par Benjamin Danet

OGC Nice, PSG - Que sont-ils devenus : A la rencontre de Nambatingue Toko

Chaque vendredi, désormais, et à 19 heures, vous retrouverez une nouvelle rubrique : que sont-ils devenus ? L'occasion, pour vous comme pour nous, de retrouver les anciens de la Ligue 1, retirés de certains terrains.

Le grand attaquant tchadien a marqué les premières saisons de gloire du PSG au début des années 80. Passé par Nice, Bordeaux, Strasbourg et Valenciennes avant d’enflammer le Parc des Princes et d’être à jamais le premier buteur européen du PSG, «Tok» a toujours affiché son talent et sa personnalité. A 66 ans, dans sa retraite de la Côte d’Azur, il évoque encore les souvenirs. En riant.

Bonjour Nambatingue, que faites vous aujourd’hui ?

J’habite à Vallauris, près de Nice. Je suis revenu m’installer sur la Côte d’Azur il y a une dizaine d’années. Après avoir quitté le Paris SG, j’étais parti en famille en Tunisie puis à Rome. En 2009, je suis finalement rentré en France et dans une région que je connais bien puisque j’ai joué à Nice.

A la fin de votre carrière de joueur, vous avez intégré le staff du PSG jusqu’en 1998, comme recruteur puis entraîneur-adjoint. Vous vouliez poursuivre dans une carrière d’entraîneur ?

Quand je jouais à Valenciennes (ndlr : la saison 1979-80 avant de venir au PSG) avec Nordine Kourichi, on avait déjà passé nos diplômes d’éducateurs. Avec le staff du PSG, j’ai poursuivi et obtenu le BE2. Mais finalement, je crois que je ne suis pas assez pédagogue, c’est difficile de faire passer le message aux joueurs en tant qu’entraîneur.

Quelle place tient le football dans votre vie aujourd’hui ?

J’en suis un peu éloigné car je ne regarde pas souvent les matches à la télé et en même temps je reste en contacts avec des anciens. Comme ceux du Paris SG, Thierry Morin ou Jean-Michel Moutier. C’est l’occasion de se croiser pour un déjeuner. Sur la Côte d’Azur, près de chez moi, je vois souvent Roger Jouve, mais aussi Dominique Baratelli, Jean-Noël Huck, Dario Grava, René Bocchi. Qu’est ce qu’on se marre, comme avec Bouba (ndlr : Boubacar Sarr, son coéquipier au PSG), ça me fait beaucoup rire. On se raconte nos histoires.

Vous étiez un joueur expansif dans une équipe pour mettre l’ambiance. C’est votre caractère ?

Je ne suis pas foncièrement méchant, c’est ma nature. Mais quand je suis méchant, j’ai la tête dure, croyez moi.

Ce caractère vous a permis de faire carrière ?

Attaquant, il ne faut pas se laisser faire. Dans ce métier, on est coéquipier tout en étant adversaire. Il y a des petits groupes par affinités dans la vie d’un club, celui qui est plus ami avec un autre va vouloir que ce soit son copain qui joue. Sur le terrain, il ne faut pas se laisser faire. Je pense que ça n’a pas changé aujourd’hui.

Le PSG, où vous avez joué et gagné les premiers trophées du club, tient une place particulière. Quels souvenirs en gardez vous ?

D’abord dans ce groupe, il y avait de bons joueurs, des internationaux. Quand tu joues avec Susic et Dahleb, ce n’est pas rien. Et puis on possédait deux milieux de terrain défensifs avec Fernandez et Lemoult qui n’auraient rien à envier à ce qui se fait aujourd’hui à leur poste. Ca, c’est pour l’équipe. Après il y avait l’état d’esprit, un vrai groupe. On se chambrait tout le temps, toute la semaine à l’entraînement, tellement que les jours de grand match tu n’avais pas intérêt à passer à travers. Si tu n’avais pas un gros mental, tu baissais les bras.

Les plus gros chambreurs ?

Luis (Fernandez), parfois c’était même méchant. Je l’ai menacé une fois à cause de ça. Thierry Morin ou Jean-Marc Pilorget chambraient aussi, mais c’était gentil. A Paris, «il faut gonfler la poitrine» disait Francis Borelli (ndlr : président du PSG). Il avait raison, à Paris si tu es renfermé, introverti, tu te fais manger.

Safet Susic chambrait aussi ?

Safet ? Non, jamais. Il ne disait rien et parlait peu sur le terrain mais il fallait savoir jouer avec lui. Quand il avait le ballon, pfff... Moi, j’étais un joueur du style Cavani. Je savais faire le travail défensif. Je revenais, je lui donnais le ballon et je m‘en foutais s’il le perdait. Je savais que dans le match, il me donnerait un bon ballon. Comme l’a dit un un joueur marseillais, je crois, il était capable de te faire la passe entre le mur et la peinture. C’était précis. Du caviar! (rires). A propos de Cavani et la relation avec MBappé et Neymar, j’espère que la direction du PSG va tout faire pour leur demander de travailler avec lui. Il est indispensable, humble et travailleur. Tu ne te passes pas d’un mec comme lui. Ca ne se fait pas.

Vous êtes de l’équipe qui gagne les premières Coupes de France en 1982 et 83. Puis le début de l’aventure européenne et ce tout premier but de l’histoire du PSG contre le Lokomotiv Sofia…

(Il coupe). Au match retour ! Oui, j’ai plein de bons souvenirs. Et puis il y avait cette ambiance au Parc, les tribunes C et D avec les supporters pieds noirs du club. Paris a toujours été un club à part. Les supporters vous soutiennent ou vous sifflent. Il faut être costaud.

Vous avez connu également la période faste de l’OGC Nice dans les années 70.

C’était l’OGC Nice de la grande époque, (ndlr : 2ème de D1 en 1973 et 76, finaliste de la Coupe de France en 1978), l’équivalent de l’OM de Tapie ou du PSG. On ne pouvait pas imaginer meilleur milieu de terrain que celui que nous avions (ndlr : Guillou, Huck, Jouve).

Vous êtes arrivé du Tchad en France à 21 ans pour jouer en amateur à Grenoble puis Albi avant de devenir pro à Nice. C’est un parcours qui pourrait se reproduire aujourd’hui ?

Je crois, oui. Il y a des jeunes dans des sélections en Afrique qui ont cet âge et pourraient largement jouer en Ligue 1 et renforcer des équipes comme Nîmes, Guingamp. En Afrique, il y a de plus en plus de bons joueurs. Il suffit de voir combien jouent dans les championnats partout dans le monde. Des centaines. Je me rappelle de Vlatko Markovic, entraîneur de Nice (ndlr : 1974 à 1976). Il avait lancé plusieurs jeunes, dont moi. Puis il a été viré et a travaillé pour la FIFA en Afrique. L’année d’après il était de passage à Nice et on est allé le voir à son hôtel car on était quelques uns restés proches de lui. Il m’avait dit : «Dans chaque pays où je passe, il y a 2000 Toko. L’avenir du football mondial c’est l’Afrique». Il était visionnaire.

Recueilli par Etienne Bonamy

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Rédacteur
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