Stade Rennais : Montanier sous haute pression

Stade Rennais : Montanier sous haute pression
But ! Football Club
11 août 2014

En devant entraineur général, Philippe Montanier a été renforcé dans ses fonctions, suite au changement de direction à la tàªte du club breton. Désormais chef de toute la politique sportive du club, le normand se retrouve en première ligne. Avec l'obligation de faire mieux que la pale douzième place de la saison dernière, conjuguée à une défaite en finale de coupe de France. En sera-t-il capable ?

En ce début de saison, les habitués du stade de la route de Lorient devront s'y faire. Pour reconnaitre instantanément les nouveaux joueurs du Stade Rennais, une période d'adaptation sera très certainement nécessaire. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe rennais a été profondément remanié. Si certains visages ne seront pas inconnus des suiveurs de la Ligue 1, comme ceux de Benjamin André (AC Ajaccio), de Christian Bruls (OGC Nice via La Gantoise), de Gelson Fernandes (Fribourg, ex Saint-Etienne), de Sanjin Prcic (Sochaux) ou encore d'Olivier Sorin (Auxerre), d'autres le sont beaucoup moins. Le défenseur international mozambicain du National Madère (Portugal) Mexer, le jeune espoir macédonien Gjoko Zajkov (défenseur, Rabotnicki Skopje), le milieu de terrain offensif brésilien Pedro Henrique (FC Zurich, Suisse) et l'attaquant international autrichien Philipp Hosiner ont également rejoint les rangs rennais.

Un effectif très largement remanié

Du coté des départs, les dirigeants se sont attelés à vendre les joueurs disposant d'une « bonne » valeur marchande. Ainsi, Romain Alessandrini et Tiémoué Bakayoko ont été vendu à deux poids lourds de la Ligue 1, en l'occurrence Marseille et Monaco, pour respectivement 5 et 8 millions d'euros. Jonathan Pitroipa a répondu aux sirènes des Emirats Arabes Unis, en signant dans le club d'Al Jazirah Abu Dhabi. A la grande joie des dirigeants rennais, qui récupèrent 5 millions d'euros dans l'affaire. Dimitri Foulquier a été cédé définitivement, après une année en pràªt, au FC Grenade. Il évoluera donc encore cette année en Liga (2,5 millions d'euros). John Boye, Julien Feret et Cheick N'diaye, tous les trois en fin de contrat, n'ont pas été prolongés. Enfin, il y aussi les pràªts. Dans le sens des retours, Foued Kadir (Marseille), Nelson Oliveira (Benfica Lisbonne) et Silvio Romero (Lanus, Argentine) ont regagnés leurs clubs après une année en Bretagne.

Quant aux rennais toujours sous contrat, les deux Diallo, Sadio (Lorient) et Abdoulaye (Le Havre), ont été une nouvelle fois cédés aux clubs qui les avaient accueillis la saison passée. Descente en National oblige, Cheikh Diarra a fui Istres et évoluera à Auxerre pour une saison. Zana Allée (Auxerre), Axel Ngando (Auxerre) et Abdoulaye Sané (Laval), tous les trois pràªtés la saison dernière, seront sans doute invités eux-aussi à trouver du temps de jeu loin de Rennes pour cette nouvelle saison.

Du changement aussi en coulisses

Ce profond remaniement s'inscrit dans la réorganisation totale du club breton, suite au départ de Frédéric de Saint-Sernin, congédié Franà§ois-Henri Pinault. Le propriétaire du club a rappelé un ancien de la maison rennaise, René Ruello, pour l'installer au poste de président. Fonction qu'il avait déjà occupé à deux reprise (1990-1998, 2000-2002). Jean-Luc Buisine est conforté dans son poste de responsable du recrutement et Philippe Montanier s'est vu renforcé dans ses prérogatives. Il est aujourd'hui entraineur principal du Stade Rennais. Concrètement, en plus d'entrainer l'équipe professionnelle, il devient le responsable de toute la politique sportive du club (professionnels, formation”¦).

La réorganisation de l'organigramme des rouges et noirs répond à un objectif clair : améliorer le fonctionnement du club et faire entrer le Stade Rennais dans une nouvelle ère, qui devra à moyen/long terme installer le club breton parmi les places fortes du football franà§ais. Pour se faire, les ambitions pour l'année à venir sont déjà établies : faire mieux, aussi bien au niveau du jeu pratiqué que des résultats obtenus.

Car le moins que l'on puisse dire, c'est que l'année dernière, Philippe Montanier a déà§u. Le normand avait fait naitre beaucoup d'espoirs chez les supporters. Que ce soit à Boulogne, Valenciennes ou à la Real Sociedad, il a toujours su manager ses équipes d'une main de maitre, en alliant beau jeu et résultats probants. L'irrégularité chronique de son équipe n'a pu lui permettre d'obtenir mieux qu'une douzaine place, en deà§à des ambitions initiales du club. Le bon parcours en coupe de France a été totalement oublié par le non match de ses joueurs en finale, de surcroit face au voisin guingampais. Dans ce contexte, pourquoi Philippe Montanier a-t-il été renforcé dans ses pouvoirs ?

