ASSE : Dupraz en fait-il trop ?
Depuis son arrivée à l’ASSE, Pascal Dupraz a des sorties médiatiques et un discours qui peuvent interpeler. Et qui lui valent ses premières critiques stéphanoises…
Lors de son point-presse avant ASSE-Troyes (1-1), Pascal Dupraz avait expliqué qu'il aimerait assister à l'un des derniers matches à domicile des Verts en kop. « Si on est maintenus et qu'il reste des matchs à Geoffroy-Guichard, peut-être que si on m'autorise, j'aimerais bien assister à un match dans les kops, avait-il confié. Si on garde ce rythme de deux points par match jusqu'à la fin de la saison, on pourra faire un tour dans les kops avant l'heure. Sinon j'irai en tribunes la saison prochaine en étant maintenu. Je pense que je serais bien reçu. » Dans Le Progrès, après le match nul décevant concédé face aux Troyens, Patrick Guillou a pointé cette sortie de Dupraz. « Un brin de suffisance ? Un manque d’humilité ? Comment interpréter les propos du coach stéphanois ? Quel est le message envoyé aux joueurs quand le Haut-Savoyard déclare en conférence de presse : "Si on est maintenu avant la fin du championnat, j’irai en tribunes." Il semble que l’opération séduction a atteint son paroxysme. Propos stupéfiants pouvant être perçus comme une forme d’irrespect envers les autres pensionnaires de L1 dans la course au maintien. Aujourd’hui, à 9 journées de la fin, notre ASSE a 27 points au compteur. C’est la réalité du moment. Le compte n’y est pas. Loin de là ! »
« Il semble que l’opération séduction a atteint son paroxysme », estime Guillou
Irrespectueux envers les adversaires, Dupraz ? Ses propos après la victoire à Clermont (2-1), quand il avait réglé ses comptes avec Pascal Gastien en disant « C'est bien d'avoir damé le pion à cette équipe de Clermont qui se réclame des préceptes de Pep Guardiola », n'avaient pas fait l'unanimité. Dupraz n'avait pas eu le triomphe modeste, pour le coup. Si sa personnalité contraste avec Claude Puel, lui qui a apporté un vent de fraîcheur bienvenu qui se révélera peut-être salutaire, ce dont il est convaincu depuis le premier jour, Dupraz se plait à forcer le trait. Peut-être un peu trop. Il joue de son image, de sa réputation d'entraîneur de coups, très bon meneur d'hommes mais meilleur communicant que tacticien. « Si je ne parle pas trop tactique, c'est que je n'y connais rien au foot », s'était-il notamment amusé après la victoire contre Metz (1-0) quand un journaliste lui faisait remarquer que l'ASSE avait marqué lorsqu'elle était passée à quatre défenseurs. Ce n'était pas la première fois que Dupraz se réfugiait derrière le second degré après une question sur le jeu, et de là à penser que cette réputation ne le fait pas si sourire que ça…
« Pascal Dupraz devra peut-être changer un peu sa méthode, le « papa » durcir son propos », estime Didier Bigard
Mais ce qui caractérise le mieux le discours de Dupraz depuis son arrivée à l'ASSE, c'est cette opération séduction dans laquelle il semble s'être lancé. Toujours prompt à faire l'éloges de ses joueurs, qu'il a dit « admirer » après une défaite contre Lens (1-2), Dupraz, qui voit en Denis Bouanga un joueur « aux qualités de Ligue des champions » ou en Adil Aouchiche un élément « excellent dans son rôle de Super Sub », ne manque pas non plus une occasion de glisser un mot sympa à l'encontre de son staff technique, où André Biancarelli est « une sommité », du staff médical, des dirigeants, des actionnaires, des salariés du club, des supporters bien-sûr, et même des journalistes, dont il peut souligner les « excellentes » questions. Atypique, l'ancien de l'ETG répète qu'il rentrera chez lui une fois l'ASSE maintenue, mais beaucoup estiment que cette opération séduction est plus intéressée qu'il ne le prétend, que Dupraz veut se mettre tout le monde dans la poche pour prolonger l'aventure en vert au delà de la saison. Attention toutefois à ne pas oublier l'essentiel… « Pascal Dupraz devra peut-être changer un peu sa méthode, le « papa » durcir son propos. Pour l’heure il a été sympa avec tout le monde, parfois dithyrambique en saluant par exemple les prestations de Bouanga, Thioub, Nordin et autres. Tous beaux joueurs, tous gentils mais pas tous bons tout le temps et pas toujours aussi concentrés, combatifs qu’il le faudrait », glissait Didier Bigard dans sa précédente chronique, après un match nul contre Troyes (1-1) où la prestation de l'équipe a peut-être montré les limites de la méthode Dupraz.