ASSE - EXCLU BUT! Jessy MOULIN :
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par Laurent HESS
ENTRETIEN

ASSE - EXCLU BUT! Jessy MOULIN : "Je ne regrette rien"

Retiré des terrains depuis le printemps dernier, Jessy Moulin est revenu sur sa carrière dans But! Saint-Etienne : l'ASSE, mais aussi Arles-Avignon, Fréjus, Clermont et Troyes. Souvenirs, souvenirs...

Zapping But! Football Club ASSE : vous attendez quoi messieurs les dirigeants ?

But ASSE : Jessy, lorsque vous avez attaqué la saison passée, saviez-vous que ce serait la dernière de votre carrière ?

Jessy MOULIN : Oui. Je savais que c'était la fin. Quand Troyes m'a annoncé que je ne serais que 3e gardien, j'ai répondu : "vous avez signé ma fin de carrière". J'avais fini ma première saison à l'ESTAC en jouant, j'avais été performant. Je m'attendais à être titulaire alors ça a été une grosse déception. Du coup, j'ai dit à Bruno Irles, le coach, qu'il était préférable de faire jouer les jeunes en réserve et le club a accepté.
 

Vous n'avez pas joué de la saison ?

Pas un match. Je prenais mon plaisir à l'entraînement, je n'ai pas fait de vagues. Mais j'ai quand même trouvé le temps long. Ma famille me manquait vraiment. Je rentrais chez moi tous les lundis soirs et je repartais à Troyes à 3h du matin le mercredi pour être à l'entraînement du matin. Sans les matches, la motivation n'est quand même plus la même. Tu n'as plus l'adrénaline.

 

Vous vous souvenez de votre dernier match ?

Bien sûr. C'était à Lorient et j'avais fait un super match. C'est un très bon souvenir. On était allés chercher un bon match nul 1-1 et les supporters de Lorient avait chanté "Meunier, tu dors, ton moulin ton moulin va trop vite". On avait bien rigolé, j'avais joué le jeu avec eux en faisant le chef d'orchestre. L'avant-dernier match, c'était au Parc des Princes. On avait fait 2-2. C'était le point du maintien pour nous. J'en garde aussi un très très bon souvenir.

 

Le PSG, c'était aussi votre adversaire en finale de Coupe de France...

C'était un grand moment. Il y avait eu la défaite, l'expulsion de Loïc (Perrin) pour son dernier match, mais on avait tout donné. Perdre 1-0 contre le PSG, à 10 contre 11, en affichant un beau visage, c'était honorable. Moi, tout le monde m'attendait sur ce match, il y avait énormément de pessimistes. Mais j'avais été à la hauteur de l'événement. Je pense que c'est là que j'ai gagné ma place de titulaire.

 

Vous aurez dû attendre votre dernière saison à l'ASSE pour être enfin titulaire...

Oui. Je finis en me blessant et c'est Etienne (Green) qui se révèle, mais avant ma blessure j'avais fait 7 clean sheets. Il n'y avait que Lopes et Navas qui en avaient fait plus. Surtout, cette saison là, on n'est pas descendu et ça franchement, c'est une grosse satisfaction parce que ce n'était pas gagné. On avait une équipe très expérimentée. Quand on voit l'équipe alignée à Metz, par exemple... On avait perdu 2-0 mais c'était un moindre mal. Regardez où sont la plupart de ces jeunes aujourd'hui, ils ont complètement disparu !
 

"Les derbys étaient exceptionnels à vivre, cette ferveur tout au long de la semaine avant le match c'était génial. La Coupe d'Europe aussi, avec "Sainté", un club qui a ça dans le sang, avec Geoffroy-Guichard comble, les chants européens, c'était incroyable."

 

Le départ de Wesley Fofana avait fait beaucoup de mal...

C'est sûr que c'était un coup dur. Wesley avait très bien débuté la saison, il prenait énormément de place en défense, il avait un sacré volume. On avait débuté en battant Strasbourg, Lorient, en gagnant à Marseille. Mais après, on a vu les limites d'un effectif très inexpérimenté. C'est ce qu'on voit en ce moment dans certains clubs malades comme Troyes. Il y avait eu un trop gros renouvellement de l'effectif. C'était la politique du coach, du club. Mais en laissant des joueurs chevronnés de côté, il y avait un vrai risque.
 

