ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Soucasse et les joueurs devant leurs responsabilités. Pas les actionnaires ! »
Didier Bigard revient sur la décision de l’ASSE de se séparer de Claude Puel, et sur les derniers choix encore perdants du Castrais lors du fiasco face à Rennes (0-5)…
Sursis pour Puel écrivions-nous après le nul obtenu par Wabhi Khazri à Metz. Mais il y a eu appel et la sentence réclamée par les ultras revêtus de l’habit du procureur général est tombée. Logique parce qu’en face de l’accusation, la voix des avocats était devenue inaudible face à la cohorte des témoins à charge. Nous n’avons jamais vu un entraîneur faire l’unanimité à l’ASSE, mais Claude Puel a réussi, lui, à cristalliser tant de critiques en interne que son siège, de fauteuil au Directoire, était devenu un strapontin éjectable.
Fin octobre, il y avait déjà eu le miracle angevin, sans que cela ne mette en sourdine les petites phrases, coups de canif et de crayon pour griffonner la personnalité d’un homme « clivant qui ne fait rien pour conquérir son monde » expliquions-nous en citant des proches du club qui ne sont pas ses amis. « Il n’a aucun affect, c’est le problème» tranchait l’un d’eux, tandis qu’un autre estimait « qu’il veut montrer que c’est lui qui décide et qu’il a tendance à tirer la couverture ». Un troisième le qualifiait de « borné ».
« Si c’est un coach qui n’a pas ce côté humain indispensable dans la vie, c’est dommage »
Dimanche, avant même que la décision de l’écarter ne soit prise, l’issue était évidente pour éviter l’impasse. « Sinon, c’est mort » nous lâcha un technicien présent au match de la réserve. On a vite compris qu’à l’étage au-dessus, le couperet était tombé, lesté par les actionnaires, rendus à l’évidence d’une incompatibilité entre la personnalité de celui qu’ils nomment CP et un club construit sur les relations humaines, une ville élevée avec des valeurs de partage. Et le partage, Puel ne connaît pas ! « Il n’écoute personne » analyse un dirigeant, en relevant que, comme dans toute entreprise, le sale boulot revient au directeur général, pas aux présidents. Cela, on l’a saisi, à peine Claude Puel sorti de ce qui a été sa dernière conférence de presse stéphanoise. S’il nous a refusé tout commentaire, Jean-François Soucasse avait le visage fermé, le teint gris, les dents serrées. Pas besoin de parler. Au delà du résultat, il était au pied du mur de ses responsabilités, de son poste de décisionnaire chargé de corriger les erreurs commises par ceux qui le paient pour tenir le parapluie.
Sur les réseaux sociaux si beaucoup se félicitent du changement «Il était temps… En espérant qu’il n’est pas trop tard pour redresser la barre », la plupart visent les présidents, « ils décident quand de se mettre à pied aussi ? ».
Ont-ils vraiment cru en l’alchimie de celui qu’ils avaient présenté comme un bâtisseur? Roland Romeyer idéalisant « Puel fera jouer des jeunes ce qui n’a pas toujours été le cas » , alors que l’objectif était surtout de valoriser, au sens propre, les joueurs issus de la formation. Avec le risque pas assumé d’un revers sportif quand on transfère Saliba, Fofana, Honorat jusqu’à rendre exsangue l’équipe. Ce qui fait dire à des supporters que « Même le meilleur coach du monde ne transformera pas Krasso en Georges Weah » et que « La solution ne peut venir que des joueurs ».
Pas de quoi exonérer un entraîneur dont on ne comprend pas toujours les choix, quand il met sur la touche des cadres comme si c’était des gamins, qu’il va au clash avec Ruffier; donne le brassard à Camara qui n’a qu’une saison dans les jambes; refuse plusieurs recrues présentées par la cellule de recrutement; valide l’arrivée de Ramirez laissé pour compte.
Son dernier match est plus que symbolique avec Trauco remplaçant quand il aurait fallu bloquer les couloirs, Aouchiche préféré à Bouanga, pas de bloc défensif. Même son discours de la veille, dans lequel il affirmait avoir programmé Genesio pour devenir entraîneur, a collé à la caricature du « Je » faite par ses détracteurs ». Et ils sont de plus en plus nombreux. Les actionnaires, eux, estiment que « les joueurs ont lâché leur coach » et que ce licenciement est finalement « un soulagement ». Peut-être mais on sera surtout soulagé quand l’équipe se remettra à gagner…
Didier BIGARD