ASSE : finances, ventes, changement de cap…comment en est-on arrivé là ? (1/2)
En dépit de communiqués rassurants, et d’une politique de cadres bien rémunérés instaurée par Jean-Louis Gasset, les dirigeants de l’ASSE creusaient le déficit. Résultat, un brutal retour à l’eau tiède et aux résultats mitigés. L’avenir n’est pas rose.
Il ne faut donc pas toujours croire aux bonnes nouvelles. Ni même aux promesses qui, vous le savez, n'engagent que ceux qui les reçoivent. Les communiqués de l'ASSE sur la situation financière du club, et au cours des dix dernières années, ont parfois été à double entrée. Avec un arbre, et même un gros, qui cachait une forêt beaucoup moins charmante que prévu. Revenons, déjà, sur sur le dernier communiqué, qui remonte à quelques semaines. "Le Conseil de Surveillance de l’AS Saint-Etienne s’est réuni samedi 12 septembre, sous la présidence de Bernard Caïazzo, pour valider les comptes de l’exercice 2019-2020. Malgré l’épidémie de COVID-19 qui a entraîné un arrêt brutal des activités en mars dernier, le club présente, pour la dixième année consécutive, un résultat financier positif. Celui-ci, d’environ 400 000 euros pour un chiffre d’affaires de 105 millions d’euros, montre que l’ASSE a su prendre les bonnes mesures pour réduire l’impact de la double crise, économique et sanitaire. Aucun autre club de Ligue 1 n’a connu dix exercices positifs consécutifs depuis 2010."
C'est vrai, aucun autre club de Ligue 1 n'a connu dix exercices positifs consécutifs depuis 2010. Problème, aucun club de Ligue 1 ne va devoir faire le yo-yo comme l'ASSE dans les prochaines années. Car oui, et Claude Puel, son entraîneur-manager, l'a brutalement rappelé dans les colonnes de l'Equipe vendredi dernier : l'ASSE est mal en point économiquement. Très mal. "Les dirigeants ont été très ambitieux auparavant pour suivre une politique qui a occasionné un fort déséquilibre économique. Même pour eux, il était évident que ce n'était plus possible. Donc, on serre tout, on essaie de réduire la masse salariale au maximum, on cible des profils à fort potentiel et on essaie de les développer(…)Des comptes positifs ? C'est comme pour un ménage : le compte peut être bénéficiaire mais avec des emprunts effectués pour accompagner le précédent projet qu'il faut rembourser." Résultat, et comme le rajoute Puel dans le même entretien, il faut d'ores et déjà se préparer à deux ou trois saisons pour le moins compliquées. Avec des résultats qui, douce évidence, vont parfois pousser les supporters sous la douche (froide).
La cassure de l'après-Gasset
Au-delà du constat, tristement implacable, reste tout de même une question : comment-a-ton pu en arriver là ? Il faut tout simplement remonter au mois de mai 2017. Une fois que Christophe Galtier, l'entraîneur des Verts, décide d'aller voir ailleurs. Lui qui a dû faire face au salary cap dans son effectif pendant des années, à savoir un salaire maximal de 90 000 euros mensuel brut hors primes, et après avoir ramené les Stéphanois en Coupe d'Europe, décide tourner la page. Dans la foulée, et bien avant qu'ils ne nomment le fiasco Oscar Garcia à la tête de l'équipe première, les dirigeants ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Et, comme souvent dans ces cas-là, c'est Bernard Caïazzo, le président du directoire qui prend la parole. "Nous travaillons sur le dossier de l'investisseur. J'ai réussi à convaincre tout le monde à Saint-Etienne. Les choses changent et c'est, de toute façon, indispensable si on veut tenir la comparaison avec nos concurrents. On va entrer dans un cycle d'investissements beaucoup plus important." Adieu donc le salary cap et place à de premières dépenses qui vont s'avérer être de véritables drames, comme le sera l'investissement sur l'attaquant de Dijon, Loïs Diony, acheté près de 10 millions d'euros et qui s'avère, encore aujourd'hui, être le raté le plus cher de l'histoire.