On ne va pas tout brûler parce qu’il n’y avait rien à brûler. La défaite face à Rennes, à domicile, mais sans public, donc plutôt sur terrain neutre n’a fait redescendre sur terre que ceux qui avait été gonflés au protoxyde d'azote, gaz hilarant que les autorités veulent interdire aux mineurs mais qu’ils peuvent aussi déconseiller à quelques suiveurs du ballon rond. Après le nul à Nantes, les Verts n’avaient pas pris pareil départ depuis 1979. Mais il n’y avait pas de quoi s’enflammer du côté du club, parce que l’équipe emmenée par Platini et Rocheteau, malgré quatre autres succès consécutifs derrière, n’avait fini que troisième, ce qui était un demi-échec pour elle. L’histoire plus récente incitait aussi à la prudence ainsi que nous l’avons déjà relevé.
En 2017, après trois victoires pour débuter le championnat, Oscar Garcia restait prudent. « Personne ne s'attendait à un tel début de saison mais il est important de poursuivre notre travail et de convaincre les joueurs que notre façon de jouer est la meilleure pour obtenir des résultats ». Sa voix n’avait pas dû porter assez loin, en tout cas pas jusqu’à ses dirigeants alors qu’il réclamait un attaquant.
Tout va très vite sur un terrain, plus encore autour. Claude Puel a d’ailleurs tout fait pour calmer les enthousiasmes, y compris auprès de ses joueurs, relevait Arnaud Nordin jeudi dernier. « Être en tête de la L1, ce n’est pas rien, mais le coach nous rappelle qu’il ne faut pas s’enflammer et qu’une saison, c’est long ». Même un match peut l’être quand on est dépassé. Ce fut le cas samedi avec des faits de jeu qu’il serait indécent de mettre en avant. Nordin a certes marqué un but refusé pour un hors jeu de quelques centimètres et aurait pu prétendre peut-être à un penalty. Mais huit jours plus tôt ce sont les Verts qui avaient tiré bénéfice de deux situations identiques, au grand dam de Christian Gourcuff. Ainsi va la VAR.
Les Rennais ont consenti de gros investissements
Le vent violent descendu de Bretagne sur Geoffroy-Guichard doit insuffler d’autres réflexions. Puel en est bien conscient, ses non-réponses sur Fofana et Bouanga, étant plus éloquentes qu’une dissertation. Sur son défenseur il s’est contenté d’un « Wesley est un peu perturbé » et pour celui qui aurait dû être buteur, il fut presque aussi mutique que lui «Je ne veux pas rentrer dans les cas individuels. Certains ont joué à leur niveau, d’autres pas ». La réalité est simple, il l’énonce : « Pour rivaliser avec Rennes, on a besoin d’être efficace et de disposer de nos meilleurs atouts. On a besoin d’avoir nos leaders techniques. Il y a des joueurs importants dans notre jeu. Quand ils ne sont pas là ou qu’ils ne démarrent pas le match, ce n’est pas pareil. »
Moueffek n’est pas Debuchy, Moukoudi pas Fofana. Et quand Kolodziejczak a des semelles de plomb face à l’aérien Aguerd, quand Bouanga perd le fil du but, quand le milieu laisse des boulevards, quand Moulin fait du très mauvais Ruffier, le poids du talent et de l’argent parle. Guirassy, c’est 15 millions, Terrier 12M€, Aguerd un défenseur 5 M€ et la saison dernière, la famille Pinault avait consenti autant d’efforts pour attirer Raphinha (20 M€), Niang (15 M€), Tait (10 M€) ou Nzonzi au salaire de champion du monde. La qualité a un prix et on ne parle pas de celle du phénomène Camavinga dont chaque sortie de balle, tête haute, relativise les performances de ses adversaires directs.
Fofana fait plus parler que Camavinga, la star bretonne
On le comprend à travers ces données. La victoire des Rennais n’est pas une surprise, surtout pas pour Puel qui les classait avant le match parmi les favoris du championnat et implicitement de cette confrontation trompeuse entre les deux co-leaders. Il n’empêche qu’on peut se demander si la rencontre n’aurait pas été plus équilibrée avec Fofana d’entrée de jeu. Lui aussi a une belle valeur, sur la pelouse, mais lui fait plus parler en dehors que la star bretonne devenue tricolore. Jean-Michel Larqué a ainsi bien résumé le problème des Stéphanois « S’il part, ils vont se mettre en danger sportivement ». On l’a vu samedi...
Didier BIGARD
Pour résumer
La défaite de l'ASSE contre Rennes n'avait rien d'illogique...