Montanier meilleur la deuxième année ?

La particularité de l'ancien gardien de but de Caen, de Toulouse ou encore de l'AS Saint-Etienne est justement de (souvent) faire mieux durant ses deuxièmes saisons à la tàªte des clubs qui lui ont confié les ràªnes de leurs équipes. Lors de sa première expérience en tant qu'entraineur principal, à Boulogne-sur-Mer (il avait auparavant occupé le poste d'entraineur adjoint à Toulouse, Bastia puis avec la sélection de Cote d'Ivoire), il fait passer son club du CFA à la Ligue 1 en cinq saisons, de 2004 à 2009. Il rejoint en 2009 Valenciennes, en remplacement d'Antoine Kambouaré. Lors de sa première saison, il hisse le club du nord à la dixième place (52 points, 50 buts marqués, 50 buts encaissés) ce qui représente toujours aujourd'hui le meilleur classement de VA depuis les années 1970. La saison suivante, Valenciennes termine à la douzième place (48 points, 45 buts marqués, 41 buts encaissés).

Si Philippe Montanier a, au cours de son expérience valenciennoise, réalisé une seconde saison légèrement inférieure quant à la position de son équipe au classement final et à son nombre de points, il a eu le mérite de stabiliser un club qui n'était remonté en Ligue 1 que depuis trois ans, et après plus de dix ans d'absence au sein de l'élite. Montanier a aussi et surtout su apporter une qualité de jeu faite de possession de balle, jeu dont était dépourvue l'équipe de son prédécesseur Antoine Kambouaré, davantage axée sur des considérations physiques et défensives. L'instauration à Valenciennes d'un jeu « à l'espagnole » a incité les dirigeants de la Real Sociedad à installer Montanier sur le banc du banc du club basque.

Pour sa première saison en Liga, la Real Sociedad termine à la douzième place de la Liga (47 points, 46 buts pour, 52 contre). Lors de sa seconde saison, le technicien réussit l'exploit d'hisser ses joueurs à la quatrième place du championnat, qualifiant le club pour le tour préliminaire de la ligue des champions (66 points, 70 buts pour, 49 buts contre). Deux principaux faits d'armes sont à imputer à Philippe Montanier lors de son passage en Espagne. Le premier est d'avoir fait éclore une génération prometteuse composée de jeunes joueurs talentueux (Carlos Vela, Antoine Griezmann, Asier Illaramendi, Inigo Martinez”¦). Le second est d'avoir été un véritable poil à gratter pour l'ogre barcelonais, qu'ils ont tenus en échec la première année (2-2), avant de les battre lors de la seconde (3-2).

Une promesse de résultat et de jeu

Finalement, tel semble àªtre le crédo de Philippe Montanier : une année pour construire, pour observer, puis une seconde pour éclore. C'est d'ailleurs ce qu'il confirmait récemment à nos confrères de BFM TV, lorsqu'il revient sur sa première saison rennaise : « Cette première année était éprouvante mais toujours dans une bonne atmosphère de travail. Elle m'a permis de prendre la température et d'avoir une bonne vue sur l'ensemble du club. Après un an d'observation, notamment avec les jeunes, je connais mieux l'effectif et j'ai une idée plus précise de ce que je veux faire. Je ne sais pas si l'attente va àªtre forte. J'étais content que le président me donne ces prérogatives. C'est une cohérence par rapport à sa vision de l'organisation d'un club, avec une hiérarchie où tout tourne autour de l'entraà®neur comme à§a peut se faire en Angleterre. En tout cas, on espère faire mieux que la saison dernière. L'effectif a été chamboulé mais c'était voulu pour àªtre plus compétitifs. [”¦] Je suis persuadé qu'on a plus de chances d'avoir des résultats durables en jouant bien. Mais le plus dur, c'est de le faire ».

Tout porte à croire que le Stade Rennais, sous la houlette de Philippe Montanier, pourrait devenir la bonne surprise de cette saison en Ligue 1. Le « batisseur » rennais a construit un effectif à sa main, pràªt pour réaliser une seconde saison de qualité, à l'image de ce qu'il a pu faire en Espagne. Néanmoins, prudence. Si Montanier garde une belle cote d'entraineur, il n'empàªche qu'il a aussi montré la saison dernière certaines défaillances. En particulier dans la gestion de certains joueurs qui, pour des raisons sportives comme extra-sportives, s'est avérée défaillante (Nelson Oliveira, Romain Alessandrini, Jean-Armel Kana-Biyik, Jean II Makoun, Jonathan Pitroipa, Julien Feret”¦).

Jérémy Becam et Youri Danielou

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