Pascal Dupraz
Pascal DuprazCredit Photo - Icon Sport
par Laurent HESS
ANALYSE

ASSE - Le rendez-vous de Didier Bigard : « Ils ont oublié l’esprit de Sainté »

Didier Bigard regrette que l'ASSE se coupe de plus en plus de son public lors des séances d'entraînement. Encore plus à l'aube d'une série de trois matches décisive pour son maintien en L1.

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En rappelant régulièrement que lorsqu’il est entré en fonction, l’ASSE ne comptait que douze points et qu’elle en a, d’ores et déjà pris plus en moins de journées, Pascal Dupraz aiguille-t-il implicitement mais lourdement l’analyse des observateurs en cas d’échec de sa mission sauvetage? On veut le croire plus fin stratège. Ce qui est certain, c’est que si documentaire il y a sur le film de son histoire verte, ce sera plus une dramatique qu’une comédie. Même si les ultras voient des clowns parmi les acteurs. Personne n’a vraiment envie de rire. Et même avec du public pour la réception de Reims, nous ne sommes pas sûr que l’on connaîtrait la même ambiance, la même communion entre tribunes et pelouse que le 24 mai 1997, lorsque Jérémie Janot avait arraché un 0-0 face à Troyes et Saint-Étienne son maintien en super D2, comme on appelait alors pompeusement la L2. Pas d’euphorie à attendre cette année, juste un grand soulagement si les événements tournent dans le bon sens. Par décence tant la saison a été peu glorieuse, par désillusion devant des résultats qui marquent la fracture entre le public et une équipe que seule la couleur du maillot rapproche. Par rancoeur contre une direction qui ne donne aucune direction. Par usure.

 

Il y avait bien moins de monde au stade il y a 25 ans mais bien plus de proximité 

 

Il y a vingt-cinq ans, il y avait 12000 spectateurs pour voir Christophe Lagrange grimper aux grillages des Magic ou Philippe Cuervo finir sur les rotules, pas des stars. Les Pierre Bastou, Claude Fichaux, Stéphane Santini, David Charrieras, Fabrice Manucci, Didier Thimothée n’avaient pas un talent fou à faire lever les tribunes d’un stade en travaux. Samba N’Diaye et Bibiche Aulanier devaient slalomer entre les engins de chantier avant d’aller dribbler sur l’annexe dévasté, Lionel Potillon et Romarin Billong courir d’un vestiaire bétonné à l’autre pour espérer une douche chaude. Pierre Mankowski faisait contre mauvaise fortune grise mine. Seuls les plus fidèles n’avaient pas oublié le chemin de Geoffroy-Guichard. Les ciseaux étaient devenus l’outil préféré des journalistes suiveurs du club.

Les rapports étaient parfois tendus, mais il restait ce courant de sympathie qui faisait se presser quelques dizaines d’anonymes autour du terrain d’entraînement. Une autre époque dont quelques intellectuels d’un football moderne ont gribouillé les pages sans être capables d’en écrire d’autres dignes de l’Histoire. Le Covid a été une excuse usurpée pour éloigner les supporters du centre d’entraînement. Le virus a été si insidieux qu’il a gagné des esprits tortueux, déconnectés de la réalité de Sainté, a délaissé cette proximité qui n’oblige pas à la béatitude, pas plus qu’à la confrontation redoutée. 

Le club vient d’organiser une séance de dédicaces avec tout le groupe pro dans les salons de l’Hôtel de ville et si les ultras ont trouvé le moment peu propice, l’initiative a au moins rappelé le besoin d’un partage bien traduit par Éric Chouvier dans Le Progrès « C’est important de venir voir les joueurs, je pense que ça leur fait du bien que beaucoup de monde soit venu ». Lui qui a traversé l’Europe, à pied, en train, en bus, sinon à cheval, pour suivre les Verts, lui qui lorgne sous un coin de bâche pour voir un but lors d’un huis-clos, sait ce que le mot passion recouvre. Les décideurs du club devraient méditer sur sa remarque « C’est dommage d’avoir fermé le centre d’entraînement de l’Étrat quand on sait l’importance du public à Saint-Étienne ». Il y a quelques semaines, on avait cru un premier message entendu. Pascal Dupraz avait fièrement annoncé que des séances allaient redevenir publiques, avec la bénédiction de ses patrons. Ce n’était qu’un mirage. Les portes se sont refermées en même temps que celles de la défense s’ouvraient. 

Didier BIGARD

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Pour résumer

Didier Bigard regrette que l'ASSE se coupe de plus en plus de son public lors des séances d'entraînement. Encore plus à l'aube d'une série de trois matches décisive pour son maintien en L1. "Il y a quelques semaines, on avait cru un premier message entendu. Pascal Dupraz avait fièrement annoncé que des séances allaient redevenir publiques, avec la bénédiction de ses patrons. Ce n’était qu’un mirage. Les portes se sont refermées en même temps que celles de la défense s’ouvraient", regrette-il.

Laurent HESS
Rédacteur
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