ASSE : le projet mené par Kilmer peine encore à convaincre

Arrivé en juin 2024 pour racheter l’ASSE, Kilmer Sports Ventures a complètement repensé la stratégie du club ligérien, en misant notamment sur la data. Un choix qui ne fait pas l’unanimité…
Samedi soir durant l’After Foot de RMC, David Gluzman et Félix Rouah ont confronté leurs visions sur le projet porté par Kilmer à la tête de l’ASSE. Si l’un défend la stratégie mise en place malgré des erreurs, l’autre doute de sa compatibilité avec l’histoire et les attentes du club.
Pour David Gluzman, banquier spécialisé en financement structuré et chroniqueur, la descente de l’ASSE en Ligue 2 est un échec difficile à avaler compte tenu des moyens déployés : « C’est très étonnant — et très décevant — que Saint-Étienne soit descendu avec ce niveau d’investissement. On parle de 24 millions investis l’année dernière. »
David Gluzman valide la data…
Il fustige le manque d’agressivité de Kilmer sur le mercato hivernal, notamment à des postes clés : « En finissant avec Dennis Appiah et Léo Pétrot, j’ai été très surpris. Un investissement minimal aurait dû suffire à garantir un maintien confortable. » Mais plus globalement, ce qui l’interpelle, c’est l’incohérence de la stratégie : « Cette nouvelle direction donnait l’impression d’avoir un pied dans le passé […] et un pied dans le futur, avec cette ADN ‘trading’. Cette politique du ‘ni-ni’ […], eh bien, cette politique a échoué. »
Malgré tout, Gluzman reste convaincu que la logique suivie est la bonne, à condition qu’elle soit assumée pleinement : « La data, c’est une politique qui marche pour les divisions inférieures. […] Ce modèle fonctionne. » Il rappelle que Kilmer dispose de profils hautement qualifiés : « Kilmer, c’est Ivan Gazidis […] qui a modernisé Arsenal après l’ère Wenger […] Jaeson Rosenfeld, un des pionniers de la data dans le foot. » Et selon lui, les premiers résultats sont encourageants : « Le trading porte déjà ses fruits : les deux meilleures recrues sont des recrues ‘trading’ — Stassin et Davitashvili. Ils ont déjà reçu des offres doublées. »
…Félix Rouah un peu moins
Félix Rouah, journaliste, est quant à lui plus réservé, et met en garde contre un excès de rationalisation : « J’ai un peu plus de mal avec cette forme de doctrinement, cette idée de tout miser sur la DATA. » Il doute que ce type de projet puisse s’adapter à l’ADN de l’ASSE : « Je ne pense pas que l’ASSE, avec son poids historique et son public, fasse partie des clubs prêts à accepter un projet aussi hybride et innovant. » Rouah se montre aussi sceptique sur la philosophie de gestion du club depuis la descente : « On a parfois eu l’impression que la descente n’était même pas si grave. […] Que le barrage face à Metz, s’il tournait mal, ce n’était pas un drame. »
L’une des grandes inquiétudes exprimées par Rouah concerne l’état d’esprit des fans : « Les supporters de Saint-Étienne sont épuisés mentalement. » Il prend pour exemple les incertitudes autour des joueurs à fort potentiel comme Stassin ou Davitashvili : « Je veux bien que tu fasses des paris audacieux […] mais les supporters de Saint-Étienne, ce sont des gens qui vivent foot. Ils ne veulent pas du clinquant. Il faut une colonne vertébrale, un vrai socle. » Un socle qui pourrait être endommagé, étant donné que l’avenir de Stassin et Davitashvili est encore très incertain…
Propos rapportés par nos confrères de Peuple-Vert.fr.