par Alexandre Corboz

OL – ASSE / L'oeil de Denis Balbir : « Est-on en train de tuer l'esprit derby ? »

Chaque lundi, Denis Balbir décrypte l'actualité du football français.

Focus sur le derby OL – ASSE de vendredi prochain. Un match dont on parle pour l'heure relativement peu dans les médias.

« Le derby OL – ASSE approche. C'est assez surprenant de voir le peu d'impact médiatique autour de ce match à l'échelle nationale cette année. Pourtant, Lyon comme Saint-Etienne s'affichent actuellement en haut de tableau. Le classement devrait décupler la rivalité mais il n'en est rien … Loin de moi l'idée de dire qu'on s'ennuie des excès de violence que ce derby peut parfois générer ou des certaines déclarations intempestives mais il manque un peu de piment. On en viendrait presque à penser que ce derby rhonalpin est devenu un match comme un autre.

« On reste un peu sur notre faim par rapport aux derbys d'avant »

Sans bercer dans la nostalgie, on reste un peu sur notre faim par rapport aux derbys d'avant, plus attendus, préparés différemment avec quelques petites phrases amusantes, avec des anecdotes qui ont fait de ce match un pan d'histoire du football français. J'ai l'impression qu'on est tombé dans la routine. Est-ce la faute des joueurs, plus policés et lisses que par le passé ? Est-ce dû au fait qu'il y a moins d'éléments du cru dans les effectifs des deux clubs ? Aujourd'hui, les joueurs comme Loïc Perrin sont des exceptions. On ne peut pas imaginer qu'un garçon comme Bertrand Traoré ou même Memphis Depay saisisse réellement l'impact de cette rivalité pour les gens à Lyon. Pareil à Saint-Etienne avec des garçons comme Yann M'Vila ou Rémy Cabella, qui n'ont pas grandi dans le Forez. Peut-être que tout part de là. Il n'y a plus de Raymond Domenech ou de Bernard Lacombe pour allumer la mèche. Quant au président Aulas, il a aussi calmé le jeu. Ce qui est assez contradictoire étant donné les échanges qu'il peut parfois avoir sur les réseaux sociaux. Il reste encore quelques jours aux acteurs du match pour réfléchir à ce qu'ils vont dire. Peut-être qu'il y aura quelques étincelles. Personnellement, je n'y crois pas trop.

« Supporters, stade, horaire... On s'éloigne progressivement du folklore »

Quand on voit tout ce qui se passe autour de ce match, il y a de quoi être inquiet. Est-ce qu'on tue l'esprit derby ? On peut le penser. Pour moi, il y a un dosage à trouver entre la guerre et le folklore. A une époque, il n'y avait pas tous les excès d'aujourd'hui... Ni ce tout répressif autour des supporters. Un derby, c'est de la couleur en tribune. L'absence de fans stéphanois à Lyon est forcément un frein à l'engouement autour de ce derby. A mon sens, le fait d'avoir quitté Gerland pour le Groupama Stadium, un stade neuf où l'histoire de cette rivalité n'est pas encore vraiment écrite, est aussi un cap qui a calmé l'antagonisme affiché entre les deux villes. Comme la programmation du match : un vendredi à la sortie d'une trêve internationale. Un OL – ASSE, ça doit se jouer le samedi ou le dimanche, jamais un vendredi soir quand les gens sortent du travail. Ça doit être la grande sortie du week-end. Vous ne verrez jamais un derby de Milan ou un derby allemand se jouer sur cette case horaire. On peut comprendre les raisons qui ont pousser la Ligue et les diffuseurs à choisir cette date (l'OL affronte Manchester City le mardi suivant en Ligue des Champions, NDLR) mais cela participe à la disparition progressive de cette culture de derby. On se souvient tous avoir connu des OL – ASSE les dimanche après-midi, dans des stades bondés et sans soucis sécuritaires comme aujourd'hui. Une case horaire qui donnait une vrai connotation anglosaxone à cette rivalité. C'est dommage d'avoir perdu ça... »

Recueilli par Alexandre CORBOZ

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Chaque lundi, Denis Balbir décrypte l'actualité du football français. Focus sur le derby OL – ASSE de vendredi prochain.

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