FC Nantes : Prejuce Nakoulma, l'homme qui tombe à pic

Inconnu en France il y a encore quelques semaines, il pourrait contribuer à propulser le FCN vers l’Europe...

Tout vient à point qui sait attendre. En faisant sienne cette maxime, le FC Nantes peut se féliciter. Deux mois après son arrivée, Prejuce Nakoulma a déjà rapporté directement cinq points dans le nid des Canaris. Comment ? En dynamitant l’attaque des Jaune et Vert avec deux doublés (à Montpellier et contre Angers) complétés d’un cinquième but (à Saint-Etienne). Excusez du peu ! Avec un tel ratio, l’artificier (sous contrat jusqu’en 2019) s’est même incrusté dans le top 10 des meilleurs buteurs de la phase retour en L1 ! Mieux : si l’on tient compte de son temps de jeu, il est même le deuxième élément le plus efficace de l’élite depuis janvier avec 1 but toutes les 90 minutes en moyenne (Mbappe, lui, marque toutes les 53 minutes en 2017), devançant Edilson Cavani (1 but toutes les 92 minutes) et Lacazette (1 but toutes les 96 minutes).

Le FC Nantes a donc eu raison de temporiser là où d’autres auraient sans doute baissé les bras lorsque l’intéressé a tardé à débarquer en France début février après une brillante Coupe d’Afrique des Nations disputée au Gabon avec le Burkina Fasso. Nakoulma ? L’un des meilleurs joueurs de la compétition (demi-finaliste) et le finisseur en titre des Etalons (10 buts en 34 capes). Un attaquant aux mensurations plutôt dans la moyenne (1,78m pour 72 Kg) mais à la puissance d’un déménageur. Un joueur capable d’atterrir sur le tarmac nantais avec une semaine de retard sans même avertir son nouveau club ! "Et alors ?", aurait-il pu rétorquer si on lui avait fait remarquer ce manque de ponctualité. Une réponse à la mode présidentielle… D’ailleurs Président, c’était son surnom en Pologne, où il a joué un septennat (2007-2014) dans cinq clubs différents. Un blaze dû à son vrai patronyme, Prejuce, qui s’orthographie Prezus du côté de Cracovie.

"C'est un peu Draxler dans le profil."

Président, lui, se dit Prezes en polonais, d’où ce rapprochement… Le Polonais, enfin, une langue que manie bien le goleador, ce qui ne gâche rien quand on discute avec le clan Kita… Bref, tout était réuni pour que l’opération aboutisse mais, donc, il a fallut faire preuve de patience. Et ça paie ! En Turquie, où il l’a croisé entre 2014 et 2016, Olivier Veigneau se souvient d’un "profil à la Ntep (qui) provoque beaucoup balle au pied". Dans les colonnes de 20 Minutes, l’ex Nantais n’a pas oublié les causeries d’avant-match : "Quand on jouait contre lui, le coach nous mettait en garde contre ce joueur." Et les éloges pleuvent de partout : "Il sait tout faire, il va vite, saute haut. C’est un peu un Draxler dans le profil, il peut tout exploser en France et partir en Angleterre après", s’extasie de son côté un agent, toujours dans 20 Minutes. L’intéressé, lui, laisse les autres parler, et s’il s’exprime, c’est pour aligner les lieux communs comme après le nul arraché à Saint-Etienne où il aurait pu, du reste, obtenir un penalty en fin de match. "On verra à quelle position nous finirons, mais comme nous a dit le coach, c’est gratuit de rêver !"Avec un joueur de ce calibre, tout est permis. Et dire qu’au départ, c’est son partenaire en sélection, l’ex Rennais Pitroipa, qui était dans le viseur de Conceiçao cet hiver, lequel peut aujourd’hui remercier chaudement son compatriote Paulo Duarte. C’est en effet le sélectionneur du Burkina Fasso qui a fait changer d’avis le nouveau coach des Canaris. Ce qui constitue déjà un bel exploit en soi !

A Nantes, Charles Guyard