PSG, OGC Nice : tensions, aveux, racisme, le procès Galtier minute par minute
par Benjamin Danet
JUSTICE

PSG, OGC Nice : tensions, aveux, racisme, le procès Galtier minute par minute

Depuis ce matin, au tribunal de Nice, Christophe Galtier, ancien entraîneur de l'ASSE, du LOSC, de Nice et du PSG, est jugé pour des chefs de harcèlement moral et de discrimination à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée.

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Le procès de Christophe Galtier est très vite entré dans le vif du sujet, ce matin, au tribunal de Nice. Avec, d'entrée, la prise de parole musclée de ses avocats. Qui dénoncent un semblant de justice et demandent la nullité de la procédure. Maître Schapira : Il y a une violation évidente contre Monsieur Galtier" et une véritable "déloyauté de l'enquête". Il y a ce mail de Julien Fournier fabriqué par lui et c'est sur cela que le parquet ouvre une enquête. Le problème est qu il y a, où à un moment, l'accusation allait être débattue. Il n'en est rien. Julien Fournier a été entendu chez lui. Il y a pire comme situation. Les enquêteurs saisis ne connaissaient le foot, et Julien Fournier les a baladés. C'est sur ce mensonge que tout est monté."

Nullité de la procédure

L'autre conseil de Galtier, Maître Martin, va encore plus loin. " On n'avait pas encore entendu Christophe Galtier, il a remis son téléphone portable. Vous avez là dedans tous les échanges whatsapp avec Julien Fournier et les joueurs. Je vous donne mon téléphone. Branle bas de combat. Mais il faut un informaticien. On va faire différent: on va prendre votre téléphone à chaque fois et on mettra 'vu' exact. Julien Fournier n'a pas tout donné. Ces pièces montrent que c'est la manipulation de Julien Fournier. A la fin de l'audition, nous sommes convoqués par le procureur, et le temps que nous sortons de la pièce et que nous arrivions au parking, le communiqué de presse est parti. En 10 minutes il est écrit avec le renvoi dans une course à l'échalott entre médias et réseaux sociaux. Personne ne peut croire qu'il a été écrit entre la fin de la garde à vue. Monsieur Galtier n'a pas été traité à armes égales. J'aurais aimé une confrontation avec Julien Fournier, les joueurs, Dante, les dirigeants d'Ineos. C'est ça une vraie enquête. Je ne suis pas sur, je suis même certain qu'il n'aurait pas été renvoyé devant la justice. Je m'associe aux conclusions sur la nullité de la procédure."

L'ancien entraîneur a ensuite pris la parole. Tout aussi décidé à contester les faits et à défendre son honneur. "Quand j'ai été convoqué en garde à vue, cela a été une période difficile sur le plan de ma sécurité. Je me suis déplace de Cassis à Nice. Je fais face à des policiers corrects, qui ont fait leur travail. Au fur et à mesure que la garde à vu avançait, j'ai compris que j'étais dans un interrogatoire à charge. Au fur et à mesure, je me suis fermé et j'ai eu du mal à répondre. Je vais aujourd'hui répondre à toutes les questions ce jour. La période du Ramadan ? Comme je l'ai fait dans tous les clubs et le groupes que j'ai eu à gérer, la question du jeûne est une problématique. Nous avons ces questions-là au tout début de la saison. Cela n'engendre rien. C'est juste quand on voit le calendrier avec des ambitions d'Ineos d'amener Nice en Ligue des champions. Je suis très heureux de travailler avec Julien Fournier et à Nice. Et je regarde le calendrier. Quand je vois les matchs décisifs de la période avec trois par semaine. Mon vécu en tant qu'adjoint et responsable d'équipe, je sais que la fenêtre est importante. Qu'est-ce que on va mettre en place dans la période."

