Pascal Dupraz
Pascal DuprazCredit Photo - Icon Sport
par Laurent HESS
COACHING

ASSE : Dupraz, des choix et des discours qui interpellent

Depuis son arrivée, Pascal Dupraz surprend par ses choix comme par sa personnalité. Eclairage...

Zapping But! Football Club ASSE : les 10 plus grosses ventes de l'histoire

SES DROLES DE CHOIX

 

Le Mercato

La volonté de Pascal Dupraz, mais aussi de Loïc Perrin et Jean-François Soucasse, était d'apporter du sang neuf et de l'expérience au groupe via le Mercato. Mais certains choix laissent pantois. Celui d'avoir recalé Green pour relancer Bernardoni, en échec à Angers, n'a pas fait l'unanimité. Mais ce sont surtout les apports de Sako, Mangala et Crivelli qui déçoivent. Les deux premiers étaient inactifs depuis longtemps, le troisième n'avait plus marqué depuis plus d'un an en Turquie. Beric, qui avait proposé ses services dès début janvier, avait été placé en salle d'attente alors qu'il aurait sans doutes pu rendre quelques services...

 

Une défense à 5 même contre des N2

Dupraz a confirmé sa réputation d'entraîneur défensif dès son arrivée en affirmant que l'ASSE ne se maintiendrait que si elle gommait ses soucis défensifs. Logique puisque la défense verte tournait çà 2,2 buts encaissés par match avec Claude Puel. Mais le Haut-Savoyard a installé d'entrée une défense à cinq et l'ASSE a joué tous ses matches dans de système, depuis, y compris à Bergerac (0-1) ou à domicile contre des défenses renforcées comme Metz (1-0) ou Troyes (1-1)... Et ce le plus souvent avec un ailier au poste de piston droit (Thioub) et un pur défenseur au poste de piston gauche (Kolo). Surprenant.

 

Aouchiche-Nordin en pointe à Lyon

Lors du derby à Lyon (0-1), Dupraz avait surpris dans sa compo de départ en alignant une équipe très défensive avec le duo Aouchiche-Nordin en attaque. Les supporters en avaient été quitte pour une bonne purge et une défaite, avec une équipe stéphanoise inoffensive au possible.

 

Youssouf piston droit

A deux reprises, notamment à Bergerac (0-1) lors de l'humiliation en Coupe de France, Dupraz a tenté l'expérience de placer Zaydou Youssouf en piston droit. Pur gaucher, le milieu de terrain s'est forcément retrouvé en difficulté.

 

Camara et Boudebouz à toutes les sauces

Depuis son arrivée, Dupraz n'arrête pas de « bricoler » avec Mahdi Camara. Alors que son duo avec Lucas Gourna-Douath a plutôt bien fonctionné, le Martégal a parfois dépanné en défense centrale, parfois au poste de piston droit. Autre joueur utilisé à toutes les sauces : Ryad Boudebouz. L'Algérien a d'abord joué milieu défensif, puis en « faux 9 », et il s'est même positionné comme un défenseur central contre Monaco (1-4), en deuxième mi-temps. Et à son poste de meneur de jeu, c'est pour quand ?

 

Kolo contre vents et marées

Dupraz a longtemps maintenu sa confiance envers Timothée Kolodziejczak. Celui-ci lui l'a bien rendue en marquant le but de la victoire à Clermont (2-1). Mais ses errements l'ont vite rattrapé, avec un premier csc contre Marseille (2-4), un autre tout aussi improbable contre Monaco (1-4) ou encore un penalty bêtement concédé à Lorient (2-6). Conspué par Geoffroy-Guichard, Kolo en est devenu la tête de Turc. Victime de ses erreurs et de l'entêtement de Dupraz, qui l'avait pourtant écarté lors de la victoire face à Brest (2-1)...

 

Mangala à la vie à la mort

Depuis le mois de janvier, la défense stéphanoise est commandée par Eliaquim Mangala. L'ancien international, « injustement critiqué » selon Dupraz peu après son arrivée, était même titulaire lors du dernier match à Rennes (0-2). Impliqué sur les deux buts encaissés en Bretagne, le numéro 22 des Verts est pourtant en grande difficulté depuis son arrivée. Il a coûté de nombreux buts. Mais Dupraz insiste. Il persiste et il signe, alors que l'équipe tourne à plus de 3 buts encaissé par match depuis un mois et demi (19 buts encaissés lors des six dernières journées)...

