CARNET NOIR – OL : hommage à René la Canne
Présent durant de longues années sur le banc lyonnais, René Orts, dit « René la Canne », s'est éteint, annonce l’OL sur son compte Twitter. Symboliquement, ses funérailles ont eu lieu aujourd’hui à Voiron. But! Lyon l'avait retrouvé en 2010. A titre posthume, voici le portrait que nous avions réalisé de ce vrai passionné.
Pendant plus de 30 ans, le 14e homme de l'OL s'appelait René Orts. Victime d'un accident, en 1962, qui a provoqué un décollement de la rétine, il est devenu non-voyant. La vie de cet homme est guidée par le football. Fan du ballon rond depuis sa plus tendre enfance passée à Oran, son handicap ne l'empàªche pas de vivre pleinement sa passion. Contraint de rejoindre le centre de rééducation Gallieni, à Villeurbanne, René trouve en Gerland une deuxième maison où il assiste à des centaines de matchs. Mieux encore, il s'installe sur le banc. A l'époque, l'OL a été le seul club à bénéficier d'une dérogation qui permet à un supporter de prendre place sur le terrain. « Je conserve de très grands souvenirs. J'ai connu plusieurs techniciens tels que Jacquet, Nouzaret, Herbin… C'était la valse des entraà®neurs », se rappelle-t-il. Plus que sa présence sur le banc, René descendait aussi dans les vestiaires. Les joueurs l'appréciaient et n'hésitaient pas à plaisanter avec lui. « Je massais le dos et les jambes d'Eric Roy. D'ailleurs, Eric me faisait rire car il cirait ses souliers màªme par temps de pluie. Je lui demandais pourquoi il le faisait puisque cela ne servait à rien », nous confie cette véritable encyclopédie du football.
« Je vivais le match grâce au public»
Les souvenirs sont nombreux dans sa mémoire intacte malgré le poids de l'âge. Il nous fait part des deux moments les plus forts qu'il a vécus. « J'ai assisté à la remontée du club en Division 1 en 1989. Gerland était en ébullition. Je vivais le match grâce au public. J'entendais les réactions des supporters, la clameur, la joie qui se dégageait depuis les tribunes. Au stade, c'était de la folie. J'ai vécu une soirée riche en émotions », se souvient ce supporter numéro 1 des Gones. René la Canne n'oublie pas non plus les sacres en Coupe de France. « L'OL l'a remportée en 1964, 1967, 1973 et en 2008. D'ailleurs, je suis monté sur Paris pour assister à cette dernière rencontre. Govou a marqué le but victorieux à six minutes de la fin de la prolongation. C'était magique ». Aujourd'hui, cet homme qui ne cache pas son âge – « j'ai 70 ans comme Robert Herbin » – est toujours aussi passionné. « J'écoute la radio lors des matchs pour ne rater aucune miette. J'aime l'OL », conclu René Orts. Bien que privé de ses yeux, il a trouvé en l'OL la lumière.
C.H
