ASSE - Exclu (2/2) : Rocheteau :
par Benjamin Danet
ENTRETIEN

ASSE - Exclu (2/2) : Rocheteau : "l'ASSE doit être rachetée"

Le 19 octobre dernier, Dominique Rocheteau, légendaire attaquant de l'ASSE, sortait aux éditions Le Cherche Midi, "Foot Sentimental" dans lequel il s'attardait, entre autres, sur ses passages à Sainté. L'occasion pour But! Sainté de le rencontrer et d'ouvrir le boîte à souvenirs. Entretien.

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La mentalité avait-elle radicalement changé entre ce que vous aviez connu et ce que vous découvrez en 2010 ?
D.R. Les valeurs stéphanoises sont toujours là. Et puis assez vite, il y a une réunion qui me marque avec toutes les associations de supporters. Là, je me rends compte que par rapport à mon époque, ce n'est plus le même contexte. Rocheteau ou un autre, ils s'en foutent, ce qu'ils veulent c'est pouvoir exprimer leur soutien dans les meilleures conditions. Mais une chose est certaine : tous se rendent compte que j'aime profondément ce club. Ca, ils le savent.

Comme ce soir de demi-finale de Coupe de la Ligue face à Lille en 2013 ou l'on vous voit pleurer en fin de match une fois la qualification acquise...
D.R. C'est le coeur qui parle. Des sensations que je retrouve. L'amour que je porte à ce club. C'est pas personnel, c'est la continuité, l'histoire.

Qu'est ce qui vous restera de cette période de directeur sportif ?
D.R. Plusieurs choses. D'abord, cette aventure en Coupe de la Ligue avec ces matches gagnés aux pénaltys. Des moments incroyables. Plus que les matches en Coupe d'Europe, même si les déplacements à Milan et Manchester, ce fut très fort. Il y a aussi eu mes rapports avec Christophe. Ca n'a pas toujours été simple, mais il s'est passé quelque chose de fort. Et puis, comment l'oublier, mes virées dans toute la France avec Roland à la rencontre des supporters au travers des sections d'associés. Ca aussi, c'était incroyable. Vraiment.

Pourquoi avoir quitté le club et le foot du coup en mai 2019 ? De la lassitude ?
D.R. J'aime bien la continuité et là je constatais qu'il y avait pas mal de changements. J'ai passé une très bonne année avec Jean-Louis Gasset, vraiment. Mais je sentais, quand Jean-Louis est parti, que je devais également m'en aller. Je redoutais les changements à venir, la fin de quelque chose.

Une pointe de tristesse ?
D.R. Non, car je savais que j'allais rester à Saint-Etienne dans un premier temps et continuer à suivre les matches. C'est plus tard que j'ai quitté la région.

Dans votre livre, vous nous dites que vous regardez surtout les matches de rugby et notamment ceux de La Rochelle. Y-a-t-il encore de la place pour les matches des Verts ?
D.R. Evidemment. Que les choses soient claires : je ne rate pas un match des Verts. Je regarde tout.

Pas toujours simple...
D.R. C'est vrai (rires). Mais autant avec le PSG, je suis content d'aller suivre un match au Parc, presque détaché, autant avec l'ASSE je suis stressé. C'est mon club qui joue.

Et le rugby ? 
D.R. C'est un sport que j'aime. J'y ai joué quand j'étais jeune, j'ai baigné dedans, mon père me faisait regarder les matches. A Royan, La Rochelle était le club de la région et j'ai toujours, toujours suivi leurs résultats. J'adore l'état d'esprit qui règne dans ce sport, la solidarité que je vois un peu moins dans le football désormais. 

Dans votre livre, toujours, vous insistez bien d'ailleurs sur le changement d'époque, sur ce qui caractérise le foot d'avant et d'aujourd'hui et ce que vous retrouvez toujours dans l'ovalie. A tel point qu'au sujet de l'ASSE, vous prévenez presque les supporters en leur disant que les Verts de demain ne seront plus jamais les Verts des années 70 ?
D.R. Oui, je dis bien que ce n'est plus la même époque. Les supporters le savent, je le sais, mais c'est aussi une bonne chose que de le rappeler. De remettre le club dans un contexte économique qui consiste à devoir disposer de plus de moyens, aller plus vite, plus haut. Il faut en être conscient. Mais ça ne concerne pas que l'ASSE bien entendu. Et puis, il y a aussi des exemples qui montrent qu'on peut réussir sans trop d'argent. Regardez à Lens, il y a moins d'argent qu'ailleurs, mais il y a des résultats, de la continuité, un entraîneur qui bosse bien. 

Si demain, un richissime investisseur débarque à l'ASSE et contacte Dominique Rocheteau, vous replongez ?
D.R. Non, jamais. Je me suis dirigé vers autre chose. Le football amateur, celui des jeunes. Qui me plaît et qui m'inquiète car je vois que des petits clubs disparaissent et que l'on s'appuie sur de moins en moins de bénévoles. Mais que se passera-t-il quand le lien social aussi important disparaît ? C'est pour ça que j'ai envie de défendre ce football. Il est si important.

L'ASSE doit-elle être rachetée pour renaître ?
D.R. Oui, tout le monde le dit et c'est vrai. Il faut déjà remonter en Ligue 1, un cap essentiel à passer. Et je ne vois pas pourquoi ce serait impossible. Cette saison, aucune équipe ne se détache. Ensuite, il faut un projet sur le long terme, pour pouvoir rivaliser. Passer à autre chose, je pense même que les dirigeants actuels le pensent. Mais je ne vais pas vous dire pourquoi ça ne s'est pas fait avant. 

Lorsque des supporters vous croisent dans la rue, et vous parlent, est-ce l'ASSE qui revient en priorité ? Ou l'équipe de France et le PSG ?D.R. Ce qui reste, c'est l'Ange Vert, oui. 

Ca vous fait plaisir ?
D.R. Je ne vais pas vous dire le contraire. Mais je suis tout de même étonné, quand dans mes stages de foot, je vois que des gamins de 7 ans savent ce qu'il s'est passé il y a une quarantaine d'années. Ca oui, ça me surprend, même si je sais que les magnétoscopes ont tourné à plein.

Si le Dominique Rocheteau d'aujourd'hui n'avait qu'une seule envie, une attente, un rêve, dans le football actuel ?
Que les Verts remontent en Ligue 1.

 

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Pour résumer

Le 19 octobre dernier, Dominique Rocheteau, légendaire attaquant de l'ASSE, sortait aux éditions Le Cherche Midi, "Foot Sentimental" dans lequel il s'attardait, entre autres, sur ses passages à Sainté. L'occasion pour But! Sainté de le rencontrer et d'ouvrir le boîte à souvenirs. Entretien.

Benjamin Danet
Rédacteur
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