ASSE - L'œil de Fousseni Diawara : “Le mercato sera crucial”

But Saint-Etienne : Fousseni, vous attendiez-vous à une première partie de saison aussi difficile ?Fousseni DIAWARA : Non, pas à ce point là. Je savais qu’avec le départ de Christophe Galtier, il y aurait une période d’adaptation du nouveau coach. Mais je pensais que l’ASSE allait ouvrir un nouveau chapitre, sur du long terme, et le départ d’Oscar Garcia a tout chamboulé. Je pense que ça a été l’élément déclencheur du naufrage de ces dernières semaines. Ce départ a tout remis en questions.

Quel regard portez-vous sur cette démission de Garcia ?Il a dit qu’il n’avait pas pu mettre en place ce qu’il voulait, qu’il n’avait pas pu recruter les joueurs qu’il avait demandés. Au départ, j’étais séduit par son projet, par son discours. Le premier match contre Nice avait été prometteur. Il avait eu des résultats en Autriche. J’avais vu le Red Bull jouer. J’avais bien aimé. Il y avait une vraie philosophie de jeu. Je suis convaincu que Garcia est un bon coach. Mais pour tirer le maximum d’un technicien, il faut l’écouter, le suivre dans ses choix, l’accompagner. Il faut qu’il soit en phase avec ses dirigeants, le directeur sportif, la politique du club. Manifestement, à Saint-Etienne, ça n’a pas été le cas pour Garcia. Sinon, il n’aurait pas claqué la porte comme ça, au bout de trois ou quatre mois.

Julien Sablé était-il un bon choix pour le remplacer ?C’est difficile de répondre oui quand on voit les résultats qu’il y a eu. Mais le club a dû agir dans l’urgence et le départ de Garcia a précipité l’arrivée de Julien chez les pros. Julien, je le connais bien. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. C’est un soldat du club. Il a le sang vert. Il serait prêt à se battre jusqu’à la dernière cartouche pour ce maillot. On lui a demandé d’aller au feu et il y est allé. Mais c’était très compliqué. Le groupe ne lui a pas rendu service. En plus, il y avait des joueurs importants qui étaient blessés : Loïc Perrin, Romain Hamouma, Rémy Cabella. C’est un groupe qui manque de talent et d’expérience, dans toutes les lignes.

Fallait-il s’attendre à ce que Jean-Louis Gasset prenne la relève ?On pouvait s’y attendre à son arrivée, bien sûr. Julien n’a fait qu’un intérim mais si un jour il est appelé à redevenir n°1, il reviendra plus fort. Il a beaucoup appris et il va continuer d’apprendre aux côtés de Gasset et Printant, deux techniciens expérimentés.

Vous avez confiance en eux ?Oui. Ils connaissent la L1 et ils ont prouvé leurs compétences dans les clubs où ils sont passés. Mais sanbs renforts, que ce soit Sablé, Gasset, Garcia, Laurent Blanc ou José Mourinho sur le banc, ça ne changera pas grand-chose. Le Mercato sera crucial.

Qu’en attendez-vous ?Du renfort ! Il faut qu’on amène plus de talent, et des joueurs prêts à aller au combat. Il faut du sang frais. Le groupe en a besoin. Il faut vite se remettre à gagner. Il faut se remettre la tête à l’endroit. D’autres équipes ont été dans le trou et se sont relevées. Je pense à Nice. Nous, ça nous est arrivé en novembre et en décembre. C’est mieux que si c’était arrivé en mars ou en avril. Ça nous laisse un peu de temps pour se relever. Mais il ne faudra pas trop tarder.

Les arrivées de Ntep et Sané sont évoquées…Ce sont deux joueurs qui connaissent bien le championnat. Ils ont la qualité pour jouer à l’ASSE. Sané a été champion de France avec Bordeaux. Il est international. Et Ntep, on connait sa vitesse, sa percussion. Il sait marquer des buts. Il prend ses responsabilités.

Ben Arfa, vous y croyez ?Pourquoi pas ? Il est bien allé à Nice.

Et qu’en pensez-vous ?Ce serait bien. C’est un joueur de talent. Il peut faire la différence et tirer ses partenaires vers le haut. Il donne le tempo. Il accélère.

Sablé a lancé le jeune Vagner. Qu’avez-vous pensé de ses débuts ?Je l’ai trouvé intéressant. Il a amené son insouciance, son envie. Mais je suis resté sur ma faim. J’espère le revoir. Il a des qualités.

Y a-t-il d’autres jeunes que vous aimeriez voir ?Oui. Les deux autres Capverdiens. Et le n°10 des U17 aussi, Benkhedim. Je l’avais trouvé très fort dans le derby contre Lyon. Il avait marqué le but de la victoire. C’est un très bon joueur.

La direction a été très critiquée sur cette fin d’année. Tenez-vous les présidents pour principaux responsables de cette crise que traverse le club ?Non. Ils sont responsables mais tout le monde l’est : la cellule de recrutement, les joueurs. Il ne faut pas oublier d’où on vient et ce que les présidents ont fait depuis dix ou douze ans qu’ils sont là. Ils ont pris le club en L2 et ils l’ont ramené en Europe. Maintenant, on stagne, on régresse. C’est normal de leur demander des comptes. On s’inquiète. On voit bien que pour aller plus haut, il va falloir plus de moyens. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Je comprends la colère des supporters mais on a payé cher certains débordements. On a joué plusieurs matches à huis clos. C’était triste de voir les tribunes vides. Ça a pénalisé l’équipe.

Propos recueillis par Laurent Hess, correspondant à Saint-Etienne