PSG, OM, OL, ASSE, FC Nantes : ce qu'il faut comprendre de l'accord LFP – Canal+
L'accord trouvé entre la LFP et Canal+ ne met pas encore fin à la bataille des droits TV de Ligue 1. Elle repousse juste la bataille de quelques jours.
L'accord trouvé entre la LFP et Canal+ ne met pas encore fin à la bataille des droits TV de Ligue 1. Elle repousse juste la bataille de quelques jours.
Ce jeudi soir, la LFP et Canal+ ont trouvé un accord sur les droits TV de Ligue 1 et de Ligue 2 pour conclure la saison 2020-21 et tourner la page Mediapro, dont la chaîne Téléfoot devrait disparaître dans les prochains jours. Pour 38 M€ au total (en incluant les 3 M€ du Clasico OM – PSG de dimanche), en plus des sommes pour lesquelles Canal s'était déjà engagé à payer, la chaîne cryptée récupère le monopole sur le football français pour les 14 prochaines journées.
Une solution qui fait passer les droits TV de la saison à un peu plus de 700 M€ contre les 1,2 milliards espérés. Des pertes de 500 M€ qui font très mal aux clubs mais redonnent de la visibilité à court terme aux clubs au niveau de leur trésorerie. En revanche, la vraie bataille va concerner la suite : la fameuse période 2021-24 où il faudra, là aussi, se partager le gâteau de Mediapro en limitant au maximum la casse... Et pas sûr que cela passe forcément par un appel d'offres.
Sur RMC Sport, Jean-Michel Aulas a bien expliqué la chose : « On a fait du gré à gré pour terminer la saison actuelle. Il y avait un risque de se retrouver avec un Mediapro au bord de la faillite et qui s'est retiré. Il fallait pouvoir terminer. On continue de discuter pour la suite. Il n'y aura probablement pas d'appel d'offres. On aura des discussions gré à gré avec l'ensemble des partenaires. Bien sûr en priorité avec celui qui est aujourd'hui détenteur des droits mais aussi avec les trois autres (Amazon, DAZN, Discovery) ».
🗣💬 "Pour les quatre prochaines années, il y aura une discussion de gré à gré avec l'ensemble des partenaires"@JM_Aulas, président de l'OL, explique qu'il n'y aura probablement pas d'appel d'offres pour les droits TV de la Ligue 1 sur la période 2021-2024. #RMCLive pic.twitter.com/nsUPYutMVo
— After Foot RMC (@AfterRMC) February 4, 2021
Sur la saison 2020-21, le football français va récupérer un total de 714 M€ sur un total de 1,233 milliard initialement budgétisé. Le fiasco va donc coûter au bas mot 500 M€ sur l'exercice comptable. Un désastre économique mais qui n'est rien par rapport à ce que le foot français peut encore perdre.
Si Canal+ rend son lot 3 valorisé à 362 M€ en 2018, alors il ne restera plus que les 42 M€ des droits mobiles de Free de garantis sur la période 2021-24 et le reste à négocier. Certes, tous les lots seront remis en jeu cet été lors d'un nouvel appel d'offres mais Canal pourrait récupérer l'argent du lot 3 pour aller sur son objectif prioritaire du lot 1, éloignant ainsi la concurrence susceptible de faire monter les prix sur le produit phare, à savoir les meilleurs affiches du championnat. Car si Canal doit déjà payer 362 M€ pour deux matches (samedi soir, dimanche après-midi), sa latitude sera moindre face aux poids lourds internationaux à même de tenter le lot 1 (Amazon en tête).
Pour conforter son monopole, Canal doit donc gagner la bataille devant le tribunal de commerce de Paris le 19 février, CQFD.
Quel doit être la prochaine étape désormais ? Savoir dans un premier temps si la justice oblige la LFP à organiser un nouvel appel d'offres. Si Canal+ a sorti le chéquier et posé ses conditions, remportant la bataille face à des clubs très affaiblis pour la saison 2020-21, la justice – et plus précisément le tribunal de Commerce de Paris – rendra une décision très importante le 19 février prochain. A cette date, l'action intentée par Canal+ sera jugée. Si la justice donne raison à la chaîne sur la dégradation du produit football suite au passage de Mediapro et à la crise du Covid, la chaîne cryptée pourra alors rendre son fameux lot 3 à 330 M€... Et l'appel d'offres réalisé il y a quelques jours sera caduque, rendant nécessaire la tenue d'un nouvel appel d'offre.
En revanche, si la justice donne raison à la LFP face à Canal+, alors la chaîne devra continuer à payer son lot à 330 M€ et les clubs pourront, en parallèle, négocier au gré à gré, permettant ainsi à Amazon, Discovery, DAZN ou autre de faire une offre rehausser pour les autres produits mis en jeu... Et notamment le fameux lot 1 du dimanche soir, si cher à Canal+ mais qui peut intéresser Amazon. L'enjeu est là et déterminera à long terme la valeur de la Ligue 1.
Au final, en trouvant cet accord avec Canal, la LFP s'est surtout évité une asphyxie dès le 5 février, date du paiement prévu que la chaîne du groupe Bolloré menaçait de suspendre. Cela donne aussi du temps à tout le monde pour la vraie bataille devant les tribunaux du 19 février. C'est à partir de là qu'on saura quelle stratégie sera adoptée.
Tout ce qu'il faut comprendre de l'accord de circonstance noué par la LFP et Canal+ ce jeudi soir.
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