ASSE – L'oeil de Denis Balbir : « Bernard Caïazzo aurait dû faire preuve d'un peu plus de retenue »

Retour sur la polémique qui a agité les Verts suite aux propos de Bernard Caïazzo sur la cellule de recrutement.

« La semaine de l'ASSE a été marquée par les critiques de Bernard Caïazzo sur la cellule de recrutement et la petite polémique qui s'en est suivie. Même s'il y a sans doute une part de vérité dans ses mots, je pense que, lorsqu'on est président en fonction d'un club de football et que tous les signaux sont au vert sportivement, on doit aussi savoir faire preuve d'un peu plus de retenue. Sur ce Mercato, j'ai le sentiment que le travail a été bien fait, autant au niveau des arrivées que des départs. En prime, la saison démarre de manière plutôt prometteuse au niveau des résultats. Ces derniers temps, je ne pense pas que l'ASSE se soit beaucoup trompé même si le vrai gros recrutement des Verts ces derniers mois est d'avoir su se doter d'un staff technique particulièrement compétent. Un staff qui, par effet boule de neige, est parvenu à ramener d'excellents joueurs dans le Forez. Sur le contenu des critiques de Bernard Caïazzo, libre à chacun d'avoir son avis. Sur la forme, je n'ai pas compris.

« Peut-être qu'il y a eu des erreurs par le passé »

Peut-être qu'il y a eu des erreurs par le passé. Peut-être aussi que certains joueurs, aujourd'hui en prêt (Jorginho, Tannane, etc.), n'auraient pas dû être recruté. Mais, si je ne me trompe pas, c'est le président qui donne son aval ou non aux pistes de la cellule de recrutement. Si les recruteurs ont fait des erreurs, on peut prendre le problème dans l'autre sens et dire que les dirigeants ont cautionné ces mêmes erreurs. Alors oui, à Saint-Etienne, le mode de fonctionnement est plus compliqué qu'ailleurs. Chez les Verts, Bernard Caïazzo est co-président avec Roland Romeyer. Qu'un club fonctionne à deux têtes, c'est déjà une petite hérésie. Au delà de ce drôle de mode de fonctionnement qu'on ne va pas réexpliquer, je m'interroge sur le timing de cette sortie... Même si je peux comprendre qu'un dirigeant, qui met de son argent personnel dans un club, puisse avoir son mot à dire. Suite à ces critiques émises à l'égard de David Wantier, Frédéric Paquet et Jean-Louis Gasset ont pris sa défense. En même temps, ils ne pouvaient pas faire autrement. Cette sortie médiatique allait forcément être mal interprétée. Il fallait dire quelque chose pour éteindre le feu.

« Je trouve l'argument Boulaya très moyen »

Après, concernant David Wantier, il a sans doute fait des erreurs dans ses premiers mois de prise de fonction. Peut-être qu'on lui a mis des bâtons dans les roues. Peut-être aussi qu'il n'a pas eu les coudées franches pour faire certaines choses qu'il souhaitait. Maintenant il convient aussi de se rappeler des conditions dans lesquelles il est arrivé à Saint-Etienne. Il était agent de joueurs et la passerelle a aussi été compliquée à gérer pour lui. Cela a pu coûter certains dossiers au club. A l'époque, les Verts avaient dans les tuyaux de faire l'ancien latéral gauche messin Gaëtan Bussmann. Plutôt que de s'exposer aux critiques sur un éventuel conflit d'intérêts, il avait à l'époque préféré envoyer son client en Allemagne. Peut-on lui reprocher ce genre de choses ? Personnellement, ce qui me gêne le plus dans les reproches de Bernard Caïazzo, c'est qu'ils interviennent au sortir d'une fin de saison remarquable et à l'orée d'un exercice où le club a un coup à jouer. Sur ces derniers mois, cette cellule de recrutement est parvenue à trouver des solutions pour faire venir des joueurs de qualité, des ex internationaux, des joueurs étrangers qui ont de la bouteille... Même s'il s'agit d'un travail collectif, c'est minimiser l'impact d'un Wantier sur ces arrivées. Pour moi, Bernard Caïazzo est allé un peu trop loin. Maintenant, on connait aussi le personnage. Le président est quelqu'un de très avenant, très sympathique mais qui parle beaucoup et s'est sans doute laissé aller à quelques confidences qu'il n'aurait pas dû faire...

En plus, je trouve certains arguments un peu limite. Dire que Boulaya aurait dû signer à l'ASSE parce qu'il a, à un moment donné évolué à Clermont, c'est moyen. Tous les clubs voient des joueurs leur échapper alors qu'ils sont à 30 kms de chez eux. On ne connait pas les circonstances mais ça arrive vraiment à toutes les cellules de recrutement... On ne peut pas accuser des gens de mal faire leur travail alors qu'on a sans doute sur le papier l'une des plus belles équipes de Saint-Étienne depuis longtemps. »

Recueilli par Alexandre CORBOZ