Parmi les exclus, il y avait des copains à vous...

Oui. Robert Beric, Yann M'Vila. A moment Wahbi Khazri et Ryad Boudebouz ne jouaient plus non plus. C'était dur à gérer. On savait qu'ils feraient du bien mais ils étaient laissés de côté et on n'avait pas notre mot à dire.

 

Au final, vous auriez signé pour faire cette carrière-là ?

Avec du recul, quand on voit comme c'est dur de percer, de faire son trou... Il y a peu d'élus, surtout à mon poste, et à mon époque il y avait moins de jeunes qui signaient pro. A l'arrivée j'ai pris énormément de plaisir, surtout à l'ASSE, le club qui m'est cher, celui qui m'a formé. Tout a tourné autour de ce club. J'aurais aimé jouer plus, c'est sûr, mais j'ai donné ce que j'avais à donner. J'ai pris ce qu'on m'a donné, je ne me suis jamais plains, j'ai toujours bossé et essayé de répondre présent quand on a fait appel à moi. Non au final je ne regrette rien. Je n'ai rien à regretter.

 

Vos meilleurs souvenirs ?

Les derbys étaient exceptionnels à vivre, cette ferveur tout au long de la semaine avant le match c'était génial. La Coupe d'Europe aussi, avec "Sainté", un club qui a ça dans le sang, avec Geoffroy-Guichard comble, les chants européens, c'était incroyable.

 

Votre prêt à Arles-Avignon vous avait lancé...

ça aussi c'est un super souvenir. La saison 2008-09. Au départ quand je pars, le club n'était pas dans l'optique que je revienne. Mais je joue, on monte en L2. J'ai des propositions mais quand Damien Comolli revient, il tient à ce que je prolonge et je lui fais confiance, je refuse tout ce qui se présente. J'ai 22 ans, c'est une très belle période pour moi. Quand Vincent Planté signe, je repars en prêt à Fréjus et on manque la montée pour pas grand-chose. J'ai passé une belle saison là-bas, avec un très bon coach, Athos Bendini, et trois joueurs que j'avais connus à l'ASSE : Samy Houri, Akim Orinel et Cyrille Noyer. A mon retour, Christophe Galtier me fait jouer mes premiers matches en L1 quand Jérémie (Janot) se blesse. Stéphane Ruffier arrive mais je prolonge à nouveau et je repars en prêt, à Clermont. J'aurais pu aller à Nantes, qui était descendu en L2, mais ils n'avaient pas voulu d'un prêt. A Clermont, Michel Der Zakarian me voulait mais c'est Fabien Farnolle qui a joué toute la saison. Je pense que ça a été un tournant dans ma carrière. Je garde un souvenir amer de cette saison, je n'étais vraiment pas bien. C'est là que j'ai compris qu'une carrière de doublure m'attendait.

 

Et Stéphane Ruffier ne laissait que des miettes...

Oui. Il voulait tout jouer. J'essayais de me montrer aux entraînements mais il était tellement fort à ce moment-là. Je prenais du plaisir dans les séances et avec la réserve. Je restais impliqué. Il le fallait parce que derrière, il y avait des jeunes qui poussaient : Crémillieux, Bouallak, Bajic, Maisonnial, Green... Ce n'était pas si simple de rester numéro 2 !

 

Vous auriez pu partir, ces dernières années ?

Il y avait eu Auxerre. Les dirigeants m'auraient libéré mais c'est moi qui avais fait le choix de rester. Et j'ai bien fait. Si j'étais parti, je n'aurais pas pu jouer avec l'ASSE en L1, ni en Coupe d'Europe.

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Pour résumer

Retiré des terrains depuis le printemps dernier, Jessy Moulin est revenu sur sa carrière dans But! Saint-Etienne : l'ASSE, mais aussi Arles-Avignon, Fréjus, Clermont et Troyes. Souvenirs, souvenirs... "Je ne regrette rien", affirme-t-il.

Laurent HESS
Rédacteur
Laurent HESS

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