Bernard Caiazzo
Bernard CaiazzoCredit Photo - Icon Sport
par Laurent HESS
MONEY MONEY MONEY...

ASSE - Le rendez-vous de Didier Bigard : « L’argent des autres... »

Cette semaine, Didier Bigard évoque l'actu de l'ASSE à travers la baisse de salaires sollicitée par le club aux joueurs et au staff, et la volonté des supporters de voir le duo de présidents passer enfin la main...

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« En France, plus qu’aux États Unis où la réussite s’affiche en dollars, on n’aime pas trop parler de ce qu’on gagne chaque mois. Sauf si c’est pour défiler avec un gilet jaune, mais là c’est un débat qui n’aligne pas les zéros. Si on n’aime pas avancer ses fiches de salaires, sinon pour montrer à son banquier qu’on a du répondant et qu’il pourra dormir sur ses deux oreilles pendant quinze ou vingt ans, c’est qu’on craint de faire des jaloux. Question de culture sans doute transmise par des générations dont celle de cette grand-mère lançant à l’adresse de son fils se plaignant de payer trop d’impôts « Si tu en paies, c’est que tu gagnes beaucoup ». Clap de fin du repas de famille... 

Peut-être les cadors du portefeuille de la L1 ont-ils connu cette mamie. On n’en a entendu aucun rebondir sur les chiffres avancés par nos confrères de l’Equipe, expliquant qu’un joueur gagnant 100 000 euros brut n’en perçoit que 77 000 net et qu’il ne lui reste que 42 350 après impôts. On vous laisse le soin de mettre autour des « ne restait que » des guillemets plein de prudence pour éviter tout emballement sur les réseaux supposés sociaux.

Cet adjectif social est le même quand on parle de plan, mais il n’a forcément pas le même tintement, qu’il résonne dans une fonderie de l’Est du pays, dans une entreprise de presse (n’est-ce pas amis de l’Equipe, et, trahis de Téléfoot?) ou dans ce monde du football sonné par la baisse de ses revenus. Il n’a pas non plus les mêmes conséquences selon l’étage où on travaille dans ces clubs déconfits. Il ne provoque pas les mêmes angoisses chez les obscurs du ballon qui tapent dedans avec des pieds carrés, que chez ceux dont le talent éclaire un stade.

Attention à la démagogie et aux bons sentiments qui se traduisent par une distribution de bons points. Nous avons bien failli tomber dans ce piège habilement tendu par les bien-pensants qui ne sont pas tous des bien-gérants, encore moins des garants d’un bon sens économique qui aurait dû les éloigner des mirages de contrats télé plus foireux que juteux.

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Ne rêvons pas. Il faut d’abord sauver l’équipe. Et les bons sentiments ne suffiront pas

Pour combler les déficits les mêmes qui ont investi par avance des droits qui ne viendront jamais se tournent vers leurs employés. Ils jouent sur le velours d’un consensus populaire quand ils surfent sur les montants des salaires de leurs stars. Même si derrière, il y a aussi quelques jeunes espoirs qui n’ont d’étoiles que leurs yeux et des vieux briscards qui ont une carrière plus longue que leur fiche de paie. Se faire une bonne pub mutualiste, mettre en avant des accords de baisse de salaire qui ne sont souvent que des reports, ça fait genre responsable, et dans cet univers solidaire quand il n’y a pas (ou plus) de gâteau à partager, ça met un peu de pression chez les copains. On ne va relayer ici des actions qui seraient belles en restant discrètes.

Bien sûr que chacun doit faire un effort en période de crise, selon ses capacités, et les talents de négociateurs de leurs agents. Bien sûr que l’ASSE ne peut pas échapper à des discussions salariales mais parce que les contrats sont individuels, ils seront revus de gré à gré selon le code du travail et on ne croit pas bon de jeter en pâture des joueurs qui méritent surtout la critique pour leurs performances, insuffisantes, loin des attentes, loin de leurs contrats, même revus à la baisse.

Bien sûr que les membres du staff doivent aussi être remis en cause pour l’échec de leur politique et pas seulement parce qu’il n’y a plus de public aux guichets. Bien sûr enfin que les dirigeants doivent assumer leurs erreurs et ne pas se cacher derrière un virus ou dans un émirat doré. En vendant jusqu’à brader le club, comme le réclament des groupes de supporters ? C’est une ouverture subtile adressée à des actionnaires qui ont toujours clamé qu’ils ne feront pas de bénéfice sur le dos des Verts. Mais on préfèrerait qu’ils cèdent leurs parts au juste prix, sans dévaluer un maillot déjà terni, sans l’offrir à des vautours, en acceptant une augmentation de capital. Mais ne rêvons pas. Il faut d’abord sauver l’équipe. Et les bons sentiments ne suffiront pas. »

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Laurent HESS
Rédacteur
Laurent HESS

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