par julien.demets

FC Nantes - Aristeguieta : "J’ai déjà eu cinq fois un pistolet sur la tempe !"

Fernando Aristeguieta est de retour à Nantes.

Mais avant de rentrer à la Jonelière où il est sous contrat jusqu’en juin 2017, l’attaquant a passé un mois en vacances chez lui, au Venezuela. Plongée dans un pays marqué par des élections en décembre et une flambée de violence que l’on ne soupçonne pas, vu d’Europe.

Que pensez-vous de la pétition qui tourne dans votre sélection nationale pour réclamer le départ du président de la fédération vénézuélienne de football ? L’avez-vous signée ?Je ne l’ai pas signée, je ne suis pas retourné en sélection depuis. C’est un sujet délicat, mais le groupe reste bon. Toutes les sélections nationales traversent des moments difficiles et je suis sûr que nous nous en sortirons.

Etes-vous d’accord avec cette pétition ?Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. Je n’en ai pas assez discuté. Je discute beaucoup avec Oswaldo (ndlr : Vizcarrondo) mais c’est un sujet délicat et je dois analyser tout ça davantage pour me faire un avis.

D’une manière plus générale, votre pays vient de sortir d’une période électorale : comment l’avez-vous vécue ?C’est une très bonne chose pour le pays. Ce n’est qu’un début mais c’est positif.

Qu’est ce qui doit changer dans votre pays ?Tout ! Tout ! Cela fait 15 ans qu’il y a le même gouvernement et les choses ne font qu’empirer. Même si les dernières élections ne concernaient que le Parlement, elles amorcent un début de changement nécessaire.

La situation semble en effet délicate ! Sur les images, on voit de grandes files d’attente se former devant les magasins pour des produits de première nécessité…Oui. Pour donner un exemple, si tu veux acheter du lait, tu ne peux le faire seulement qu’un jour par semaine. On prend ton empreinte et on te dit ce que tu peux acheter ! Quelle que soit ta situation, même si tu travailles ou si tu gagnes de l’argent, tu ne peux pas acheter ce que tu veux. Quant à la sécurité, c’est un sujet très grave. Sur le seul dernier week-end, il y a eu une centaine de meurtres rien qu’à Caracas !

A quoi est-ce dû ? La drogue ?Non ! Tout simplement, tu sors dans la rue avec ton téléphone, par exemple, et tu te fais braquer avec un pistolet. Si tu ne le donnes pas, c’est fini ! Ce qui est grave, c’est que c’est devenu une routine pour nous. Je suis allé là-bas un mois pendant les vacances, et durant ce seul mois, je connais quatre personnes qui se sont fait kidnapper ! Ce n’est pas normal, il faut que ça change !

Avez-vous peur quand vous rentrez au pays ?Oui, notamment si tu sors dans la nuit. Parfois, il est même préférable de rester chez un ami jusqu’à cinq heures du matin pour repartir, c’est plus sûr. Entre 21h et 4h du matin, si tu regardes par la fenêtre, tu ne vois pas une seule voiture circuler car tout le monde a peur ! J’ai déjà eu cinq fois un pistolet sur la tempe ! Pour nous, cette situation est devenue normale et c’est la pire des choses.

Vous avez été braqué parce que vous êtes footballeur ?Non. Justement, si les gens savent que tu es footballeur ou une personnalité, on ne te touche pas ! C’est terrible car dans cette situation, le gouvernement peut retrouver les voleurs. Ça prouve qu’il peut faire les choses mais ne le fait pas !

Propos recueillis par Charles GUYARD

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Fernando Aristeguieta revient du Venezuela. Plongée dans un pays marqué par une flambée de violence que l’on ne soupçonne pas, vu d’Europe.

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