RC Lens : Kombouaré, un boycott qui laissera des traces
D'abord compréhensifs, les supporters semblent aujourd'hui particulièrement agacés par le comportement de leur entraineur. Alors que les artésiens sont maintenant assurés d'évoluer en Ligue 1, Kombouaré a repris le chemin de l'entrainement. Sans rassurer les supporters lensois”¦
« La L2 à Lens, ce sera sans moi ». Ces mots sont ceux d'Antoine Kombouaré, prononcés en fin de saison dernière. Lors du stage de fin de championnat, qui s'est déroulé à Marbella, l'entraineur artésien avait signifié au président Martel que si le club ne présentait pas des garanties solides (aussi bien administratives que sur le recrutement de nouveaux joueurs) permettant d'installer le RCL dans la première partie du classement, il claquerait la porte. Face aux multiples péripéties rencontrées par le club lensois durant l'intersaison (rétrogradation en Ligue 2 par la DNCG, flou autour des investissements du propriétaire Hafiz Mammadov, interdiction de recrutement tant que les garanties financières ne sont pas levées”¦), l'entraineur lensois a donc décidé de sécher la reprise de l'entrainement. Son staff technique, sous la houlette de son fidèle adjoint Yves Bertucci, assurait les affaires courantes.
Si les problèmes exstrasportifs rencontres par le RCL sont encore loin d'àªtre résolus, Antoine Kombouaré a fait sa rentrée auprès de ses joueurs le 29 Juillet. Pendant ce temps, le kanak a assuré avoir été en contact permanent aussi bien avec son staff qu'avec son président et son directeur sportif, de manière à peaufiner le recrutement.
Blanchard fâché avec Kombouaré
Néanmoins, cette prise de position n'a pas manqué de faire grincer quelques dents au sein du Racing Club de Lens. Le président Martel, qui avouait comprendre le malaise de son entraineur, n'en a pas moins rappelé qu'il ne cautionnait pas cette attitude, qui entrainera une sanction financière. Le directeur sportif Jocelyn Blanchard (qui serait en conflit ouvert avec le kanak) a déclaré dans les colonnes de la Voix des Sports qu'il « avait du mal avec à§a. C'est utopiste de parler ainsi, on ne peut pas dire oui à tout, tout le temps. Comme je le dis souvent, on est au service du club, on est là pour servir une cause, une ambition. Si on n'est pas d'accord avec à§a, il ne faut pas venir… ».
La presse régionale fait état de tensions entre l'entraineur lensois et son staff technique. Quand à Hafiz Mammadov, sa réaction fut tout aussi glaciale que celle du directeur sportif. Dans un communiqué publié dans le journal L'Equipe, il fait part de son indignation à propos de la situation actuelle du club : « au regard des événements survenus au RC Lens, je suis forcément enclin à des changements au sein du management, changements qui seront annoncés très bientôt. A ce stade, en qualité d'actionnaire majoritaire et de sponsor principal du club, je ne ressens pas que mes intéràªts soient bien préservés ou promus ». Si le président Gervais Martel, dont la gestion se voit de plus en plus décriée, semble directement visé, Antoine Kombouaré serait également concerné par les propos ambigus du propriétaire azéri.
Les supporters ont perdu patience…
Les supporters ont eux-aussi rapidement déchanté. En effet, ils semblaient, dans un premier temps, soutenir la fronde de leur entraineur. Pour ces derniers, Kombouaré avait été « fourvoyé » par le président Martel et par les déclarations tapageuses de Mammadov, parlant de recrues « à la parisienne » ou « à la monégasque ». D'ailleurs, en signant un contrat de trois ans la saison dernière, le message était clair : une première année pour remonter en Ligue 1 et ensuite un projet sur deux ans, avec pour objectif de construire une équipe compétitive. Face à ce challenge séduisant, Antoine Kombouaré s'était laissé tenter, bien que n'étant pas chaud pour repartir en Ligue 2.
Avec cette affaire, tout porte à croire que le crédit obtenu par l'entraineur avec la remontée de la saison dernière ait volé en éclat. Pendant son absence, sa participation à un tournoi de golf regroupant professionnels et célébrités (photos à l'appui) a profondément choqué les suiveurs lensois. Pourquoi ne pas avoir repris l'entrainement, quitte à démissionner pendant l'été, comme il a déjà menacé de le faire, si les promesses engagées n'étaient pas respectées ? De plus en plus de fans du RCL vont màªme jusqu'à dire que Kombouaré fait honte au blason lensois avec ce comportement que beaucoup juge inadmissible.
L’UCPF condamne Kombouaré
Si l'entraineur s'estime « droit dans ses bottes », il n'empàªche que son action ne restera pas sans conséquence. D'abord dans son travail quotidien : comment le technicien va-t-il faire pour gérer un groupe qui semble se profiler vers une lutte acharnée pour le maintien alors que lui-màªme « fui » face aux difficultés ? Ensuite pour sa réputation : le kanak véhiculait l'image d'un homme franc, honnàªte, sain, sorte d'OVNI dans le monde du football. En prenant le RCL en otage, il ne sert pas sa propre image. D'ailleurs, l'UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football), par la voix de son président Jean-Pierre Louvel, s'est empressé de condamner l'attitude d'Antoine Kombouaré, en signifiant que de tels comportements n'étaient pas acceptables aussi bien « vis-à -vis des gens qui travaillent au club, des joueurs ainsi que des supporters ». L'UNECATEF (Union Nationale des Entraineurs et des Cadres Techniques Professionnels de Football), d'ordinaire premier soutien des entraineurs, s'est-elle montré des plus discrètes.
Quant aux supporters, ils ne croient plus en un entraineur qui n'a pas hésité à quitter le navire alors que la saison n'avait pas encore débuté et espèrent secrètement le retour de Francis Gillot. Mais à§a, Antoine Kombouaré en a-t-il quelque chose à faire ?
Jérémy Becam et Youri Danielou