par Alexandre Corboz

OL – OPINION Lacazette, si seulement vous le connaissiez…

Mercredi soir, Alexandre Lacazette a fait l’objet d’une grogne des supporters de l’OL suite à une interview.

Buteur sur penalty, l’attaquant a eu droit à une banderole lapidaire et à des sifflets des supporters. Triste.

J’ai beaucoup hésité avant de me lancer et de rédiger ce billet d’humeur mais mercredi soir, j’ai été profondément attristé. Plus d’une heure après la rencontre, j’ai croisé Alex Lacazette dans les couloirs du Parc OL. Je lui ai serré la main sans un mot, sans rajouter à sa peine et parce que je ne savais, moi-même, pas quoi lui dire. J’ai vu un mec touché, peut-être pas « détruit » ou « mortifié » comme l’a annoncé Jean-Michel Aulas mais que je n’avais quand même pas souvent vu comme ça à Lyon. J’ai lu ses retweet de messages de soutien dans la nuit. Je pense que c’était lui, pas son Comunity Manager ou son agent, cherchant à se rebooster, à chercher à aller de l’avant via des messages gentils pour faire face aux sifflets et à cette injuste banderole. Qu’on pense à faire passer pour un carriériste un mec aux 114 buts avec l’OL, dans le Top 5 des buteurs du club, c’est juste insupportable à mes yeux.

Alex, l’homme derrière la carapace

Lorsqu’il était plus jeune et du temps de « But ! Lyon » papier, j’ai été proche d’Alex (moins aujourd’hui depuis qu’il est la star de l’OL et que je passe plus de temps sur d’autres projets). Je pense le connaître suffisamment bien. Ce gamin, je l’ai découvert en 2008-2009, lorsque j’arrivais pour couvrir l’OL et qu’il démarrait de son côté en CFA à tout juste 17 ans. Il avait encore des tresses sur la tête et pouvait parfois se confondre avec son coéquipier Éric Tie-Bi. Très vite, et beaucoup de journalistes pourront le confirmer sans peine, j’ai vu en Alexandre Lacazette (ainsi qu’en Harry Novillo à l’époque), le vrai avenir de Lyon. Cela ne fait pas de moi un visionnaire : il suffisait juste d’ouvrir les yeux et de le regarder évoluer en réserve pour comprendre à qui on avait à faire.

Très vite, nous avons échangé. Alex a une carapace. C’est un garçon très réservé, qui n’était à l’époque pas toujours sûr de son talent ou un peu trop modeste. En tout cas, je l’ai ressenti comme tel. Quand il regardait certains joueurs de sa génération comme Griezmann ou Kakuta, il ne se voyait pas forcément à leur niveau, comprenait les choix incompréhensibles de Francis Smerecki chez les Bleuets (lui préférer Autret ou Sunu, sans déconner…) ou les excuses bidons de son club de cœur pour ne pas lui donner de contrat pro. On a beaucoup échangé par MSN à l’époque. Sur beaucoup de sujets et sur le ballon rond, un monde si particulier.

C’est un mec bien encadré par ses proches. Son frère Jérôme, présent souvent sur les matches avec toute sa petite famille et qui n’est pas du milieu du foot, son autre frère Benoît qui a eu sa petite carrière à Chasselay et en futsal, son père Alfred… Ces gens-là n’ont jamais fait les choses à l’envers ou en voyant Alex comme une vache à lait. C’est dans ce contexte qu’a grandi Alex. Sans agent aussi puisque, même si beaucoup ont tenté de l’attirer et qu’il connaissait David Venditelli bien avant ses 17 ans, ce n’est qu’à 19 ans et avant son titre de champion d’Europe qu’il a franchi le pas. Comme par hasard deux semaines seulement avant que l’OL se décide à lui accorder le crédit qu’il méritait avec son premier contrat professionnel venant couronner une saison à 14 buts.

L’anti-mercenaire par excellence

Je sais, parce qu’il me l’a dit à une époque, qu'il aurait pu s’imaginer faire toute sa carrière à l’OL. C’était avant le premier « couac » lors de ses négociations pour une prolongation à l’été 2015. Je pense qu’il a beaucoup appris de ça. Il a aussi pris conscience entre temps que ce que lui disaient certains n’étaient pas de flagornerie mal placée mais la vérité. Qu’il pouvait exprimer son potentiel plus haut que Newcastle, qui a tenté de l’attirer à une époque, ou que l’OL. Il a aussi vu son pote Sam Umtiti partir à Barcelone, y réussir et susciter comme Karim Benzema, la fierté de sa ville, de son club formateur. Pour moi, une chose est certaine : il n’est pas et ne sera jamais un mercenaire.

Ce maillot, ce blason, ce club… Il l’aime, le gamin de Mermoz. Mais son destin n’est pas celui d’un Fleury Di Nallo. Le foot a changé. Même s’il n’en a pas toujours été convaincu et qu’il a, je pense, une crainte de quitter son cocon lyonnais, son destin est d’être un porte-étendard à l’étranger de la formation rhodanienne. De « taper » plus haut pour gagner pourquoi pas un jour la Ligue des Champions. Chose inimaginable avec l’OL d’aujourd’hui, soyons honnête. Ce n’est pas comme ça qu’il l’a exprimé dans son interview mais ce qu’il a dit et que Canal+ a diffusé avant le derby, ce n’était pas quelque chose de nouveau ou qu’on a appris en regardant l’avant-match. Je n’en suis pas à définir les niveaux de responsabilité, à faire le procès des Bad Gones ou à jouer les moralistes. Je n’en suis pas à taxer les médias (auquel j'appartiens aussi) d’avoir détourné des propos ou à les avoir monté en épingle. Il s’agit juste de comprendre qui est Alexandre Lacazette. Un mec amoureux de son club, bien cadré, impliqué, qui n’a pas toujours été le joueur qu’il est aujourd’hui et qui, je pense, souffre dans sa chair de ce désamour (sans doute passager) du public lyonnais.

Alexandre CORBOZ

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Mercredi soir, Alexandre Lacazette a fait l’objet d’une grogne des supporters de l’OL suite à une interview.

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