 

Trauco longtemps placardisé, Sow et Bakayoko mis au ban

Dupraz s'est longtemps passé des services de Miguel Trauco, à qui il a préféré Timothée Kolodziejczak et même Gabriel Silva, à gauche. Autre « bannis » de Dupraz : Saidou Sow et Abdoulaye Bakayoko, pourtant à son avantage lors de ses débuts face à Lens (1-2) et à Lyon (0-1), mais aussi pour sa 3e titularisation contre Brest (2-1).

 

Aouchiche remplacé par Youssouf à Rennes

Lors du dernier match à Rennes (0-2), Dupraz a surpris en remplaçant Adil Aouchiche par Zaydou Youssouf, un joueur plus défensif que l'ancien parisien. Rennes menait 1-0 Et Aouchiche avait été le joueur stéphanois le plus dangereux. Un coaching qui laisse à penser que l'objectif de Dupraz sur la fin de la rencontre était plus de ne pas prendre d'autres buts que de tenter de revenir au score...

 

SES DROLES DE DISCOURS

 

Du positif à l'outrance

A son arrivée, Dupraz était dans une sorte d'opération séduction afin que tout le monde le suive dans sa mission maintien. Les joueurs ? Il les aimait, les admirait, y compris après des défaites. Aouchiche ? Excellent dans son rôle de Super Sub. Bouanga ? Niveau Ligue des champions. L'entraîneur des gardiens ? Une sommité. Les supporters ? Exceptionnels. Les journalistes? Vraiment excellents dans leurs questions. N'en jetez plus ! Surtout, Dupraz a soutenu dès son arrivée que l'ASSE allait se maintenir. Une conviction dont il ne s'est jamais départi, lui qui a dit après la dernière défaite à Rennes (0-2) : « Je suis très optimiste »...

 

Des mea culpa surprenants

Lors des premières défaites essuyées à son arrivée, Dupraz a fait son mea culpa, écartant la responsabilité des joueurs. Ce fut notamment le cas contre Nantes (0-1), Lens (1-2), à Lyon (0-1) ou à Bergerac (0-1) en Coupe de France. Une façon pour lui de ne pas accabler ses joueurs et leur piètre niveau évident, afin de tenter de leur redonner confiance en eux.

 

Un règlement de comptes avec Gastien à Clermont

Après la victoire arrachée à Clermont (2-1), Dupraz a réglé ses comptes avec Pascal Gastien, l'entraîneur auvergnat, dépeint comme un disciple de Pep Guardiola. Des propos gratuits et plutôt malvenus, qui ont laissé à penser que le Haut-Savoyard n'avait pas le triomphe modeste, lui qui se voulait humble à son arrivée.

 

Des journalistes encensés puis moqués

Dupraz avait intégré les journalistes à son opération séduction mais son attitude envers les médias a vite changé. Agacé par certaines critiques envers Eliaquim Mangala, jugées « non fondées », ou après le match nul contre Troyes (1-1), il a commencé à s'en prendre aux « brillants analystes », alors qu'il répète depuis son arrivée qu'il ne lit pas la presse. Les journalistes couvrant l'ASSE l'agacent-ils tellement pour dire après la défaite contre Marseille (2-4) qu'il aurait bien fait l'économie de venir salle de presse après le match s'il n'y était pas obligé ? Et de s'agacer de questions d'ordre tactique, ou sur certaines de ses sorties. D'abord ouvert et souriant, le successeur de Claude Puel s'est petit à petit renfermé, s'affichant davantage chafouin depuis que les résultats ne parlent plus vraiment pour lui.

 

Khazri remis en cause pour son absence à Lorient, Boudebouz épinglé lui aussi

Après la gifle reçue à Lorient (2-6), Dupraz avait aussi changé de ton avec ses joueurs. « Il y a eu des attitudes déplaisantes, avait-il en effet déploré au Moustoir. L’entraîneur que je suis doit tout faire pour que les joueurs conservent l’humilité, le respect de notre métier et ses fondamentaux. Il y a des consignes qui n'ont pas été respectées. » Des propos qui semblaient cibler Ryad Boudebouz. Et il avait également déploré le forfait de Wahbi Khazri en laissant entendre que le Tunisien aurait pu participer à la rencontre... « Wahbi n’a été titularisé que quatre fois depuis mon arrivée, il faut qu’il fasse les efforts nécessaires pour revenir. Je suis certain que pas mal de joueurs devant la télé comprendront le message que je veux leur porter. Il faut que chacun fasse des efforts pour le collectif, se défasse de son ego pour laisser l’ASSE en Ligue 1 ». De Papa poule à Père fouettard, il n'y avait donc qu'un pas...

