ASSE, FC Nantes – L'oeil de Denis Balbir : « Mercato : Monaco et Rennes envoient un signal inquiétant »

Cette semaine, notre consultant disserte sur le début de Mercato peu animé dans l'Hexagone.

« Cela fait désormais plus de quinze jours que le Mercato est lancé et il ne se passe pas grand chose en Ligue 1. Est-ce une surprise ? Oui et non. Normalement, le marché français commence plus fort. Beaucoup de clubs s'apprêtent à reprendre sans avoir enregistré la moindre arrivée. Ce n'est quand même pas l'idéal. Les entraîneurs aiment avoir leur groupe complet rapidement pour que les recrues s'adaptent à un nouveau groupe, un nouveau cadre et une nouvelle philosophie de jeu. Maintenant est-ce vraiment surprenant ? Les années de Coupe du Monde et d'Euro, le marché démarre plus tardivement. A l'exception de quelques mouvements sur de gros joueurs. Le Mercato est un jeu de chaises musicales et, si les gros n'enclenchent pas, les clubs qui doivent d'abord penser à dégraisser ne peuvent pas se permettre d'acheter. Maintenant, nous avons tous un peu d'expérience concernant le marché des transferts et on sait que tout peut s'emballer d'un seul coup avec un premier mouvement d'envergure donc attendons...

« Comment des clubs comme Nantes, Bordeaux ou Saint-Etienne vont pouvoir suivre ? »

Aujourd'hui, les clubs qui bougent sont ceux qui sont en capacité financière d'entamer leur marché avant la date fatidique du 30 juin (fin de l'exercice comptable). Des formations comme l'AS Monaco ou comme le Stade Rennais qui n'hésitent plus à dépenser des sommes folles pour des éléments qui n'ont pas encore énormément prouvé. L'ASM a mis 20 M€ sur Willem Geubbels (OL), un jeune certes prometteur mais qui ne compte qu'une poignée de matches avec l'équipe fanion de Lyon. Peut-être que ce sera le nouvel Aouar, qui sait, ou que cela s'avèrera avec le temps une superbe opération financière comme ce fut le cas pour Anthony Martial, mais c'est quand même un sacré pari. Au delà du fait de chiper une promesse à un club rival. Monaco est dans sa politique. Espérons pour eux qu'ils ne se trompent pas et que le pari du « tout jeune » n'attendra pas ses limites cette saison. A Rennes, on a aussi choisi de miser gros sur des jeunes avec Jordi Siebatcheu (Reims), Romain Del Castillo (OL) ou Rafik Guitane (Le Havre) dès l'hiver dernier. En Bretagne, la situation est un peu différente avec l'Europe à préparer pour le mois de juillet. On sait l'attente qu'il y a autour des Rouge et Noir pour briller sur l'échelle continentale. Cela peut expliquer cette envie d'aller vite sur le Mercato, quite à sortir le carnet de chèques.

Cette inflation que l'on peut constater sur les premiers grands mouvements estivaux est inquiétante. Monaco et Rennes peuvent sortir plus de dix millions sur des jeunes en devenir. Comment des clubs comme Nantes, Bordeaux ou Saint-Etienne vont pouvoir suivre ? Au niveau financier, le marché vire au grand n'importe quoi. On était déjà dans l'indécence il y a deux ans avec les 100 M€ passés par Paul Pogba pour aller de la Juventus de Turin à Manchester United mais aujourd'hui, ça part vraiment dans tous les sens. 20 M€ pour Geubbels qui n'a encore rien prouvé ? A mes yeux, c'est astronomique. Cela renvoie un signal assez dur pour les clubs moins fortunés de Ligue 1. Désormais pour bien recruter, il faut être excessivement malin, prendre des risques en Ligue 2 ou sur des joueurs revanchards.

« Je préfère ça plutôt qu'on laisse circuler des noms ronflants pour se retrouver avec des trompettes »

Pour finir, un petit mot sur le Mercato de l'ASSE et la discrétion affichée par les dirigeants stéphanois. Quite à surprendre, je pense que ce n'est pas plus mal comme ça. Si l'AS Saint-Etienne fait un Mercato dans le secret et n'annonce les aboutissants que quand les choses sont sécurisées, ça me va. Je préfère ça plutôt qu'on laisse circuler des noms ronflants pour se retrouver avec des trompettes. Aujourd'hui, Saint-Etienne fanfaronne un peu moins sur le marché. L'an passé, je me souviens par exemple que les Verts avaient fait une communication énorme sur Loïs Diony, un « phénomène » venu de Dijon. On a vu ce que ça a donné... Si c'est pour corriger le tir de ce qui a été fait l'été dernier, pourquoi pas ? On dit que c'est la méthode Frédéric Paquet. Le nouveau directeur général de l'ASSE n'est pas quelqu'un de très volubile. Il n'est pas au restaurant avec les journalistes, les pieds sous la table, à annoncer « on va faire signer untel ou untel ». C'est quelqu'un de dynamique mais qui préfère l'ombre. Je pense qu'il travaille bien. Au LOSC, en tout cas, il avait fait un travail remarquable. Même si, du côté des supporters de l'ASSE ou des journalistes, on est aujourd'hui en manque de noms et d'informations, on sera quand même heureux si le style Paquet peut nous permettre de recruter bien et malin. »

Recueilli par Alexandre CORBOZ