par nicolas.breton

ASSE - Débat : Ruffier doit-il être le numéro 3 de l'équipe de France ?

On s’avance un peu car l’équipe de France doit encore franchir l’obstacle des barrages pour valider son ticket pour la Coupe du monde mais le portier de l’A.

S.Saint-Etienne est le postulant stéphanois le plus crédible pour Brésil 2014. Pour preuve, le sélectionneur Didier Deschamps l'a convoqué pour pallier l'absence de l'habituel numéro 3, Mickaël Landreau. Mais Ruffier mérite-t-il vraiment sa place ? On en débat.

OUI

1. Il est meilleur que Landreau

S’il peut se prévaloir d’une riche expérience du haut de ses 34 ans et ses 595 matches en Ligue 1, Mickaël Landreau n’évolue qu’à Bastia, dans un club à la lutte pour le maintien... Et, sans lui manquer de respect, ses meilleures années sont derrière lui. Bien sûr, il figurait encore dans le Top 4 des gardiens de l’élite lors des Trophées UNFP l’an passé mais le portier n°3 attitré des Bleus a depuis été rejoint par son jeune concurrent, qui l’a même remplacé lors du stage des Bleus en Amérique du Sud début juin. Intrinsèquement, il n’y a pas vraiment photo. Sur la saison 2012-13, les statistiques le démontrent. Landreau a arrêté ou repoussé 69,2% des 140 frappes qui sont arrivées jusqu’à ses buts en Ligue 1. Dans le même temps, Ruffier, c’était 70,6% d’efficacité, avec l’obligation de rester très concentré puisqu’il n’a vu que 109 ballons lui arriver. Après, dans la vie de groupe, Landreau est peut-être (sans doute !) meilleur camarade. Mais demande-t-on à un gardien d’être sympa ou plutôt d’être performant ?

2. Il sait répondre dans l’adversité

Quand il s’agit de faire “fermer des bouches”, “Ruf” sait y faire. C’est même dans ce registre qu’il est le plus performant. Un vrai plus quand certains portiers ont pour habitude de s’écrouler sous la pression. L’an dernier, le Bayonnais n’a jamais été meilleur que lorsque les critiques des médias ont commencé à le cibler. En pleine tourmente car pas vraiment décisif, il avait notamment répondu avec maestria en sortant plusieurs penalties face à Lorient en 16es de finale de la Coupe de la Ligue. Un acte fondateur dans la belle saison des Verts en 2012-13. Cette année, l’ancien Monégasque a vécu quasiment le même “trou d’air”. Taillé par Pierre Ménès qui estimait sa responsabilité engagée sur les deux buts de Toulouse dans le Chaudron, Ruffier a répondu par une prestation stratosphérique à Marseille où, malgré la défaite (1-2), il a réalisé trois parades de très grande classe. Souvent critiqués par l’opinion publique, les Bleus ont besoin de ce genre de joueurs.

3. Il a un caractère de compétiteur

Pour aller loin dans une compétition internationale, il faut avoir une équipe composée de joueurs qui exècrent la défaite. Stéphane Ruffier a ses défauts. Il peut être tour à tour boudeur, soupe au lait, caractériel, maladroit dans sa communication avec ses partenaires... Mais s’il y a bien une qualité qu’on ne peut pas lui enlever, c’est que le garçon a de l’ambition et se donne tous les moyens pour parvenir au sommet. En équipe de France, il y a de gros manques au niveau du leadership. La preuve la plus flagrante étant que, faute d’un vrai patron, Didier Deschamps confie le brassard au discret Hugo Lloris. Même s’il n’est pas titulaire, “Ruf” peut amener ce supplément d’âme que ses rivaux - pas assez “grandes gueules” ou trop “consensuels” - n’ont pas.

NON

1. Il n’est pas prêt pour être numéro 3

Partout où il est passé, Stéphane Ruffier a toujours été le numéro 1. Et même quand il était encore jeune portier à Monaco et qu’il devait ronger son frein sur le banc, le bouillonnant Basque ne comprenait pas forcément la situation : “Il nous demandait toujours “Pourquoi pas moi ?” alors que le titulaire, c’était Flavio Roma qui, quelques saisons avant, avait conduit l’AS Monaco en finale de la Ligue des Champions...” , nous a un jour déclaré Jean-Luc Ettori, son entraîneur spécifique à l’ASM. “Ruf” est impatient... Et ce qui peut aussi s’avérer être une qualité est plus souvent décrit comme un vilain défaut. Surtout à un poste aussi diplomatique que n°3 chez les Bleus. Dans ce rôle, on ne lui demandera pas d’être performant le week-end mais de sourire et d’accompagner ses deux rivaux (Lloris-Mandanda). Un registre qui n’est pas vraiment taillé sur mesure pour lui. Le grand malheur de Ruffier, c’est surtout d’être tombé sur une génération exceptionnelle. S’il s’est troué en Biélorussie, Lloris a sauvé tellement de fois les Bleus qu’il en est indiscutable. Quant à Mandanda, il brille chaque week-end à Marseille. S’immiscer dans cette concurrence est très compliqué.

2. Il manque d’expérience internationale

Depuis son arrivée dans le Forez à l’été 2011, le problème est inchangé et Jean-Luc Ettori l’avait parfaitement résumé : “Je pense que c’est par la constance au plus niveau qu’il ouvrira les portes de l’équipe de France. Il est tout près des Lloris ou Mandanda. Il n’a pas grand-chose à leur envier.” Pas grand-chose sauf l’expérience internationale. Ruffier, c’est un match avec l’équipe de France au moment de la suspension des deux autres en août 2010 et seulement quatre de Ligue Europa face à Milsami et Esbjerg. A l’international, le nom du Bayonnais ne pèse pas. A titre comparatif, Hugo Lloris (50 sélections, 47 matches européens), Steve Mandanda (16 sélections, 61 matches européens) et même Mickaël Landreau (11 capes, 79 matches européens) sont très en avance sur lui. A ce poste de dernier rempart, le talent sans l’expérience ne pèse pas bien lourd...3. Le Bayonnais est trop bourru pour redorer l’image des Bleus

Aujourd’hui, quand on pense équipe de France, on pense aussi communication et image. Surtout la Fédération Française qui, suite à “l’affaire Knysna”, a renégocié une prime variable avec ses sponsors en fonction de ce que véhiculaient les Bleus auprès des Français. En clair, les joueurs de Didier Deschamps se doivent d’être bons sur le terrain mais aussi irréprochables en dehors, ouverts et avenants avec les médias. Or, les génuflexions au milieu des journalistes, ce n’est pas franchement la “came” de Stéphane Ruffier. Le Bayonnais est sauvage, un peu rebelle et n’accorde pas sa parole à tout le monde. A Saint-Etienne et malgré les nombreuses sollicitations dont nous lui avons fait part, Ruffier n’a jamais accepté un entretien individuel et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. En même temps, des joueurs comme Franck Ribéry, Samir Nasri, Patrice Evra ou Karim Benzema - dont l’image n’est pas forcément reluisante - sont bel et bien appelés. Ce n’est pas totalement un critère mais ça compte (un peu)...

Alexandre CORBOZ

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Pour résumer

Alors qu'il vient d'être appelé en équipe de France pour pallier l'absence de Mickaël Landreau, Stéphane Ruffier doit-il intégrer les Bleus durablement ?

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Rédacteur
nicolas.breton

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