ASSE – OPINION Titulaire discutable

Ex-rédacteur en chef de “L’Equipe Magazine”, maintenant rédacteur en chef de “Grand Public”, sur France 2. L’un des 37.737 spectateurs de Saint-Etienne-Dynamo Kiev.

Dans toutes les équipes, il y a un joueur non pas nul, mais un peu moins fort que les autres, un titulaire très discutable que l’entraîneur s’obstine pourtant à aligner par manque de solutions alternatives, charité chrétienne ou incompétence, parfois les trois à la fois. C’est souvent un milieu “polyvalent” (comprenez excellent nulle part, médiocre partout) ou un arrière latéral de devoir, à la “mentalité irréprochable” mais aux statistiques plus contestables.

Un bon mec que ses coéquipiers adorent et que les supporters redoutent. Même nos mythiques Verts de 76 comptaient dans leurs glorieux rangs un maillon faiblard dont les “exploits” irritaient le Chaudron. Sur les genoux de mon père, en tribune Henri-Point, presque chaque ballon touché par Pierre Repellini déclenchait une vague d’injonctions urgentes à descendre au puits couriot.

Lors d’un match où notre coin de tribune se montrait particulièrement dur envers Repellini, une dame d’un certain âge s’était levée, au bord de la crise de nerfs, et nous avait vertement engueulé : “Mais enfin, vous allez arrêter de le siffler! Y fait son maximum quand même!”. C’était sûrement la mère du joueur, avaient ricané les galapiats qui, après une période de décence d’à peu près une minute trente, avaient repris leurs moqueries.

“Je m’identifie bizarrement plus facilement à Brison qu’à Brandao ou Lionel Messi. ”

Le Repellini des nouveaux Verts, vainqueurs de la Coupe de la Ligue, s’appelle Jonathan Brison. Dans le rôle du souffre-douleur, il s’inscrit dans une glorieuse lignée en succédant notamment à Allan Olesen, Philippe Cuervo, Stéphane Hernandez, Cédric Varrault ou Fousseni Diawara (liste à compléter vous-même).

Depuis son arrivée à “Sainté”, Brison a disputé 36 matches, joué 2.853 minutes pour zéro but et seulement trois passes décisives. Depuis le début de la saison, en L1, il a gagné 34 ballons et en perdu 38, soit un talent assez remarquable pour ne pas trop se faire remarquer. Pour le match d’ouverture de la L1 à Geoffroy-Guichard, contre Guingamp, même ses coéquipiers semblaient parfois irrités par ses choix. Pourtant, j’aime bien Brison.

Etant moi-même un ex-arrière latéral de devoir polyvalent de l’A.S.Saint-Genest-Malifaux (catégorie pupilles) adoré de mes coéquipiers et encore plus de mes adversaires, je m’identifie bizarrement plus facilement à lui qu’à Brandao ou Lionel Messi.

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