Christophe Galtier est ensuite interrogé par le procureur sur de supposés propos racistes. Tenus par l'ancien technicien niçois selon Frédéric Gioria. Galtier : "Je veux déjà revenir en arrière. Quand j'arrive de Lille, je dois arriver avec la totalité de mon staff. Il s'avère qu'au bout de 24h, je n'ai pas pu les recruter. Et donc, Frédéric Gioria est venu dans le staff, c'est un très proche. Quand j'arrive dans un club, je m'appuie sur quelqu'un qui connait pour me nourrir du vestiaire et de l'histoire. En janvier 2022, j'ai une discussion avec Julien Fournier où je lui demande de ne pas travailler avec Frédéric Gioria. Pourquoi me demande Julien Fournier ? Pour incompétence. Point. "Mais les propos racistes, je ne les ai pas tenus." 

Les cas Todibo et Digard

Toutes aussi attendues, les explications de Galtier sur le cas Jean-Clair Todibo et la gestion du Ramadan de ce dernier. "Le 26 mars, j'échange avec Jean-Clair Todibo sur les performances. C'est plus qu'un échange coach-joueur. Frédéric Gioria est la personne la plus raciste que j'ai rencontré dans le football. Le ramadan, l'année d'avant, c'était un vrai bordel : certains dormaient par terre. Je demande à voir Jean-Clair Todibo. Je le reçois dans un bureau et je lui parle de la gestion du jeûne le jour du match. Il me regarde poliment. Il est converti, je le savais, issu d'une branche rigoureuse. On fait court et me dit : 'Coach. J'ai un chef qui s'installe chez moi. Il a mis toutes les conditions pour rester le plus performant. Je ne change pas de position. Je pratiquerai le jeûne le jour du match'. Je suis plus que contrarié car la relation avec mes joueurs est celle de père-fils. Et je me retrouve face à un joueur qui s'est fermé car Frédéric Gioria m'a envoyé dans un piège et dans un mur. J'ai rapidement compris et j'ai fait la remarque à Frédéric Gioria. Je lui ai demandé: 'Comment cela se fait que toi qui a vécu le ramadan l'an passé, tu m'envoie dans un mur comme cela?'. Jean-Clair Todibo a pratiqué le jeûne du ramadan le jour du match."

Place, ensuite, aux rapports avec celui qui est également devenu entraîneur de l'OGC Nice, Didier Digard. Ce dernier, sans que l'on connaisse sa version des faits, a toujours été ambigu quant aux propos racistes supposés de Galtier. "Gioria me dit d'aller voir Didier Digard car l'an passé, c'est lui qui a géré le ramadan. Avec lui, j'ai des relations professionnelles et cordiales quand on faisait monter les jeunes. Je rencontre Didier sur le parking et je lui parle: 'la période du ramadan, Fred m'avait dit que l'an passé, cela avait été compliqué dans la discipline. Et que cela avait volé en éclats. Si tu peux parler à Jean-Clair Todibo et s'il peut maitriser mieux cette année que l'an passé. Que le jour du match, c'est mon point de vue, on est plus performant si on s'hydrate d'autant plus qu'on rentre dans le money-time, où nous somems qualifiés pour la finale de la Coupe de France et en course pour l'Europe'. Voilà les échanges que j'ai eu. Le seul échange avec Didier. Je vais dans mon bureau. "

