par nicolas.breton

France - Ukraine : joueurs, coach, analystes... Les gagnants et perdants de ces barrages

En quatre jours, l'équipe de France est passée par tous les états.

Au désespoir né de sa défaite lors du match aller des barrages de la Coupe du monde 2014 en Ukraine (2-0) a succédé l'euphorie de la qualification obtenue au match retour (3-0). Difficile de discerner les véritables enseignements d'une double-confrontation aussi contrastée. Voici quelques pistes.

Les gagnants

La nouvelle génération : certains observateurs en étaient venus à espérer une élimination des Bleus dans l'espoir qu'elle permette une fois pour toutes de faire le ménage au sein de l'effectif tricolore. Ils ont eu ce qu'ils voulaient, mais avec la qualification. Car ce succès est à mettre au crédit des Pogba (20 ans), Varane (20 ans) ou Sakho (23 ans), dont le niveau de jeu et l'assurance ont fait de l'ombre aux leaders de l'équipe que devaient être Éric Abidal ou Patrice Evra. L'air de rien, la révolution française a déjà eu lieu et les vestiges de 2010 sont en passe d'être balayés.

Le 4-3-3 : depuis sa prise de fonctions, Didier Deschamps hésite quant à la tactique à adopter. S'il n'a jamais paru emballé par un système à deux attaquants, lequel ne mettrait pas Franck Ribéry dans les meilleures conditions, le technicien a en revanche longtemps hésité entre positionner son entrejeu tel un triangle dirigé vers l'avant (4-2-3-1, avec un numéro 10) ou vers le bas (4-3-3, avec un distributeur devant la défense, comme Pirlo à la Juve ou Thiago Motta au PSG). La très bonne copie rendue par Yohan Cabaye au Stade de France appuie cette seconde option. Cabaye-Matuidi-Pogba, c'est plus dense et plus complémentaire.

Le poste d'ailier droit : depuis plusieurs années, c'est le talon d'Achille de l'équipe. De Loïc Rémy à Jérémy Ménez en passant par Hatem Ben Arfa, aucun joueur ne s'est imposé sur la durée comme l'alter ego de Franck Ribéry, à qui le flanc gauche est réservé. Le retour au 4-3-3 a convaincu Deschamps d'aligner Mathieu Valbuena sur l'aile, lui qui occupe habituellement le poste de meneur. Le résultat a été convaincant : s'il n'est pas un ailier de débordement, le Marseillais jouit d'une justesse technique dont manque Rémy et affiche une simplicité dont Ménez ou Ben Arfa sont incapables.

Karim Benzema : Peut-on passer du statut de paria à celui de héros en quelques semaines ? Karim Benzema n'est pas loin d'y être parvenu. Muet pendant plus d'un an, l'attaquant du Real Madrid avait retrouvé le chemin des filets contre l'Australie (6-0) début octobre, puis face à la Finlande (3-0) quelques jours plus tard. La terne prestation d'Olivier Giroud à Kiev vendredi a conduit Didier Deschamps à faire de nouveau appel à l'ancien Lyonnais mardi soir, permettant à ce dernier d'inscrire le deuxième but tricolore. Pas de quoi sauter au plafond, mais Benzema a repris le dessus sur son concurrent.

Les perdants

Laurent Koscielny : un suicide professionnel. Voilà à quoi on a assisté vendredi à la 91e minute du match Ukraine-France. Meilleur Français sur la pelouse, Laurent Koscielny s'est bêtement fait exclure après avoir provoqué un penalty quelques minutes plus auparavant. C'est donc des tribunes que le stoppeur d'Arsenal a assisté au meilleur match de la carrière tricolore (voire de la carrière tout court) de Mamadou Sakho, associé à un Raphaël Varane dont la sérénité et l'aisance technique le rendent déjà indispensable. Sur un geste idiot, Koscielny a peut-être tout perdu.

Didier Deschamps : Oui, les Bleus se sont qualifiés. Et le légendaire tempérament de vainqueur de leur coach a sans doute joué un rôle dans la remobilisation tricolore en vue du match retour. Reste que les changements opérés mardi soir n'ont fait que souligner les anomalies du onze de l'aller. Comment DD a-t-il pu titulariser Samir Nasri à Kiev, sur la foi d'un match correct face aux très faibles Australiens, et non Valbuena, pourtant excellent en Bleu ? Preuve du raté complet de l'ancien coach phocéen au match aller, les meilleurs Français hier soir étaient ceux dont il n'avait alors pas voulu (Valbuena, mais aussi Cabaye, Sakho ou Benzema).

Franck Ribéry : attendu comme le sauveur de la patrie lors de ces barrages, l'ailier du Bayern Munich n'y a finalement joué qu'un rôle secondaire. Muselé à l'aller, il n'a pas fait d'exploit au retour et a peut-être laissé échapper ses chances de Ballon d'or (les votes étaient clos avant-hier mais le but de Cristiano Ronaldo contre la Suède vendredi soir donne un petit avantage de dernière minute au Portugais). Ceci étant, c'est aussi un mal pour un bien : la France a montré qu'elle était capable de sortir un grand match, de créer des brèches et de marquer des buts sans s'appuyer uniquement sur son feu follet munichois. Qui aura d'autres occasion de briller au Brésil.

Certains analystes après le match aller : la défaite à Kiev avait soulevé de violentes critiques à l'égard des hommes de Didier Deschamps. La plupart étaient justifiées et la qualification ne saurait faire oublier les mois pénibles que Karim Benzema et sa bande viennent de fait vivre à leur supporters. Le problème, c'est que certains journalistes, politiques ou simples fans voudraient bâtir, à partir des résultats des Bleus, des théories entières sur les dérives de la jeunesse ou le déclin des valeurs patriotiques. Autant d'interprétations que la qualification tourne en ridicule. N'oublions pas que tout cela n'est que du sport, mieux vaut donc s'en tenir à des analyses sportives.

JD

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Pour résumer

Les Bleus sont qualifiés pour le Mondial aux dépens de l'Ukraine. Joueurs, coach, analystes... Qui sont les gagnants et les perdants de ces barrages ?

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Rédacteur
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