Franck McCourt
Franck McCourtCredit Photo - Icon Sport
par Alexandre Corboz
GRANDE BRADERIE

OM, FC Nantes, ASSE, Girondins : rachat de clubs de L1, c'est quoi le projet ?

En cette période de grande incertitude (Covid, droits TV, crise sportive), plusieurs clubs majeurs tels que l'OM, le FC Nantes, l'ASSE ou encore les Girondins font l'objet de rumeurs de rachat. Décryptage d'une tendance finalement assez logique.

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Les rumeurs incessantes autour d'une vente de l'OM, King Street prêt à céder les Girondins de Bordeaux, des projets de rachat à Waldemar Kita qui se montent à Nantes , les dirigeants de l'ASSE à l'affût d'investisseurs (si possible minoritaires)... Après Toulouse, l'ESTAC, Caen ou plus récemment le LOSC (passé de Gérard Lopez à Merlyn Partners), il pourrait y avoir d'autres mouvements d'envergure dans les mois à venir à la tête des clubs français.

Des clubs économiquement fragiles, une aubaine pour les investisseurs

Pour Olivier Jarosz, Managing Partner au Club Affairs, une société indépendante suisse de conseils de clubs, cette ouverture à la vente n'est pas une surprise : « Les clubs qui vivent essentiellement du modèle de trading sont en souffrance. La Covid, le désistement de Mediapro, le Brexit... Cela fait beaucoup de paramètres à gérer. On l'a d'ailleurs vu avec Lille. Le Covid n'a fait qu'accélérer les défaillances d'un modèle en bout de course. La période est très inquiétante pour les personnes qui ont des visions à très court terme », nous glisse-t-il. « Aujourd'hui, tout est à vendre ou quasiment ».

Dans un climat compliqué et forcément incertain, beaucoup de dirigeants en poste songent à ouvrir la porte plutôt qu'à continuer de creuser l'endettement, eux qui ont été maintenus sous respiration artificielle par les aides de l'Etat et cherchent désormais à sauvegarder leurs modèles par le biais de baisse de salaires négociées avec les joueurs (de Lens à Reims en passant par Lyon). Tous n'auront pas forcément les reins assez solides pour durer... Et c'est dans ce contexte « vautour » que les nouveaux acteurs rentrent dans la danse.

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King Street, McCourt... Premier de cordées du « rêve américain »

Aussi étonnant que cela puisse paraître malgré l'absence de perspectives sur les droits TV, la fin de la crise sanitaire et l'annonce d'un marché des transferts en récession, certains s'intéressent encore au produit Ligue 1. Pourquoi ? « Il faut aussi se dire que, pour les investisseurs, acheter un club de foot, plus spécifiquement s'il est ouvert en actions, c'est facile... Aujourd'hui, quelqu'un peut très bien être tenté être tenté par une OPA sur un club comme Lyon par exemple, qui est coté en Bourse. Cela ne veut pas dire qu'un investisseur le fera mais cela 10 à 15 fois moins cher qu'une franchise américaine », poursuit Olivier Jarosz.

Alors que les franchises US dépassent souvent le demi-milliard d'euros, l'achat d'un club de Ligue 1 ou de Ligue 2 peut se faire pour quelques millions d'euros seulement. Une bouchée de pain... Avec des perspectives de développement encore importante. Pour les fonds d'investissement, le football français est encore à « l'âge de pierre » de son développement. Malgré tout, il reste séduisant pour plusieurs facteurs. Plus sans doute que certaines activités traditionnellement propices à des investissements.

Parce qu'en période de Covid le football continue quand d'autres pans de l'économie sont à l'arrêt (hôtelerie, tourisme), parce que le foot peut aussi être vu comme une valeur refuge sécurisante et que ses clubs disparaîssent rarement de la carte mondiale, certains – notamment aux Etats-Unis – s'imaginent encore pouvoir accroitre la valeurs de leur acquisition via une politique de rationnalisation des coûts. « On risque d'avoir de plus en plus de fonds d'investissements intéressés. Malheureusement, ce sont des personnes qui ne comprennent pas le foot et à terme cela peut causer des dégats », s'inquiète Olivier Jarosz.

Aujourd'hui, la cote des clubs français est au plus bas, ses dirigeants sont à l'écoute et forcément cela attire des investisseurs, tous espérant réaliser une bonne opération spéculative (rachat à prix bas – valorisation - revente). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Frank McCourt est (officieusement) ouvert à la vente de l'OM. Le Bostonien a été l'un des premiers à flairer ce genre d'affaires et, s'il parvient à vendre pour 450 M€ comme annoncé, il sera rentré dans ses frais en faisant une plus-value. Comme il l'avait fait avec sa franchise de baseball des Dodgers. Bordeaux, par le biais de son propriétaire King Street qui a repris la suite de GACP, est aussi dans ce projet et à un stade beaucoup moins avancé... Avec une politique de rationnalisation des coûts plus agressive et qui heurte davantage les supporters.

Clubs satellites, anticipation et défiance... Le nouveau visage des acteurs de rachat

Mais tous les potentiels investisseurs ne s'intéressent pas aux clubs sur ce schéma. Tous n'ont pas les mêmes objectifs. Dans le Golfe, le modèle du Qatar au PSG peut pousser l'un des rivaux de l'Emirat à se positionner dans un projet à plusieurs leviers (le serpent de mer de l'Arabie Saoudite à l'OM). A l'ESTAC et à Vannes, le City Group œuvre sur un autre projet visant à étendre sa galaxie et baliser le terrain dans l'optique d'être une filière de Manchester. A Saint-Etienne, la recherche porte sur un financement, car le tandem Caïazzo – Romeyer n'est pas fortuné et ne pourra pas vraiment faire face si la crise venait à perdurer. A Nantes, c'est la défiance à l'égard de Waldemar Kita, autant au niveau supporters et politiques, qui amène les rumeurs d'un investisseur local, avec un projet local. Voir même d'un projet Socios.

Bien malin aujourd'hui celui qui pourra dire comment se terminera l'histoire pour tous ces clubs officiellement et officieusement sur le marché. Une seule certitude : pour éviter la faillite et des passages compliqués devant la DNCG en mai, plusieurs clubs seront obligés de passer à des nouvelles mains. Espérons, pour les supporters, que celles-ci soient bien intentionnées...

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Pour résumer

L'actualité de la Ligue 1 est bercée par des rumeurs de rachat. De l'OM à Nantes en passant par l'ASSE et les Girondins, décryptage d'une tendance logique.

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