Laurent Batlles
Laurent BatllesCredit Photo - Icon Sport
par Laurent HESS
ANALYSE

ASSE - Le rendez-vous de Didier Bigard : « Entraîner, c’est aussi faire le ménage »

Dans sa chronique hebdomadaire, Didier Bigard revient sur les nombreux mouvements qui ont rythmé le Mercato de l'ASSE cet été. Et plus particulièrement sur les départs...

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« Une trentaine de joueurs qui quittent le club. Même si ce nombre est gonflé par les fins de contrats de jeunes qui ne sont pas parvenus à franchir la porte de l’équipe première, cela fait beaucoup dans un sport qui se joue à onze! Difficile pourtant de discuter la décision de ne pas renouveler, prolonger ou simplement conserver ces éléments désormais du passé pour avoir été dépassés. Il fallait bien qu’ils assument, à défaut de payer, la relégation. Il n’y avait pas de raison que l’entraîneur en porte la seule responsabilité, même grande,  partagée par deux personnalités aux antipodes techniques et humaines. Pascal Dupraz a perdu son pari pour avoir cru avoir gagné trop tôt le gros lot. En personnifiant à l’excès son rôle de sauveur, en s’appuyant sur le « Je » qui avait fait de lui un acteur de soap série sportive à Toulouse, il a touché les limites du paternalisme. Son discours s’est éventé, ses répliques devinées quand elles voulaient convaincre. Les joueurs sont impitoyables et pas seulement les jeunes pointés du doigt. Ceux qui l’appelaient papa ont aidé à tuer le père.

Et de deux après Claude Puel donc, sinon trois car Ghislain Printant avait connu le même sort, avec les mêmes footballeurs, professionnels surtout au moment d’encaisser leur salaire. Exit le successeur de Jean-Louis Gasset qu’ils avaient poussé sur le devant de leur scène plus par confort que par conviction. L’homme méritait plus d’égards. N’est-ce pas Roland Romeyer ?

Le danger, c’est parfois d'avoir un staff de courtisans

Avec Claude Puel le morceau allait être coriace, réputation, palmarès et caractère obligent. Mais si le feuilleton a couru sur plus d’épisodes, le mot fin a été peint sur la même porte, par les mêmes bons hommes pas très bons sur le terrain. Le temps des regrets et du Covid en a fait oublier la première finale de coupe de France disputée par le club depuis 1982 sous la baguette d’un manager général qui a tendu le bâton à force de croire que rien ne pouvait l’abattre. Il a fait le ménage, pas toujours à bon escient, et ce n’est pas un staff de courtisans effrayés qui allait l’empêcher de prendre des voies sans issues. Pas sûr qu’il ait fait les bons choix au moment de trier le bon grain de l’ivraie, coincé par des contrats en béton ou plutôt en or, mais aussi par ses certitudes quand il a laissé Moulin filer à Troyes, Debuchy vers sa peine, Palencia vers un intérim ou qu’il a refusé des recrues, dont, dit-on, Malacia aujourd’hui à United.

Et voilà que Laurent Batlles arrive pour le coup de balai sur cet univers de traumatisés. Sa tâche est facilitée par des fins de bail qui ont pesé plus lourd sur le budget du club que sur les adversaires, mais il entendait tourner d’autres pages, gribouillées par des pieds maladroits, des esprits tourmentés par la descente dans un climat suffocant, et laissés seuls au front par des actionnaires inactifs.

Le chantier est un champ devenu inculte, que le nouvel homme fort du club a vite compris devoir labourer en profondeur, à défaut de le faire comprendre à ses dirigeants, comptables de leurs finances quand lui l’est des points: de ceux du classement, de ceux qu’il a fallu mettre dans les discussions avec ses joueurs. Des mots doux ont bruissé d’une entrevue avec Camara, d’autres ont saisi qu’ils n’étaient pas indispensables, écartés pour manque de rigueur ou pour blessures à répétition, synonyme souvent de cause et conséquence.

Pour écrire le nouveau chapitre qui lui a été confié, restait à Laurent Batlles à trouver la bonne inspiration, aidé par son père ce que personne ne lui reprochera si les renforts en sont vraiment. Logiquement, en connaisseur des vicissitudes du milieu, il s’est entouré d’hommes de confiance, de proches. Le risque est qu’ils le soient trop pour oser lui apporter la contradiction. »

Didier Bigard 


 

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Pour résumer

Dans sa chronique hebdomadaire, Didier Bigard revient sur les nombreux mouvements qui ont rythmé le Mercato de l'ASSE cet été. Et plus particulièrement sur les départs... Il y en a une une petite trentaine au total chez les Verts.

Laurent HESS
Rédacteur
Laurent HESS

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