Le président du tribunal de Nice interroge ensuite Christophe Galtier sur la formule polémique de "King Kong", associée à deux joueurs des Verts de l'époque, Nadé et Moukoudi. Et cette fois, l'ancien technicien de l'ASSE assume le propos et une erreur. "Je me souviens, j'ai hésité à dire molosse et King Kong. J'ai utilisé ce terme. King Kong, c'est force et puissance. Il n'y a pas de connotation autre que de force et de puissance. Quand on joue contre Nantes, en finale de Coupe de France, j'ai utilisé la même formule pour Nicolas Pallois. Avec du recul, cela a heurté. Si cela l'a heurté, je dois m'excuser. Oui je l'ai utilisée, mais pas dans une optique raciste." Son de cloche bien différent quant aux propos supposés sur les Algériens. "Mes propos sont déformés. Mon vécu, c'est que quand on aborde le sujet du jeûne lors du jour du match, je sais que c'est très difficile de leur faire comprendre l'intérêt de ne pas le faire. La gestion du jeune le jour du match est quelque chose chez nous les entraîneurs et pour moi, cela prend beaucoup d'énergie. Il faut faire attention à la santé, la performance. J'ai mis en place toute une organisation dès septembre 2022 pour que quand arrive le ramadan, on ait le meilleur rendement. Sur mes conseils, Julien Fournier a recruté ma diététicienne. Et avec le docteur, tout a été organisé. Mme Rombaut se levait le matin à 4h30 et mettait en place le seul repas de la journée pour un joueur le jour du match. Je demande beaucoup d'efforts à mon staff pour le bien être des joueurs. Le matin, je me lève et Mme Rombaut me dit que Hicham Boudaoui ne s'est pas levé. Rapidement, j'intègre le fait qu'il a eu son dernier repas à 21h la veille. Je me dis comment il va faire pour jouer, être performant et ne pas se blesser. Nous jouons à 17h. Le dernier verre d'eau, c'était vers 21h. Oui, je suis très en colère car nous mettons tout en place pour qu'ils préparent les matchs en faisant le ramadan. Toute la journée, je ne me suis pas adressé à Hicham. J'ai un échange avec mon staff, Julien Fournier et Frédéric Gioria. Comment peut-il être performant, et être utile à l'equipe dans ces conditions. Il y a un problème avec la santé. Ma colère passe. Hicham Boudaoui a participé au match. Moi, je ne suis pas embêté par la religion, je suis juste embêté pour la performance qui ne peut pas être au rendez-vous."

Les relations avec Julien Fournier

Celui qui est à l'origine de toute cette affaire, l'ancien directeur sportif de l'OGC Nice Julien Fournier, est désormais au centre des débats. Bien qu'absent, le tribunal cherche à savoir quelles étaient ses relations avec Christophe Galtier. Ce dernier se montre très clair : "Elles sont très moyennes. Nous avons déjà eu un premier accrochage lors du stage de pré-saison car je pars à Divonne avec un effectif en deçà du projet d'Ineos. Quand j'ai une discussion avec Jim Rattcliffe début juin, je pense avoir un beau recrutement. Durant ce stage, je pars avec l'équipe réserve. J'ai dû même annuler un match face à Saint-Etienne car je n'avais pas assez de joueurs cadres que Julien Fournier s'était engagé à recruter. Cela m'interroge car j'avais quitté Lille. Et j'étais très content d'arriver chez Ineos qui gagne partout. Le principal actionnaire fixe des objectifs très élevés. et les recrues tardent à venir."

La gestion du ramadan

Galtier a par la suite été interrogé sur sa gestion du groupe niçois au cours du ramadan. Et, une fois encore, il a tenu à donner sa vérité. "Ai-je pu heurter, blesser ? Je le regrette. Sur un point mathématique, nous en sommes à 1,78 point par match. J'ai pu représenter l'intégralité de mon effectif, à part Atal touché à l'épaule. J'ai tout mis en oeuvre avec une gestion des temps de jeu. Amine Gouiri n'a pas joué un match pendant la période pour le préserver pour la finale. Qu'est-ce qu'on aurait dit si je n'avais pas géré les temps de jeu ? On m'aurait traité d'incompétent. Si monsieur Hicham Boudaoui cessait de s'hydrater à 23h et que le lendemain, il fait un arrêt cardiaque pendant le match ? Si on assiste à ce malheur, qui aurait été responsable de cela, s'il n'était pas hydraté pendant 15 heures ? Tout était en place. Tout était préparé. Il aurait dû se lever et ne pas sauter ce repas. 15h à 17h, sans boire, ni manger. Hicham Boudaoui, c'est 12 km par match, 900 m d'accélération à haute intensité. Pouvait-il tenir ce match dans ces conditions ?"

Propos retranscrits par RMC.

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Pour résumer

Depuis ce matin, au tribunal de Nice, Christophe Galtier, ancien entraîneur de l'ASSE, du LOSC, de Nice et du PSG, est jugé pour des chefs de harcèlement moral et de discrimination à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée.

Benjamin Danet
Rédacteur
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