera, Abi... Il faut croire qu'on ne s'est pas trop trompé. Avant que je ne retourne à Auxerre, je regrettais beaucoup de ne pas voir assez de jeunes lancés en professionnel mais cela correspondait à la politique de l'époque. Aujourd'hui, avec Claude Puel, on est dans la dynamique inverse. Je ne peux que m'en réjouir.

Comment qualifieriez-vous ce virage pris sous Claude Puel : « rassurant », « nécessaire » ?

Je dirais que c'est vital ! Aujourd'hui, avec la pandémie et ses conséquences économiques, former des joueurs pour soi et vendre, c'est une nécessité. Désormais l'ASSE a un entraîneur qui lance énormément de jeunes et c'est aussi quelque chose de très rassurant. Cela amène de la fraîcheur pour le football français mais également au niveau local. Quand je vois Saïdou Sow marquer de la tête face au champion de France, c'est magnifique.

« Les Mahdi Camara ou Arnaud Nordin ont essuyé les plâtres en N3 »

Ces jeunes ont aussi beaucoup emmagasiné d'expérience dans la difficile course au maintien l'an dernier ...

Ce sont des joueurs qui pour beaucoup se sont construits dans la difficulté. Je me souviens quand on gérait la réserve avec Julien Sablé. Les Mahdi Camara ou Arnaud Nordin ont essuyé les plâtres. Ce n'était pas facile en National 3. On s'était même maintenu difficilement. Ce sont ces années-là qui font aussi ce qu'ils sont aujourd'hui. Le passage en pro est capital. Il faut savoir perdre des points pour en gagner plus tard quand on met des jeunes...

C'est justement ce que disait Claude Puel avec Wesley Fofana dans une interview il y a quelques semaines...

Wesley Fofana est le meilleur exemple. Quand on est allé le chercher dans le Sud, à Vitrolles, ce n'était pas gagné. Autant au niveau du comportement que sportivement. A ses débuts en pro, il était perfectible et il a fait des erreurs. Un an plus tard, l'ASSE en a fait sa plus grosse vente à Leicester. La chance de Saint-Etienne, c'est de pouvoir compter sur des bons garçons, qui ont toujours voulu s'en sortir. C'est un très bon exemple pour les autres.

Dans toute cette génération de joueurs, avez-vous eu quelques surprises ?

Quand on recrute, on espère ne pas se tromper. Après il y a ceux qui sont précoces et ceux qui sortent à 20 ans. On pensait que certains comme Charles Abi perceraient mais pas forcément qu'ils seraient lancés aussi tôt. Après il faut un entraîneur qui n'a pas froid aux yeux. Avec Claude Puel, c'est le cas...

« Pour être honnête, je n'imaginais pas Green dans la doublette de l'ASSE en pro »

Mais si vous deviez n'en donner qu'un, ce serait qui ? Etienne Green ?

Lui, c'est extraordinaire. Je ne le considère pas comme un joueur recruté en formation puisqu'il était déjà au club avant mon arrivée. A mon époque, il était loin des plans. Il n'était même pas considéré comme le numéro 4 ! Il a bénéficié de circonstances incroyables pour gravir les échelons entre le départ compliqué de Ruffier, la blessure de Moulin, celle de Bajic... Pour être honnête, je n'imaginais pas Green dans la doublette de l'ASSE en pro.

Nourissez-vous quelques regrets sur des profils que vous pensiez apte à percer à l'ASSE ?

Est-ce qu'un petit Dylan Chambost aurait pu réussir à l'AS Saint-Etienne ? Peut-être... J'aurais aimé. Lui s'est imposé à Troyes et j'en suis content. Allan Saint-Maximin ? Vu son talent, c'est dommage que l'ASSE n'en a pas profité plus. Après, on peut jamais faire du 100% dans un club. Les joueurs ont des agents, des parents... C'est compliqué. Maintenant je pense qu'il y a quand même un ratio et qu'il est très positif à Saint-Etienne.

Comment expliquez-vous que l'ASSE valorise mieux ses profils défensifs (Zouma, Saliba, Fofana) que ses talents offensifs ? Vous tapiez plus juste sur les défenseurs que sur les buteurs ?

Dans tous les Mercato, on se rend compte que les clubs professionnels s'arrachent les attaquants. C'est aussi vrai chez les jeunes où on a eu beaucoup de mal à lutter malgré quelques exceptions (Bamba, Saint-Maximin, etc.). Peut-être qu'il y avait un investissement à faire et qu'à l'époque, on ne le souhaitait pas. Avec Gérard Fernandez, on a surtout recruté malin. On s'attelait surtout à convaincre les familles du bienfondé de venir à Saint-Etienne.

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Dossier formation (1/4)

Cette semaine, But! Saint-Etienne s'est intéressé au projet Puel vu par le prisme des formateurs qui ont quitté la Maison verte. Chaque jour, une nouvelle interview. Premier volet avec Bernard David, ex-responsable de la formation à l'ASSE aujourd'hui revenu à l'AJ Auxerre.

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