S'il le faut, oui !
"L'OM a trop souvent été lesé par l'arbitrage ces dernières années. Et le club phocéen est trop souvent resté muet face à cela. Alors, c'est le moment de dire stop ! C'est ce qu'a commencé à faire Mehdi Benatia après l'Olympico contre l'OL (2-3). Mais le coup de gueule du directeur sportif officieux de l'OM ne doit pas être un coup d'épée dans l'eau. Le club olympien, par la voix de Mehdi Benatia ou d'autres comme Pablo Longoria et Fabrizio Ravanelli, doit continuer son combat contre l'arbitrage.
Mais ce combat doit être mené s'il est justifié. Là, après l'Olympico, Mehdi Benatia était selon moi en droit de remettre en cause l'arbitrage de Benoît Bastien, qui a injustement expulsé Leonardo Balerdi dès la 5e minute de jeu malgré la révision des images par la VAR. Cette erreur aurait pu avoir de lourdes conséquences sur le match, et donc sur la saison des Marseillais. Et si Mehdi Benatia n'était pas monté au créneau, aurait-on autant pointé du doigt Benoît Bastien ? Je ne pense pas ! Alors même si le Marocain devrait être suspendu par la commission de discipline de la LFP pour ça, son coup de sang était nécessaire.
Après, je ne dis pas qu'il faut s'en prendre à l'arbitrage à chaque match mais entre le carton rouge scandaleux infligée à Derek Cornelius lors du derby du Sud entre l'OM et l'OGC Nice (2-0) puis l'exclusion injustifiée de Leonardo Balerdi lors de l'Olympico, l'OM se devait de réagir et de défendre l'intérêt de ses joueurs. C'est ce qu'a fait Mehdi Benatia sans pour autant dépasser les limites.
Cela peut permettre à Marseille d'un peu plus se faire respecter pour reprendre les mots de Mehdi Benatia à la mi-temps du match face aux Gones. Et encore, cela n'est pas sûr puisque le carton rouge de Leonardo Balerdi n'a même pas été annulé par la commission de discipline de la LFP. Ce qui prouve que le chemin est encore long pour que les instances et les arbitres se remettent en question et avouent parfois leurs erreurs. Alors, le club provençal doit selon moi continuer sa croisade contre l'arbitrage tant qu'il ne sentira plus lesé.
Fabien CHORLET.
Lui non, mais le club oui
"Je ne pense pas que Mehdi Benatia doit être systématiquement celui qui monte au front à l'OM. Parce qu'à force, son message et ses arguments vont perdre de leur force. Il sera vu comme le vilain petit canard, parano et agressif. Ce qui, d'ailleurs, est déjà un peu le cas... Depuis plusieurs mois, Pablo Longoria fait revenir des grands joueurs pour les intégrer à la direction. Il faut s'en servir. Basile Boli, Fabrizio Ravanelli et même Jean-Pierre Papin doivent prendre le relai du conseiller du président sur un dossier aussi sensible. Parce qu'en plus, leur notoriété fait qu'ils ne seront pas remis en cause.
Mais ce qui est certain, et je rejoins Fabien à ce niveau, c'est que l'OM ne doit plus se laisser faire. Cela fait trop longtemps maintenant que le club est victime de la nullité des arbitres français. Il râle un peu, pour la forme, mais c'est tout. Alors que les conséquences sont parfois cataclysmiques. Par exemple, j'étais à Nîmes en 2018-19, lorsque Benoît Bastien n'avait pas sifflé pénalty en faveur de l'OM suite à une faute sur Bruno Germain. Il avait en outre fait repartir le jeu alors que la VAR était en train de lui expliquer qu'il s'était trompé. Aux Costières, les Nîmois avaient été survoltés mais avec ce pénalty, l'OM aurait pu gagner. Au lieu de quoi, il a perdu (1-3) chez un promu, a vu son moral plombé et est parti pour une saison très difficile, la dernière de Rudi Garcia sur le banc.
Des erreurs qui coûtent trop cher
On peut aussi rappeler que le but non validé de Lucas Ocampos contre Lyon (0-0) en 2014-15 a peut-être coûté une qualification pour la Champions League, de même que celui refusé à Alexis Sanchez à Lens en 2022-23 par Clément Turpin. A chaque fois, ce sont au minimum 20 M€ qui échappent au club et toute une dynamique qui est brisée. Alors oui, il est grand temps d'arrêter de se laisser faire.
Pour autant, il ne s'agit pas de tomber dans la théorie du complot. Les arbitres français sont mauvais, c'est une certitude, mais en mission ou corrompus, je ne crois pas. Ce qui interpelle, c'est qu'ils sont plutôt bons en Coupe d'Europe, car ils savent que l'UEFA n'hésitera pas à les pénaliser si jamais ils font un mauvais arbitrage. Alors qu'en France, ils se savent appuyer par la commission des arbitres. On l'a encore vu après OL-OM, avec Mickaël Landreau qui a estimé que Benoît Bastien avait très bien fait son travail. Alors qu'Alexandre Lacazette est pourtant clairement hors jeu sur le pénalty par les Gones...
Plus largement, l'OM doit également se faire respecter au niveau des instances. Car la sensation qu'il y a deux poids, deux mesures est avérée. Comme lors du deal avec CVC, sur lequel le PSG a pris une très large part du gâteau et l'OM relégué au rang de vulgaires clubs européens comme Nice et Rennes. Des clubs dont les affluences et les palmarès cumulés ne sont pas à la hauteur de ceux de l'Olympique de Marseille. De même, comment expliquer qu'un Patrick Anton, qui président la commission d'éthique, se permette les propos tenus à l'encontre de Mehdi Benatia ? Surtout au vu de son passé d'arbitre qui avait mis le feu au Vélodrome à l'automne 1993 lors d'un match contre Metz. Dans les autres pays, les grands clubs sont respectés. En Espagne, le président de la Liga, Javier Tebas, allume parfois les présidents du Real Madrid ou du FC Barcelone mais jamais les institutions en elle-même. Car le respect est là et la crainte de représailles grande. Il est temps que l'OM en fasse de même."
Raphaël NOUET.
Pour résumer
Nos deux journalistes, Fabien Chorlet et Raphaël Nouet, débattent de la nécessiter pour Mehdi Benatia de continuer à dénoncer les injustices arbitrales. C'est que le dirigeant de l'OM devrait écoper d'une grosse sanction pour avoir critiqué Benoît Bastien lors de l'Olympico.