ASSE - Le rendez-vous de Didier Bigard : « Alerte sur les finances »
Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard pose son regard sur la situation financière de l'ASSE et sur son Mercato.
Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard pose son regard sur la situation financière de l'ASSE et sur son Mercato.
« La cessation de paiement guette... On est déjà en sursis. Ce qui nous permet de tenir, c’est le prêt garanti par l’État ». Ces propos ne sont pas ceux de Roland Romeyer, mais de Didier Lacroix président du Stade Toulousain. Le cri d’alerte lancé dans Le Figaro par l’un des plus grands clubs de rugby français pourrait toutefois bien l’être prochainement par un dirigeant du football. Car comme le relève Lacroix « les prêts, il faut bien les rembourser un jour... »
Pour l’ASSE, ce jour est arrivé, sinon pour le PGE du moins pour des emprunts engagés il y a deux ans lorsqu’il a fallu recruter à tour de bras en plein milieu de la saison pour sauver le club.
Est-il nécessaire de rappeler ce douloureux souvenir? Lorsque Oscar Garcia est arrivé, ses actionnaires n’avaient pas eu les moyens de lui offrir l’avant-centre qu’il réclamait et voilà que cinq mois plus tard débarquaient M’Vila, Debuchy, Subotic, Netp. Il n’y avait pas eu multiplication des recettes sur les relevés de banque des Verts, juste des lignes de crédits accordés au prix fort.
Avec l’Europe cette saison et sans le Covid, les comptes n’auraient peut-être pas trop souffert, mais la 17ème place a changé la donne. Si devant la DNCG, le bilan reste positif, il aurait affiché un déficit de 10 M€ sans le PGE et Xavier Thuilot a relativisé les chiffres sur le site News Tank : « Le club n’est pas riche parce qu’il a réalisé dix exercices positifs. Il avait contracté des emprunts pour faire face à la course à l’armement sportif du championnat, anticipant la hausse des droits TV. Cela explique qu’il est toujours en L1, mais il ne peut pas faire de folies sur le marché des transferts. »
Les affluences réduites, les risques de huis clos rendent plus incertains encore les budgets prévisionnels et plus certaine la rigueur. C’est ce qu’a compris Claude Puel. S’il « avait connaissance de la politique à mettre en place pour réduire les pertes, tout en gardant des ambitions et développer les actifs » il dit posséder aujourd’hui « une autre donnée » qu’il « ne peut révéler » mais qui est assez sérieuse pour qu’il affirme « Il n’y a même pas débat. On avait le choix entre garder Fofana ou pérenniser le club et ses salariés ». En clair faute de transfert, il y aurait eu mesures économiques et risque de licenciements avant la fin de l’exercice.
La semaine précédente, dans Les Échos, Bernard Caïazzo affirmait justement que « Sans les ventes, le football français serait au fond du trou ». « 1027 Francais jouent à l’étranger, c’est le plus fort contingent au monde derrière les 1600 Brésiliens et il permet aux clubs de l’hexagone de présenter des comptes positifs, (+359 M€). Les résultats des clubs, hors transferts sont très déficitaires ».
Pour y remédier, Monaco avait montré la voie avec plus d’un milliard de vente en dix ans, Lille a suivi avec Pépé acheté 10M€ et vendu 50M€ ou Osimhen enrôlé pour 22M€ et cédé 70M€. Mais ce trading attire les convoitises des fonds d’investissement américains dont « Didier Quillot a fait le tour pour faire l’article sur la L1 » ainsi que le note dans l’Express, Régis Juanico, député de la Loire. Actuellement, les mêmes financiers sont à l’affût, mais de défaillances pour rafler la mise à moindre coût. Est-ce pour se préserver d’une OPA opportuniste et inamicale, autant que de sérieuses difficultés économiques, que l’ASSE a finalement accepté l’offre de Leicester ? Certains redoutent aussi des difficultés du côté de Mediapro et du versement des droits télé. Ce qui est sûr c’est que l’inquiétude est générale face aux mesures Covid, comme le prouve un communiqué d’Unipros qui réunit les représentants des clubs professionnels: «La menace d’un effondrement économique pour la plupart des structures pourrait se concrétiser dès les semaines à venir par des situations de cessation de paiement ».
A Saint-Etienne, Xavier Thuilot avait prévenu avant même le départ de Fofana « L’augmentation des droits TV ne permettra pas mécaniquement de garder les joueurs ». Était-ce prémonitoire ou réfléchi ? Ce qui est sûr c’est qu’en poussant Leicester à une surenchère, en jouant aussi sur la concurrence italienne, Roland Romeyer qui supervisait le dossier a tiré le gros lot, peut-être aidé par Claude Puel qui connaît bien le club anglais et y a gardé des contacts. Sentait-il jusqu’où l’ASSE pouvait aller? Il savait que Saint-Etienne n’y perdrait pas. Financièrement en cas de départ, sportivement si Fofana restait. »
Didier BIGARD
Les finances de l'ASSE inquiètent encore malgré le transfert record de Fofana...
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