ASSE : pourquoi la Ligue 1 boude Stéphane Ruffier

Nominé pour le titre de meilleur gardien de Ligue 1 à quatre reprises aux trophées UNFP, le portier de l'ASSE Stéphane Ruffier est absent de la liste cette saison. Une profonde injustice.

Sorti du microcosme stéphanois, Stéphane Ruffier ne jouit pas d’une énorme cote de popularité. On le savait. On en avait déjà eu plusieurs fois la preuve quand les joueurs de Ligue 1 préféraient voter pour Steve Mandanda, même quand le Marseillais réalisait une saison moyenne, plutôt que pour le Bayonnais, qui réalisait (déjà) des miracles pour les Verts. Christophe Galtier considère son dernier rempart comme “le meilleur” du championnat et, si l’on se fie aux notes de la presse spécialisée, il n’est pas le seul à le penser. Meilleur gardien de L1 pour “L’Equipe” avec une note moyenne de 6,12/10, l’ancien Monégasque n’est peut-être que 5e du classement de “France Football” (5,77/10) mais il truste le haut du pavé aux lauriers de “But! Saint-Etienne” derrière son acolyte Loïc Perrin (2e avec 5,78). Même Pierre Ménès, d’ordinaire si prompt à fracasser les Verts, estime que son absence de la liste des quatre portiers retenus pour les Trophées UNFP est “une blague”. Pourtant, les joueurs ont voté… et “la Ruf’” a été oubliée. Ou boycottée (selon les interprétations). Lui ont été préférés Danijel Subasic (AS Monaco), Kevin Trapp (Paris Saint-Germain), Anthony Lopes (Olympique Lyonnais) et Baptiste Reynet (Dijon FCO). Un choix difficile à comprendre même si, et c’est bien connu, les footballeurs ne lisent pas la presse. Visiblement, ils ne regardent pas non plus Saint-Etienne jouer…

Un gros déficit d’image sur ses concurrents

Dans un milieu où il est important d’être dans le paraître, Stéphane Ruffier est sans doute victime de la mémoire immédiate du football qui fait qu’il vaut mieux avoir été brillant sur les cinq derniers matches que régulier au plus haut niveau six mois durant. Car, jusqu’à sa blessure à la fin du mois de décembre, Stéphane Ruffier réalisait sa meilleure saison en vert. Un début d’exercice unanimement considéré comme réussi et récompensé par une prolongation de contrat en novembre 2016. Sauf que, pour une fois, “Robocop” a dû mettre le genou à terre pour se soigner. D’extraordinaires (90% de frappes cadrées repoussées fin 2016, soit 74 sur 82), ses statistiques sont devenues plus ordinaires (50% d’arrêts en 2017) à son retour à la compétition. Quand son équipe subissait moins de tirs (3,25 par match contre 4,9 en début de saison), il encaissait aussi plus de buts (1,22 contre 0,82 avant Guingamp ) mais ces chiffres en deçà sont également à mettre en perspective avec les difficultés collectives ligériennes à se relever de l’élimination face à Manchester United.

Pour tenter d’expliquer l’inexplicable, ses détracteurs peuvent mettre en exergue cette “irrégularité” entre les deux parties de saison. A ceux-là, on répondra qu’Anthony Lopes, au cœur de nombreuses polémiques (Metz, derby, Bastia), se relève tout juste d’un début de saison très poussif avec l’OL, que s’il a fait quelques grands matches avec Monaco, Danijel Subasic a aussi été l’auteur de boulettes grossières ou qu’avant de retrouver sa place de numéro 1 au PSG, Kevin Trapp avait rétrogradé d’un rang, victime de ses performances et de la concurrence d’Alphonse Aréola. Non, Stéphane Ruffier n’était pas moins régulier que ces trois-là. Comme il n’a pas grand-chose à envier au quatrième larron de la liste, Baptiste Reynet, pilonné à chaque journée de Ligue 1 et qui ne sait quasiment pas ce qu’est un clean-sheet. Dans cette élection, le fond n’avait pas sa place. Il restait la mise en forme, l’image… Celle de Stéphane Ruffier n’est ni policée, ni politique mais basée uniquement par ce qu’il veut montrer sur le terrain. Quand on ne charme pas ses électeurs, ceux-ci vous fuient. C’est aussi simple que ça…

Alexandre Corboz

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