par Laurent HESS

ASSE - Exclu BUT! : Le cuisinier Pierre Gagnaire évoque sa passion pour les Verts

Chevalier de la Légion d’honneur, élu « plus grand chef étoilé du monde » par ses pairs en 2015, le grand chef cuisinier stéphanois Pierre Gagnaire (68 ans) explique dans But Saint-Etienne que l’ASSE est sa Madeleine de Proust.

But !: Pierre, quel est votre rapport avec le foot ?

Pierre GAGNAIRE : Le foot a toujours été présent dans ma vie. J’y ai joué étant petit, à l’ASSE. J’allais voir les matches à Geoffroy-Guichard avec les copains. On y allait à vélo. A cette époque, les joueurs avaient l’habitude de venir manger au Clos Fleuri, le restaurant de mon père. N’Jo Léa venait souvent, Tylinski aussi, Hervé Revelli.

Certaines amitiés sont-elles restées ?

Bien sûr. J’ai gardé le contact avec Jean-Michel Larqué, Patrick Revelli, Bernard Champion, Pierre Repellini. Je suis très copain aussi avec Gérald Passi.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de l’ASSE ?

J’en ai beaucoup. J’ai la chance de faire partie d’une génération qui a vécu la grande époque de Saint-Etienne, la fameuse épopée. Les Verts m’ont donné beaucoup de joies et ils m’en donnent encore aujourd’hui.

Vous ont-ils déjà fait pleurer ?

Non. J’ai déjà été triste mais pas au point de pleurer. Je ne suis plus un « matru » (ndlr : un enfant, en patois stéphanois) maintenant, alors je relativise. Mais les mauvais moments de l’ASSE ont coïncidé avec mes mauvais moments personnels puisque le club était tombé en D2 quand j’avais fait faillite.

Vous étiez à la finale de la Coupe de la Ligue en 2013 ?

J’y étais. Et j’en garde un très bon souvenir. Cela faisait si longtemps que le club n’avait rien gagné. C’était un moment magique. L’ambiance était extraordinaire, ce Stade de France repeint en vert. On avait une belle équipe. Christophe Galtier avait su créer une belle cohésion. Il a fait du bon travail à Saint-Etienne. Je l’aimais bien.

Vous vivez le plus souvent à Paris. Revenez-vous régulièrement à Saint-Etienne ?

Hélas non, pas assez. Je suis très pris. Mes amis me proposent souvent de venir voir les Verts, Yves Mathoud notamment. Quand je retourne dans le Chaudron, c’est toute mon enfance qui remonte à la surface. L’ASSE, c’est ma Madeleine de Proust. J’ai grandi avec ses exploits. Mais je suis toujours les résultats de près, évidemment. Je regarde les matches dès que je le peux. Je n’aime pas trop regarder le foot à la télé. Je ne regarde que les matches de « Sainté ».

Que pensez-vous du début de saison de l’équipe ?

Il est encourageant. On n’a perdu que deux matches. On est dans le haut du tableau et je trouve qu’il y a une progression. J’ai bien aimé nos deux dernières victoires. C’était spectaculaire contre Angers, et contre Reims, c’était un match bien maitrisé. On a fait le plein de confiance avant le derby. Je trouve qu’on a une belle équipe, généreuse. Il y a des joueurs de talent comme Khazri, Cabella. Jean-Louis Gasset est un très bon entraîneur. On sent beaucoup de sagesse, d’expérience. Il a un bon relationnel avec ses joueurs et c’est un aspect très important. Sur le terrain comme dans la vie, il ne faut rien lâcher ! Il faut aller de l’avant ! L’esprit d’équipe est primordial, la solidarité, l’envie de gagner. Une équipe, ce n’est pas que des bons techniciens. Il faut des besogneux aussi, des gars qui insufflent les bonnes valeurs, comme l’étaient des Mitoraj, des Farison.

Que pensez-vous de la rivalité entre les Stéphanois et les Lyonnais ?

Elle m’amuse quand elle est bon enfant. Mais quand il y a des débordements, quand ça devient diabolique, je n’aime pas ça. Le foot n’est pas un exutoire, ce n’est pas fait pour que les gens viennent régler leurs comptes. Les déploiements de police, les bagarres, ce n’est pas ça, le foot. C’est un jeu. Quand on voit qu’on en arrive à interdire les gens de se déplacer, d’aller voir des matches… C’est regrettable. On devrait pouvoir aller au stade tranquillement, en famille ou entre amis, boire une bière, manger un sandwich.

Avec Paul Bocuse, vous arrivait-il de parler foot ?

Non. Nous ne parlions que de cuisine tous les deux.

Vous avez 18 restaurants à travers le monde. Vous arrive-t-il d’aller voir des matches ?

Oui, particulièrement à Londres. J’aime beaucoup les stades de Crystal Palace et de West Ham. Ce ne sont pas les équipes qui pratiquent le plus beau jeu, mais ce sont des clubs populaires, qui ont une âme. Selhurt Park, le stade de Crystal Palace, me rappelle Geoffroy-Guichard, en plus rustique. C’est très très chaleureux. Le public est formidable. Les gens chantent tout le temps. Ils encouragent même quand leur équipe perd. J’aime ces ambiances. Je vais aux matches pour ça, même en hiver. Ça ne me dérange pas d’avoir froid aux miches dans les gradins. En plus, en Angleterre, les matches ne sont jamais médiocres.

Propos recueillis par Laurent HESS

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Pour résumer

Eu « plus grand chef étoilé du monde » en 2015, le grand chef cuisinier stéphanois Pierre Gagnaire (68 ans) explique que l’ASSE est sa Madeleine de Proust.

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Rédacteur
Laurent HESS

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