par La rédaction

Spécial derby / OPINION ASSE Pulsions

Par Jean-Philippe Leclaire.

Ex-rédacteur en chef de “L’Equipe Magazine”, maintenant rédacteur en chef de “Grand Public”, sur France 2. L’un des 37.737 spectateurs de Saint-Etienne-Dynamo Kiev.

Qu’est-ce qui fait que depuis quelques jours, ma femme et mes enfants me dévisagent avec appréhension, inquiets à l’idée de voir apparaître les premiers symptômes de la transformation ? Comment un cinquantenaire moins des poussières - c’est-à-dire moi – parfaitement inséré socialement, avec un casier judiciaire vierge et des pulsions d’habitude relativement bien maîtrisées, peut à ce point perdre le contrôle de lui-même, deux fois par an, au fur et à mesure qu’approche un évènement portant un nom british pourtant si suranné et élégant : le derby ?

Dimanche, à partir de 21 heures, je serai aussi vert que Hulk, mais en beaucoup plus inquiétant, avec comme victimes collatérales potentielles immédiates mes lunettes et mon téléphone portable déjà tristement explosés un soir maudit (parmi tant d’autres) de 1-1 à Geoffroy, égalisation de Benzema sur coup-franc à la 92e. L’an dernier après le 0-1 (encore un coup franc, mais de Bastos à la 65e), j’ai dû présenter solennellement mes excuses à mon fils de douze ans pour mon comportement inconvenant. Alors, oui, pourquoi tant de haine ? Je n’ai même pas l’excuse de l’enfance traumatisée car quand j’avais l’âge de mon fiston, les Lyonnais n’existaient footballistiquement pas, ou si peu. En ces temps de glorieuses épopées vertes des années 70 et 80, la réception de l’OL était à peine plus anxiogène que celle de Troyes ou Avignon. Elle tournait même parfois à la démonstration (ah, le 3-0 de 1978 avec ouverture du score par Bernard Lacombe contre ses coéquipiers fraîchement trahis !)…

Non, ce n’est pas un psychologue, même pas un psychiatre, mais bien plutôt un vétérinaire ou un paléontologue qu’il faudrait convoquer, tant ces pulsions provoquées par le derby nous renvoient à notre plus primaire animalité. Défendre son territoire contre le prédateur le plus redoutable car le plus familier. S’affirmer comme le chef du troupeau. Manger ou être mangé. Deux fois par an, le vernis de la civilisation se met dangereusement à craqueler. Il n’y a vraiment pas de quoi crâner. Vivement lundi que le Cro-Magnon en nous se calme jusqu’au 29 mars prochain.

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Par Jean-Philippe Leclaire. Ex-rédacteur en chef de “L’Equipe Magazine”, maintenant rédacteur en chef de “Grand Public”, sur France 2.

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