 

Un souci de communication révélé avec le staff médical

Alors qu'Enzo Crivelli avait dû déclarer forfait à Lorient (2-6) pour s'être blessé à l'échauffement, alors qu'il devait connaître sa première titularisation, Dupraz a eu cette explication, mettant en cause Tarak Bouzaabia, le « Doc » des Verts... « Enzo Crivelli devait débuter. Un problème de communication a fait ignorer qu'il était peut-être inopportun de le faire jouer d’entrée. Il s'est blessé à l’échauffement. Depuis, on a réglé ce problème de communication. Par trois fois, j'ai demandé au docteur s'il était opportun de faire débuter Wahbi Khazri avec trois matchs dans la semaine. Il y a trois jours, il m’a répondu "non", il y a deux jours "peut-être" et aujourd’hui j’ai pris la décision de laisser Wahbi sur le banc de touche. J’ai pris sur moi, c’est ma décision aidée en cela par le docteur ». Des propos qui ont pu interpeler, comme quand il avait estimé que ses joueurs avaient « manqué de jus » face à Marseille (2-4), ce qui sous entendait un problème d'ordre physique.

 

Sow montré du doigt

Questionné sur l'absence de Saidou Sow depuis le début de l'année, Pascal Dupraz a expliqué son choix en conférence de presse, la semaine dernière. « Saidou Sow ? Vous avez vu le match de la réserve ? Il n'y a pas d'évidence. Mais c'est presque logique. Il a été blessé. C'est toute la mesure entre les tests que vous voulez me voir faire et les choix que j'assume ». Le jeune défenseur guinéen a dû apprécier...

 

Une défense à quatre impossible, ah bon...

Avant la dernière défaite à Rennes (0-2), Dupraz avait expliqué pourquoi il continuait de s'appuyer sur une défense à cinq, malgré les nombreux buts encaissés depuis un mois. « Défendre à quatre, c'est impossible sur tout un match. Tous les jours je me rends compte que ce n'est pas possible, pour des raisons techniques et tactiques. Sans parler de la gestion de l'effectif. » Un avis qui peut interpeler, dans la mesure où tous les postes défensifs sont fournis maintenant qu'Yvann Maçon est revenu de blessure...

 

Un match dans le kop, ce ne sera possible pour lui !

Dupraz avait lancé l'idée d'aller voir le dernier match de la saison face à Reims dans l'un des kops. C'était avant ASSE-Troyes (1-1). « Si on garde ce rythme de deux points par match jusqu’à la fin de la saison, on pourra faire un tour dans les kops avant l’heure. Personnellement, j’irai bien en tribune avec eux. De toute façon, j’irai la saison prochaine en étant maintenu, je pense que je serais bien reçu ». Des propos qui ont valu à Dupraz de nombreuses critiques. Et qui ne semblent pas avoir eu un bon impact sur le groupe au regard des résultats, depuis... Seule certitude : Dupraz ne pourra pas assister au match contre Reims dans un kop. Parce que l'ASSE est encore loin d'être maintenue en L1, et parce que le match se jouera à huis clos sur décision de la LFP.

Il fait quand même mieux que Puel (pire, c'était difficilement possible)...

Pascal Dupraz a coaché 17 matches de l'ASSE cette saison. Soit autant que Claude Puel. Et avec lui, l'ASSE a pris 19 points, alors qu'elle n'en avait pris que 12 avec Puel, passant ainsi de la 20e à la 18e place. Dupraz tourne à 1,12 points par match. Là encore, c'est un peu mieux que Puel qui tournait à 1,07 point par match en 75 rencontres sur banc stéphanois. 

Podcast Men's Up Life
 

Pour résumer

Depuis son arrivée, Pascal Dupraz surprend par ses choix comme par sa personnalité. « Défendre à quatre, c'est impossible sur tout un match, a-t-il notamment expliqué. Tous les jours je me rends compte que ce n'est pas possible, pour des raisons techniques et tactiques. Sans parler de la gestion de l'effectif. » Un avis qui peut interpeler, dans la mesure où tous les postes défensifs sont fournis maintenant qu'Yvann Maçon est revenu de blessure...

Laurent HESS
Rédacteur
Laurent HESS

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.